Meta Platforms: les très coûteuses ambitions de Mark Zuckerberg

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Projet aux résultats très incertains, surtout à brève échéance, Meta Platforms exige des investissements hallucinants. Le pari est d’autant plus osé que tous les chiffres affichent un net recul. Mais compte tenu de la structure de l’actionnariat, il est difficile d’influencer les décisions de Mark Zuckerberg.

Au début de cette année, la capitalisation boursière de Meta Platforms (Meta), la société mère de Facebook, flirtait encore avec les 1.000 milliards de dollars… dont ne subsiste, neuf mois plus tard, que 25%. Les activités traditionnelles sont sous pression et le (futur) métavers exige énormément d’investissements, au résultat très incertain.

Meta vit des revenus publicitaires de ses plateformes (Instagram, Messenger, WhatsApp, Facebook, la “famille d’applications”). Reality Labs (RL) produit le matériel, les logiciels et le contenu liés à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, qui constitueront le métavers. La famille d’applications a été activement utilisée par 3,71 milliards d’internautes par mois au 3e trimestre, contre 3,65 milliards au 2e et 3,58 milliards un an plus tôt. Le chiffre d’affaires (CA) n’en a pas augmenté pour autant: alors que près de 99% des revenus proviennent de la publicité, ces recettes ont reculé de 4,7% en un an, à 27,2 milliards. C’est la deuxième baisse de revenus consécutive pour Meta. Echaudées par le ralentissement de la croissance économique et par la concurrence de TikTok, les PME annonceuses surveillent davantage leurs dépenses; le resserrement des règles relatives à la protection de la vie privée rendant de plus en plus difficile l’offre de publicités personnalisées, les tarifs diminuent eux aussi.

Le bénéfice opérationnel s’est établi à 5,7 milliards de dollars, contre 8,4 milliards au 2e trimestre et 10,4 milliards 12 mois auparavant. La marge opérationnelle a dès lors chuté à 20% (36% un an plus tôt). Le tassement du bénéfice opérationnel est entièrement imputable à RL, dont la perte opérationnelle a atteint 3,67 milliards, pour 285 millions de CA à peine (perte de 9,5 milliards entre janvier et septembre). Mark Zuckerberg ne cache pas que ce chiffre sera bien plus élevé en 2023, un problème plus grave encore que celui posé par les recettes publicitaires. Les investissements totaux, estimés à 32-33 milliards cette année, passeront à 34-39 milliards en 2023, cependant que les dépenses atteindront 96-101 milliards (+15%). Tout juste positif au 3e trimestre, le cash-flow disponible sera nettement plus faible encore en 2023. Avec un bénéfice opérationnel de 22,5 milliards en neuf mois, Meta reste néanmoins une machine à cash.

L’entreprise a émis ses toutes premières obligations (pour 10 milliards de dollars). A la fin du 3e trimestre, sa trésorerie s’élevait à 41,8 milliards. En plus d’avoir fait fuir les investisseurs, la personnalité de Mark Zuckerberg a attiré plusieurs activistes ces derniers mois. Le plus exigeant est Brad Gerstner, qui veut réduire les dépenses de personnel de 20% au moins et limiter les investissements annuels à 25 milliards de dollars et ceux dans RL, à 5 milliards. Reste que compte tenu de la structure de l’actionnariat, il est difficile d’ordonner quoi que ce soit au jeune CEO: il détient 10% des actions mais comme la plupart sont assorties de 10 droits de vote, il contrôle 58% des voix.

Conclusion

Mark Zuckerberg pariant pleinement sur le métavers, il ne reste plus aux investisseurs qu’à croiser les doigts. On parle d’investissements hallucinants, dans un projet aux résultats très incertains, surtout dans l’immédiat. Mais si succès commercial il doit y avoir, l’entreprise, à 2 fois le CA et moins de 10 fois les bénéfices escomptés, est actuellement très bon marché. A voir. Les ventes massives nous semblent en tout cas excessives. A 90 dollars, l’action intéressera l’investisseur conscient des risques.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 90,54 dollars

Ticker: FB US

Code ISIN: US30303M1027

Marché: Nasdaq

Capit. boursière: 240 milliards USD

C/B 2021: 6,5

C/B attendu 2022: 10

Perf. cours sur 12 mois: -72%

Perf. cours depuis le 01/01: -73%

Rendement du dividende: –

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