Un docker peut-il emballer des soutiens-gorges ?

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La question peut sembler saugrenue mais dans la bataille qui oppose Fernand Huts, le flamboyant patron de Katoen Natie, aux syndicats du port d’Anvers, tous les arguments sont bons.

Datant de nombreuses années, le conflit vient de connaître une nouvelle éruption avec le dépôt par l’Open-VLD d’une proposition de loi visant à définir plus clairement la notion de travail portuaire. Si ce texte passe,  » je paralyse le port « , a déjà prévenu Marc Loridan, patron de la socialiste Union belge des transports (UBT). En cause : la loi Major en vertu de laquelle, depuis 1972,  » nul ne peut faire effectuer un travail portuaire dans les zones portuaires par des travailleurs autres que les ouvriers portuaires reconnus « . Au fil des ans, diverses activités sans rapport aucun avec le travail classique de docker – charger et décharger des bateaux – sont ainsi devenues  » portuaires « , avec pour résultat de voir des activités comme, par exemple l’individualisation de l’emballage de soutiens-gorges livrés par conteneurs, traitées différemment selon l’endroit où elles sont exercées.

Au terme d’un précédent clash, un accord semblait avoir été trouvé. A côté des dockers reconnus – les seuls susceptibles d’être engagés – sont apparus des  » ouvriers portuaires logisticiens « , dont le salaire oscille entre 66 % et 75 % de celui d’un docker reconnu. Tout aurait dès lors pu rester ainsi si les syndicats n’avaient conservé le pouvoir de décider qui est travailleur logistique et qui ne l’est pas, déplore la N-VA qui soutient la proposition. L’on en arrive ainsi, précise le parti indépendantiste, au paradoxe qu’un investisseur doit investir sans savoir s’il pourra occuper des travailleurs logisticiens ou devra engager de travailleurs portuaires plus coûteux.

Par Guillaume Capron

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