Départ du CEO d’Adidas courant 2023

© DPA/AFP via Getty Images

Voilà une nouvelle qui augmente encore l’incertitude pour les actionnaires du géant allemand, que la guerre en Ukraine et les confinements répétitifs en Chine, surtout, affectent fort. Heureusement, Adidas peut compter sur l’Amérique du Nord, qui, contrairement à il y a quelques années, porte ses ventes.

Pour les actionnaires de l’équipementier sportif allemand, 2022 n’est décidément pas une année facile. D’ordinaire, les ventes sont très bonnes en Europe centrale et orientale, y compris en Russie. Mais il n’y a pas que la crise en Ukraine qui affecte les activités d’Adidas. Le ralentissement, depuis l’année dernière déjà, des ventes en Chine, où il est très exposé, est plus inquiétant encore. A l’instar de son grand rival Nike, le groupe avait refusé, début 2021, de s’approvisionner en coton issu du travail forcé de la minorité ouïgoure, installée dans la province chinoise du Xinjiang. Beijing n’avait pas tardé à réagir: elle a appelé à son boycott sur les réseaux sociaux, ce qui a conduit au recul des chiffres de vente du groupe dans l’empire du Milieu. Où il y a eu cette année une nouvelle hausse des cas de Covid et partant, des confinements successifs, qui retardent la reprise escomptée. Début 2022, le CEO s’attendait pour l’exercice à une hausse du CA chinois de 5% par rapport à 2021; aujourd’hui, c’est un recul significatif qui est anticipé. Pour couronner le tout, la quête d’un successeur à Kasper Rorsted (voir photo) accroît encore l’incertitude. Son départ de l’entreprise courant 2023 a en effet été annoncé il y a quelques jours. Le marché avait accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’annonce que ce Danois qui a fait ses preuves chez Henkel rejoignait en 2016 la direction de la marque aux trois bandes. On retiendra que le CEO a réussi à réduire l’écart de performance entre Adidas et Nike – même en Amérique du Nord -, qu’il a vendu la filiale Reebok, laquelle n’avait jamais répondu aux attentes, mais aussi, qu’il a émis un avertissement sur les ventes et bénéfices fin juillet 2022. Les ventes s’étant joliment redressées sur les marchés occidentaux mais pas en Chine, il a revu à la baisse la croissance prévisionnelle du chiffre d’affaires (CA) pour l’exercice, de 11-13% à 5-9% à cours de change constants, ce qui a coûté à l’action 4% de sa valeur. Environ une semaine plus tard (début août), son cours a bien réagi aux résultats du deuxième trimestre, meilleurs qu’attendu mais évidemment très loin d’exceller, puisque les ventes en Chine accusaient un recul de 28%. Si le CA global a grimpé de 10,2% par rapport à la même période un an plus tôt (5,08 milliards), pour s’établir, à 5,60 milliards d’euros, légèrement au-delà du consensus (5,58 milliards), c’est dans une petite mesure grâce à l’incidence positive de la hausse du dollar – sans l’effet de change, la croissance se serait établie à 4% – et surtout grâce à l’Amérique du Nord (+37% en un an, à 1,71 milliard d’euros, bien au-dessus du consensus). L’Amérique latine (+48%, à 514 millions d’euros, au-delà du consensus également) s’est bien défendue. L’Europe (EMEA) en revanche, où le CA a crû de 8,8%, à 2,08 milliards d’euros, a déçu les attentes.

Le bénéfice d’exploitation (Ebit) est, à 392 millions d’euros, certes décevant puisqu’il a reculé en un an de 28%, mais il est conforme au consensus. Il en va de même pour la marge d’Ebit, qui a plongé de 10,7% à 7% en un an, au deuxième trimestre. Les perspectives pour l’Amérique du Nord, où Adidas a accru sa part de marché, sont pour l’heure toujours positives. La direction vise désormais pour l’intégralité de l’exercice une marge brute de 49%, une marge d’Ebit comparable à celle du premier semestre (7%) et un bénéfice net récurrent avoisinant 1,3 milliard d’euros.

Conclusion

Les confinements en Chine coûtent cher à Adidas. Heureusement, l’équipementier devrait profiter un certain temps encore de la tendance “athleisure”. Après une forte dépréciation de son action, il est à nouveau valorisé raisonnablement, à par exemple moins de 12 fois et de 10 fois la valeur de l’entreprise (EV) par rapport au flux de trésorerie d’exploitation (Ebitda) attendu pour 2022 et 2023 respectivement (contre 14,5 fois en moyenne sur les cinq dernières années). Le portefeuille modèle ne s’en défait dès lors pas.

Conseil: acheter

Risque: faible

Rating: 1A

Cours: 161,6 euros

Ticker: ADS GY

Code ISIN: DE000A1EWWW0

Marché: Francfort

Capit. boursière: 31,1 milliards EUR

C/B 2021: 25,5

C/B attendu 2022: 23,5

Perf. cours sur 12 mois: -45%

Perf. cours depuis le 01/01: -33%

Rendement du dividende: 2%

Partner Content