Le tuyau de la semaine: Volkswagen, bien trop faiblement valorisé

Financièrement sain et doté d’un solide portefeuille de marques, le groupe automobile allemand affiche de belles ambitions dans le segment des véhicules électriques. Pourtant, sa valorisation ne semble refléter que ses problèmes temporaires. La cotation de la filiale Porsche devrait doper le cours.

Premier constructeur automobile européen, le groupe allemand Volkswagen propose l’une des plus vastes gammes (300 modèles) de véhicules au monde, avec des marques pour tous les budgets, tant sur le segment des voitures (Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, Porsche, Bentley) que des camions (Scania, MAN et Navistar). En termes de rentabilité toutefois, toutes les marques ne sont pas égales. Sa filiale Porsche, l’un des piliers de la rentabilité du groupe, fait couler beaucoup d’encre depuis quelques mois. En dépit des turbulences boursières et économiques, la direction a une nouvelle fois confirmé sa volonté de procéder à son introduction en Bourse. Le timing semble opportun: après tout, les marques de luxe sont bien moins affectées par une récession que les modèles les moins onéreux.

Le groupe basé à Wolfsburg entend devenir le premier constructeur et vendeur de véhicules électriques, et ainsi détrôner Tesla Motors; son pari devrait être gagné d’ici 2025. Si la part de l’électrique dans le total des voitures vendues (en hausse de 27% sur un an) n’était encore que de 5,6% au deuxième trimestre de 2022 (fourchette attendue: 5 à 6%), c’est déjà deux tiers de plus qu’un an auparavant (3,4%). Mais pour concurrencer la firme d’Elon Musk, ce pourcentage doit encore doubler plusieurs fois ces prochaines années, afin d’atteindre 20% en 2025, 25% en 2026 et 50% en 2030. Le programme d’investissement 2022-2026, annoncé fin 2021, prévoit 159 milliards d’euros à cette fin; et c’est là qu’entre en jeu la cotation de Porsche. La marque de luxe ne représentait qu’un peu plus de 7% du nombre de véhicules vendus au 2e trimestre (149.000 unités), mais 25% du bénéfice d’exploitation (Ebit). Volkswagen se prend à rêver devant les valorisations élevées de Ferrari et, bien sûr, de Tesla Motors; les analystes estiment la valeur de Porsche à 60-80 milliards d’euros, soit, dans le haut de la fourchette, à peu près la valeur boursière actuelle du groupe Volkswagen. On attend maintenant les détails de cette introduction en Bourse.

Le groupe Volkswagen a toutefois signé un deuxième trimestre mitigé. Avec les problèmes d’approvisionnement persistants (pénurie de composants, de puces, etc.) et la guerre en Ukraine, le nombre de véhicules vendus a diminué de 22,4%, passant de 2,55 à 1,98 million d’unités. Le chiffre d’affaires a tout de même progressé de 3,3%, à 69,54 milliards grâce aux 2 milliards d’euros de ventes réalisées par Navistar, fabricant américain de camions racheté et consolidé depuis juillet 2021. L’Ebit s’est toutefois contracté de 31%, de 6,546 à 4,505 milliards d’euros, mais dépasse largement le consensus (4,1 milliards d’euros). En revanche, la marge d’Ebit plonge , de 9,7 à 6,5%. Le bénéfice net a diminué de plus de 22% (de 5,04 à 3,914 milliards d’euros). Fin juin, la trésorerie nette s’élevait à 28,21 milliards d’euros.

Conclusion

Nous avons choisi Volkswagen comme “tuyau de la semaine” car il s’agit d’un groupe équilibré, financièrement sain et doté d’un solide portefeuille de marques – en premier lieu, l’emblématique Porsche. Le groupe affiche aussi de belles ambitions dans le segment des véhicules électriques. Pourtant, la valorisation du groupe ne semble refléter que ses problèmes (temporaires). A environ 5 fois les bénéfices attendus pour 2022 et 0,5 fois la valeur comptable, l’action est très (trop) bon marché. L’introduction en Bourse prévue de Porsche devrait certainement donner une impulsion au cours ces prochains mois, dont la hausse serait amplement justifiée.

Conseil: acheter

Risque: faible

Rating: 1A

Cours: 146,98 euros

Ticker: VOW3 GY

Code ISIN: DE0007664039

Marché: Francfort

Capit. boursière: 85,80 milliards EUR

C/B 2021: 4,5

C/B attendu 2022: 5

Perf. cours sur 12 mois: -25%

Perf. cours depuis le 01/01: -19%

Rendement du dividende: 5,3%

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