Projet de reprise contesté de Microsoft sur Activision Blizzard

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Le projet a beau être controversé, rien ne pourra, objectivement, le faire capoter, si Microsoft peut garantir des conditions de concurrence équitables dans le secteur des jeux. Un aval des autorités de la concurrence ferait bondir le cours d’Activision de plus de 30%.

Microsoft a offert en janvier 68,7 milliards de dollars (95 dollars par action) pour acquérir le développeur de jeux Activision Blizzard. Prévoyant, il avait fixé la date de la transaction à juin 2023 – les autorités ont en effet besoin d’énormément de temps pour se prononcer; elles doivent s’assurer que Microsoft n’acquerra pas, dans le segment, une position excessivement dominante, dont il pourrait éventuellement abuser.

Convaincue du contraire, la Federal Trade Commission (FTC), le régulateur américain, a décidé de saisir la justice. La démarche n’est guère surprenante; mais si la FTC est effectivement chargée d’examiner les projets d’un oeil critique, la décision finale n’est pas de son ressort. Des enquêtes sont en cours dans l’Union européenne et au Royaume-Uni également, mais on ignore si les tribunaux de ces pays seront saisis eux aussi.

Microsoft s’estime en mesure de garantir des conditions de concurrence équitables dans le secteur des jeux. Ses concurrents, eux, craignent qu’il ne cesse de proposer les jeux, existants et nouveaux, de l’offre Activision sur leurs plateformes, pour les réserver à la Xbox. Sony (PlayStation) et Nintendo (Switch) sont les opposants les plus virulents au projet. Mais si Microsoft peut garantir que tous les titres resteront disponibles, rien ne pourra, objectivement, lui mettre des bâtons dans les roues. L’entreprise fondée par Bill Gates a du reste tout intérêt à ne rien changer, car seule une part minime de ses revenus du gaming provient des consoles (matériel) et les ventes ponctuelles de logiciels ne pèsent pas très lourd non plus. Le groupe, qui a lancé son propre service de jeux dans le cloud, dispose d’un système d’abonnement, appelé Game Pass. L’offre de fonctionnalités supplémentaires, qui permet de ne pas limiter les recettes à la vente du logiciel même, s’étoffe par ailleurs.

Activision a dû retarder le lancement d’un certain nombre de jeux au premier semestre. La suite du blockbuster L’Appel du devoir, sortie le 28 octobre, a permis de rattraper une grande partie de ce retard. Elle a été très bien accueillie, y compris par la sphère des gamers. Les premiers chiffres de vente sont très encourageants, et de nouveaux lancements sont prévus pour les semaines et les mois qui viennent. La division King, spécialisée dans les jeux pour plateformes mobiles, représente désormais 40% du chiffre d’affaires du groupe. C’est à Candy Crush, le jeu mobile qui, depuis des années, génère le plus de chiffre d’affaires dans les AppStores aux Etats-Unis, que ce pôle doit l’essentiel de son succès. En raison de la procédure en cours, Activision n’est pas autorisée à émettre des prévisions financières. Sa trésorerie nette atteignait à la fin du troisième trimestre 7,3 milliards de dollars.

Conclusion

La forte décote d’Activision par rapport au montant offert par Microsoft s’explique par la longueur de la procédure et par les incertitudes qui entourent son issue. Un aval ferait bondir le cours de plus de 30%. Dans le pire des cas, les investisseurs auraient des titres Activision en portefeuille; ce qui n’aurait rien d’une sanction puisque, sur le plan opérationnel, la situation s’améliore, à présent que les retards accusés par les lancements et les pénuries de puces sont dans une large mesure comblés. Activision a pour le moment tout de l’investissement spéculatif; l’acquéreur serait toutefois en bonne compagnie, puisque Warren Buffett détient, par le biais de son véhicule Berkshire Hathaway, une position importante dans cette entreprise.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 75,07 dollars

Ticker: ATVI US

Code ISIN: US00507V1098

Marché: Nasdaq

Capit. boursière: 58,5 milliards USD

C/B 2021: 20

C/B attendu 2022: 25

Perf. cours sur 12 mois: +27%

Perf. cours depuis le 01/01: +11%

Rendement du dividende: 0,6%

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