Y aura-t-il encore une pension légale en 2040 ?

Le régime de la pension légale est actuellement sous pression dans notre pays. Vu l’afflux de la génération du baby-boom et le vieillissement de la population, un nombre croissant de personnes vivent plus longtemps de leur pension. A la demande des autorités fédérales, la Commission d’Etude sur le Vieillissement suit ces évolutions. Nous avons rencontré Jan Verschooten, vice-président de la Commission d’Etude sur le Vieillissement.

La situation est évidente : il est bel et bien question d’une problématique des pensions en Belgique. Entre 2010 et 2015, les coûts des pensions légales ont fortement augmenté. ” C’est une évolution logique “, explique Jan Verschooten de la Commission d’Etude sur le Vieillissement, ” dans la mesure où la génération de l’après-guerre part massivement à la pension. Au niveau de la croissance de la population totale, on constate surtout une hausse dans le groupe des plus de 65 ans. “

” Les coûts du vieillissement augmentent étant donné qu’il y a évidemment beaucoup plus de pensionnés. En même temps, la part des pensions dans les dépenses publiques augmente en raison de la crise économico-financière de même de la période de faible croissance économique que nous avons connue. “

La hausse du coût des pensions devrait augmenter de manière substantielle jusqu’en 2040 encore.

La fin n’est pas encore en vue

Cette tendance se maintiendra durant un certain temps encore. Jan Verschooten : ” La hausse du coût des pensions devrait augmenter de manière substantielle jusqu’en 2040 encore. Entre 2015 et 2040, nous prévoyons un coût supplémentaire de 2 à 2,3 pour cent du produit intérieur brut. Et nous ne parlons ici que des pensions. Car lorsque l’on évoque le vieillissement, il faut également prendre en compte la hausse du coût des soins de santé. “

Jan Verschooten
Jan Verschooten

Pourtant, Verschooten entrevoit aussi des tendances positives. ” Le coût des pensions augmentera moins vite que l’évolution démographique. Ceci s’explique par les mesures prises par les gouvernements fédéraux Di Rupo et Michel pour relever l’âge de la pension et le fait que le nombre de femmes continue encore à augmenter dans la population active. Ces deux éléments ralentiront l’augmentation des coûts des pensions. “

Non pas une, mais plusieurs solutions

La véritable solution pour maintenir les coûts des pensions sous contrôle réside selon le vice-président de la Commission d’Etude dans trois mesures. ” Tout d’abord, nous devons rééquilibrer notre budget public afin de dégager des moyens pour compenser la hausse du coût des pensions. Cela signifie que nous devons réduire notre dette et résoudre rapidement le problème du déficit budgétaire public. Le problème se pose depuis plusieurs années déjà, mais le vieillissement oblige les politiques à trouver rapidement une solution. “

Une deuxième piste consiste à stimuler la croissance économique et l’emploi. ” Plus le nombre de personnes au travail sera élevé, plus les cotisations pour les pensions seront importantes. Cela permettra également de maîtriser l’augmentation du coût de financement des pensions légales “, estime Jan Verschooten. ” Et la troisième solution concerne les mesures pour réformer le système des pensions et pour maintenir les personnes plus longtemps au travail. Dans ce domaine, le gouvernement actuel et les précédents ont pris un certain nombre d’initiatives qui devraient porter leurs fruits. “

Y aura-t-il encore une pension légale en 2040 ?

Une partie de la solution, laquelle est d’ailleurs aussi suggérée par les politiques, consiste à inciter les personnes à investir dans des formules d’épargne et d’investissement pour leur pension. Et à faire en sorte que le secteur financier présente une large gamme de produits susceptibles de donner aux gens, après leur pension, la certitude d’un revenu complémentaire garanti, en supplément de leur pension et ce, pour le reste de leur vie.

Mais ce dont nous avons en fait besoin, c’est d’une vision globale sur l’avenir des pensions.

Nécessité d’un consensus social

” Mais ce dont nous avons en fait besoin, c’est d’une vision globale sur l’avenir des pensions. Notre commission d’experts a suggéré d’engager un débat sociétal afin d’établir un nouveau pacte social. Dans ce cadre, des accords pourraient être pris entre générations, afin de mettre en place une solution définitive “, estime Verschooten.

“Nous devons en effet résoudre le problème qui veut que les jeunes financent aujourd’hui la pension de leurs parents, tout en se demandant si ces jeunes auront encore eux-mêmes une pension. Pour assurer la pérennité du système, il faudra s’accorder sur un large consensus social sur les mesures à prendre “, conclut le vice-président de la Commission d’Etude sur le Vieillissement.

Regardez le reportage de CanalZ:

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