Netflix redevenue onéreuse

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L’action se négocie à plus de 32 fois le bénéfice et à plus de 5 fois le chiffre d’affaires attendus.

L’été dernier, en raison de la concurrence accrue, de l’évolution décevante du nombre d’abonnés à la plateforme et, surtout, de la hausse des taux d’intérêt, l’action Netflix avait atteint un plancher (-75% par rapport à son plus haut). Depuis, son cours a plus que doublé. Le sentiment s’est en effet inversé au cours du second semestre, après que la direction a annoncé qu’elle allait encadrer la fonctionnalité de partage de compte, et après que les taux d’intérêt à long terme ont fortement baissé – la valeur des flux de trésorerie futurs a de nouveau augmenté et les charges d’intérêts ont diminué.

Les adeptes du partage de compte étant très nombreux, le manque à gagner pour Netflix est considérable. C’est pourquoi le groupe règle ce problème cette année, en facturant bientôt des frais supplémentaires à qui autorise des membres externes au foyer à se connecter à son compte. La nouveauté qui frappe cependant le plus est l’abonnement avec publicités. Jusqu’à l’année dernière, le géant du streaming n’avait jamais envisagé une telle offre. Sans pub, les prix de ses abonnements, plus élevés que ceux de la concurrence, se justifiaient. Mais le recul du nombre d’abonnés a fait revenir le groupe sur son grand principe. En novembre, il a lancé aux Etats-Unis la nouvelle formule, qui impose 4-5 minutes de pub par heure, à 6,99 dollars par mois (prix de l’abonnement standard sans pub: 9,99 dollars). Netflix s’attend à recenser 40 millions d’abonnés à cette offre au terme du premier semestre de 2023; il y aura naturellement aussi des utilisateurs existants qui préféreront y souscrire pour réduire leur facture. La formule est désormais disponible dans 12 pays et le sera à terme dans le monde entier – presque tous les concurrents de Netflix proposaient déjà une formule comparable, et moins chère que la sienne. Le groupe estime que la publicité lui apportera un surcroît de chiffre d’affaires (CA) de 300 millions de dollars cette année, de 1,6 milliard de dollars en 2024 et de 3,4 milliards de dollars en 2025.

Fin 2021, Netflix a lancé son service de jeux vidéo, dont il a encore élargi l’offre en acquérant en 2022 Boss Fight Entertainment. Le groupe a par ailleurs étoffé son catalogue au quatrième trimestre, avec 154 nouveaux films et séries. Et il a bien fait, puisqu’il a compté 7,66 millions de nouveaux abonnés, bien plus que les 4,57 millions attendus. Si le CA (7,85 milliards de dollars, ou +1,9%) s’est révélé conforme aux attentes, le bénéfice par action (0,12 dollar) a, lui, déçu (0,45 dollar escompté), au dernier trimestre de 2022; en raison de la baisse du dollar, l’encours de la dette libellée en euros a fortement augmenté. Netflix vise pour le premier trimestre en cours une croissance de 3,9% du CA (3,7% attendus). Le groupe n’émettra désormais plus de prévisions relatives au nombre de nouveaux abonnés. Son cofondateur Reed Hastings a quitté son poste de co-PDG mais présidera le conseil d’administration de Netflix. En 2022, le cash-flow d’exploitation a atteint 1,6 milliard de dollars. La dette à long terme s’élève à de près de 14 milliards de dollars.

Conclusion

Netflix se négocie à plus de 32 fois le bénéfice et à plus de 5 fois le CA attendus, ce qui est beaucoup plus cher que Disney, par exemple. La taille et le potentiel de croissance du groupe, depuis qu’il s’est ouvert à la publicité, ne nous semblent pas pouvoir justifier à elles seules cette différence de prix. Par ailleurs, au vu de sa valorisation actuelle, l’action ne peut plus s’apprécier énormément. Nous attendrions.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 337,57 dollars

Ticker: NFLX US

Code ISIN: US64110L1061

Marché: Nasdaq

Capit. boursière: 151 milliards USD

C/B 2022: 32,5

C/B attendu 2023: 32

Perf. cours sur 12 mois: -36%

Perf. cours depuis le 01/01: +11%

Rendement du dividende: –

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