Start-up: que font les pays voisins pour sauver leurs pépites?

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La proposition de mesure de soutien imaginée par l’écosystème des start-up belges du numérique n’a pas plu à tout le monde. Pourtant, leur appel à l’aide s’inscrit dans la lignée de ce que font nos voisins. Tour d’horizon de ce que font les autres pays.

“Lorsqu’une start-up/scale-up parvient à sécuriser 25% de ses besoins financiers, nous demandons au gouvernement de compléter la différence en offrant des garanties de prêts cautionnés par le gouvernement pour les 75% restants”. La demande de l’écosystème start-up lancée au gouvernement en pleine crise Covid19 est gourmande… et fait parfois grincer des dents. “Les entrepreneurs en démarrage et leurs investisseurs en mode “capital-risque” risquent désormais de se faire une réputation d’égoïstes en défendant les vertus du capitalisme quand les temps sont favorables, mais en appelant à des “sauvetages socialistes” quand le vent tourne et que leur chiffre d’affaires prévu est retardé (comme pour la plupart des autres entreprises)” avait directement écrit Toon Vanagt, entrepreneur de start-up chevronné et figure bien connue de l’écosystème belge des start-up.

“On doit sauver l’écosystème”

Mais parmi les instigateurs de l’appel ayant réuni un millier d’entrepreneurs (quasi tous de la tech), on insiste sur la “situation exceptionnelle et la nécessité d’apporter une réponse forte dans un temps super court”. Et de souligner que la France, l’Allemagne et d’autres pays voisins ont pris des mesures lourdes de soutien à leurs écosystèmes tech. “Au niveau international, on risque d’arriver à une distorsion entre une start-up belge non soutenue et des concurrents européens soutenus par leur gouvernement, glisse un entrepreneur qui veut rester anonyme. Et surtout, je pense qu’il faut intervenir pour sauver un écosystème que l’on construit, y compris avec de l’argent public depuis de longues années, plus que des entreprises individuelles. Ce n’est que lorsque les start-up sont devenues des scale-up qu’elles génèrent de la valeur et de l’emploi.”

Mais qu’en est-il dans les autres pays justement ?

France

La start-up nation d’Emmanuel Macron n’y est pas allée de main morte. Elle a même mis en place l’un des programmes de sauvetage des start-up les plus ambitieux. Le secrétaire d’Etat français chargé au Numérique a, en effet, annoncé un plan de 4 milliards d’euros pour “soutenir la trésorerie de nos start-up en cette période de crise” avait-il tweeté le 25 mars. Et d’ajouter que ce soutien ce déclinerait en différentes mesures.

– Bridges entre levées de fonds. D’abord, le financement de “bridges” entre les levées de fonds : une enveloppe de 80 millions d’euros gérée par la BPI (Banque publique d’investissements) sera mise à disposition des jeunes pousses pour tenir entre deux levées de fonds. Ces bridges seront co-financés avec des investisseurs privés, ce qui, d’après le Figaro, devrait permettre de doubler les montants. Les “bridges” pourront être compris entre 200.000 euros et plusieurs millions d’euros.

– Prêts de trésorerie. A côté de cela, l’Etat garantira des prêts de trésorerie pour un montant total de 2 milliards. Pour calculer le montant des prêts pour les start-up, deux critères seront possibles : soit, le prêt pourra grimper à deux fois la masse salariale qu’avait la start-up en 2019 (uniquement les employés français), ou bien il se basera sur le chiffre d’affaires annuel et le prêt monterait à 25% de ce montant s’il est plus élevé que le montant de masse salariale.

– Remboursement des crédits innovation. Autre mesure dans l’Hexagone : les jeunes pousses peuvent demander, plus tôt que prévu, le remboursement du “crédit impôts recherche” pour 2019. Ce qui représenterait, pour l’Etat français, un montant d’environ 1,5 milliard et, pour les start-up, une autre “avance de trésorerie” pour les start-up.

Allemagne

Outre-Rhin, aussi, le gouvernement a mis en place un plan ambitieux de soutien aux “jeunes entreprises innovantes pour qui les instruments de crédit classiques ne sont souvent pas adaptés”, a expliqué le Ministre allemand de l’Economie, Peter Altmaier. Au total, l’Etat allemand pourrait consacrer 2 milliards d’euros pour soutenir son écosystème de start-up tech.

Il le fera en donnant un accès plus facile au financement. Davantage de fonds publics seront octroyés aux investisseurs publics de capital-risque et seront utilisés dans le cadre de co-investissements avec des investisseurs privés durant les levées de fonds. Concrètement, les start-up qui prévoient un tour de financement en cette période de crise pour survivre peuvent espérer une subvention de fonds publics pouvant aller jusqu’à 70% des montants levés.

Pays-Bas

Nos voisins du Nord ont aussi décidé de venir en aide à leur écosystème de jeunes pousses innovantes. Alors qu’ils avaient quelque peu “oublié” les start-up des mesures de soutien économique, un appel à l’aide (similaire à ce qui a été fait en Belgique) a mené à de nouvelles mesures dédiées à l’écosystème de la tech. Le gouvernement néerlandais va allouer un budget de 100 millions d’euros pour soutenir des crédits-ponts. Les start-up “ont généralement un bilan sain, mais aucune relation bancaire, évoquait le Ministre hollandais des affaires économiques, Eric Wiebes. Pour l’instant – en raison de la crise covid19 – il leur est difficile de demander à la banque des prêts relais, car les banques se concentrent désormais sur les clients existants”.

Ces crédits-ponts dont le montant peut aller de 50.000 euros à 2 millions d’euros seront accordés, à des conditions qui n’ont pas encore été totalement dévoilées, par les sociétés de développement régional hollandaises (comme ROM, BOM, NV Oost,…). Le gouvernement hollandais prévient toutefois qu’il compte soutenir “les entreprises fondamentalement saines” et que ces prêts sont temporaires. Les conditions et le “coût” de ces prêts seront connus prochainement.

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