Le rachat de Westinghouse Electric par Cameco suscite la méfiance

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La récente chute du cours de Cameco offre une nouvelle opportunité d’achat aux investisseurs qui avaient manqué la hausse du printemps. Car une chose est certaine: une intégration verticale ne peut procurer que des avantages à Cameco.

Cameco a généré un bénéfice net ajusté de 10 millions de dollars canadiens (CAD) au troisième trimestre, contre une perte de 54 millions CAD un an plus tôt; le consensus tablait sur un trimestre légèrement déficitaire. A 389 millions CAD (+8%), le chiffre d’affaires (CA) a aussi dépassé les prévisions. La production est restée stable, à 2 millions de livres d’uranium, mais les ventes (5,3 millions de livres) ont diminué de 20%, ce que la hausse de près de 50% des prix de vente a toutefois compensé.

Outre les nouveaux contrats à long terme signés depuis janvier (50 millions de livres), le pipeline compte 27 millions de livres. La mine McArthur River et l’usine de traitement de Key Lake seront remises en service cette année. Cameco prévoit néanmoins de maintenir sa production bien en deçà de sa capacité maximale dans les années à venir, pour ne pas inonder le marché.

Les bons trimestriels de Cameco ont été éclipsés par l’acquisition de Westinghouse Electric, qui construit et entretient des centrales nucléaires et fournit divers services auxiliaires, dont l’approvisionnement en combustible. La situation de Westinghouse s’était dégradée depuis la catastrophe de Fukushima, en 2011. Son propriétaire, Toshiba, avait mis la société en faillite en 2017; ses actifs ont été rachetés par la société de capital-investissement Brookfield Business Partners (BBP) en 2018. BBP les revend désormais à une joint-venture associant Brookfield Renewable Partners (BRP) pour 51% et Cameco pour 49%.

La dette de Westinghouse s’élève encore à 3,4 milliards de dollars, mais elle n’apparaîtra pas dans le bilan de Cameco et la rentabilité retrouvée depuis l’accord avec BBP la fera diminuer. Westinghouse entretient environ 50% des 430 réacteurs nucléaires actuellement en service et 85% de ses ventes sont récurrentes. Son potentiel de croissance est important: 56 réacteurs sont actuellement en construction et la société pourrait rafler une partie du CA de sa rivale russe Rosatom en Europe (Finlande, République tchèque et Slovaquie, surtout) et en Asie.

La participation à la joint-venture coûtera 2,2 milliards de dollars à Cameco et sera financée par deux prêts à terme d’un montant total de 600 millions de dollars, un prêt-relais de 280 millions de dollars et l’émission d’actions à 21,95 dollars l’unité, qui a permis de lever près de 750 millions de dollars. Cameco et BRP espèrent conclure la transaction au second semestre de 2023.

Au terme du troisième trimestre, Cameco disposait de 1,34 milliard CAD de liquidités pour une dette à long terme de 997 millions CAD. Une ligne de crédit non utilisée de 1 milliard CAD a été prolongée d’un an. La nouvelle dette contractée et l’émission d’actions ne sont pas encore incluses dans les chiffres du troisième trimestre. En outre, Cameco attend toujours le remboursement de 778 millions CAD des autorités fiscales canadiennes. Ses réserves sont valorisées à 470 millions CAD. Le dividende, de 0,12 dollar par action, sera versé le mois prochain.

Conclusion

Ce n’est pas tant pour l’accord sur Westinghouse que Cameco a été sanctionnée, mais surtout pour le faible prix d’émission des nouvelles actions et son endettement élevé. A long terme, une intégration verticale ne peut apporter que des avantages, dans le secteur de l’uranium. La stratégie de Cameco, qui repose sur une offre suffisante et des contrats à long terme, inspire, elle, toujours confiance. La récente chute du cours offre une nouvelle opportunité d’achat aux investisseurs qui avaient manqué la hausse du printemps.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 23,63 dollars

Ticker: CCJ US

Code ISIN: CA13321L1085

Marché: New York Stock Exchange

Capit. boursière: 10,3 milliards USD

C/B 2021: –

C/B attendu 2022: 97

Perf. cours sur 12 mois: -6%

Perf. cours depuis le 01/01: +5%

Rendement du dividende: 0,5%

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