Colruyt

Les investisseurs peuvent espérer pour cette année une très légère croissance du chiffre d’affaires et de la rentabilité de Colruyt. Une action défensive à conserver en ces temps de taux faibles et de marchés financiers turbulents.

Un cours/bénéfice de plus de 20 et une valeur d’entreprise (EV) équivalente à plus de 10fois le cash-flow opérationnel (EBITDA), même pour une action comme Colruyt, c’est relativement cher. Ces derniers mois, les investisseurs s’étaient enthousiasmés un peu facilement par rapport à cette action défensive de la Bourse bruxelloise, faisant baisser le rendement de bénéfice à moins de 5% et le rendement de dividende à moins de 2%. La prime de risque s’est aussi réduite, même si le bilan de Colruyt est solide, si l’activité est résistante à la crise et si le groupe enregistre encore une légère croissance de son bénéfice. L’action Colruyt présente certes les caractéristiques d’une obligation, mais elle n’en demeure pas moins une action, et une correction est à ce titre toujours possible lorsque la différence entre la valorisation et la réalité augmente trop largement, comme ce fut le cas après la publication des chiffres annuels (exercice 2015-2016) la semaine dernière. Ces résultats étaient conformes aux prévisions énoncées par l’entreprise, mais les investisseurs avaient espéré davantage, ce qui s’est traduit par un repli de cours de 10%. Après cette correction, la valorisation demeure toujours bien plus élevée que celle de la concurrence, et que ce à quoi nous a habitués Colruyt. Le chiffre d’affaires (CA) s’est accru de 2,9% grâce à la combinaison de volumes plus élevés, d’une augmentation du nombre de magasins et des prix de vente. La part de marché de Colruyt a continué d’augmenter à 31,5%. C’est cependant 10points de base de moins qu’au premier semestre de l’exercice. La croissance du CA se concentre, ces dernières années, sur les magasins de proximité Okay et le supermarché Bio-Planet. En France, le groupe a réalisé une croissance de son CA de plus de 5% sur un marché affecté par la baisse des prix, sans que les activités françaises soient pour autant rentables. La rentabilité n’a pas pu suivre totalement la hausse du CA. L’EBITDA comparable s’est accru également de 2,9%, mais du fait de coûts d’amortissement plus élevés, l’augmentation du bénéfice opérationnel comparable (EBIT) et du bénéfice net ont stagné respectivement à 2,4% et 1%. Au niveau de l’EBIT, la marge a baissé légèrement de 5,6% à 5,5%. Sur la seconde moitié de l’exercice, on note même une marge de 5,37%. Cette pression sur la marge est en partie à l’origine de la correction du titre. La direction promet d’être plus particulièrement attentive aux coûts pour protéger ses marges. Colruyt n’a pas donné de perspectives concrètes pour cet exercice. À Hal, on ne prévoit pas d’amélioration imminente du climat économique et de la confiance des consommateurs en Belgique et en France. Les investisseurs peuvent donc espérer pour cette année une très légère croissance du CA et de la rentabilité. Ce “business as usual” continue en tout cas de générer pas mal de cash-flows libres (262millions EUR à l’exercice dernier), portant les liquidités totales, fin mars, à 432millions EUR _ ce qui accroît la probabilité d’un nouveau rachat d’actions propres et/ou d’une augmentation du dividende.

Conclusion

Les résultats restent à peu près satisfaisants mais du fait de ce business as usual, il est difficile de justifier une valorisation tendue. La correction consécutive à la publication des chiffres annuels ne change pas grand-chose à cette analyse, mais Colruyt demeure, en ces temps de taux faibles et de marchés financiers turbulents, une action défensive à conserver.

Conseil : conserver

Risque : faible

Rating : 2A

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