Marc Coucke investit dans les bracelets connectés belges

Marc Coucke © BELGA/Nicolas Maeterlinck

Avec le bracelet-alarme Embracelet, la starter gantoise Uest résoud un problème social: les vieillards qui, après une chute, attendent désespérément que quelqu’un les trouve. Marc Coucke investit 2 millions d’euros dans l’initiative.

La création du wearable Embracelet démarre par une histoire romantique de l’entrepreneuriat flamand. L’inspiration est née en 2013, lors d’une visite d’entrepreneurs flamands à la Silicon Valley et à la Côte Ouest des Etats-Unis. D’après le journal De Tijd, qui avait envoyé un reporter pour accompagner le groupe sous la direction de Peter Hinssen et Steven Van Belleghem, cela s’est passé lors d’un dîner au restaurant, où Christophe Degrez, CEO belge d’Eneco, a défié ses collègues d’investir chacun 2500 euros dans une nouvelle venture encore à définir.

Un capital de départ de 50.000 euros a alors été levé. C’est lors d’un brainstorming que les entrepreneurs ont eu l’idée d’un bracelet-alarme stylé pour séniors. Certains d’entre eux avaient déjà été confrontés aux conséquences de chutes de leurs parents.

Johan De Geyter de chez Across, le bureau conseil de Peter Hinssen notamment, a embarqué ensuite dans le projet, pour diriger l’initiative. De Geyter était directeur Design & Technology du centre de recherches Imec entre 2008 et 2012, où il a été lui-même créateur de technologies en électronique pour le secteur des soins de santé.

2 millions de Marc Coucke

Avec 50.000 euros, vous ne démarrez pas une entreprise de production. En septembre, Uest a haussé son capital à 653.000 euros. Parmi les 17 investisseurs, on trouve Chris Van Doorslaer (Cartamundi), Bart Claes (JCB), Marc Fauconnier (agence de publicité Famous) et, fait remarquable, le président du CD&V Wouter Beke. 39 nouveaux actionnaires viennent encore d’entrer dans le capital, pour un montant supplémentaire de 4,5 millions. Celui qui attire le plus les regards parmi eux, c’est Marc Coucke qui, via son fonds d’investissements Alychlo, prend une participation d’environ 33% pour 2 millions d’euros. Uest publie aussi les noms des investisseurs, une pratique inhabituelle qui peut faire pas mal de buzz.

Imec, via son entreprise de participation Fidimec, est un petit actionnaire qui a aidé dans la conception du projet. “Nous avons une très longue expérience dans le développement de ce type de technologie avancée. Nous sommes également en discussion au sujet de nouvelles fonctionnalités que nous pourrions introduire dans la prochaine génération, notamment une détection précise de chute”, nous dit la porte-parole d’Imec Hanne Degans.

D’un point de vue marketing, le projet est au point. Le nom de “Uest”, la version ouest-flandrienne de ‘hoe is het’ (comment ça va), sonne peut-être un peu très local; mais Embracelet, contraction de embrace (embrasser) et bracelet, est une vraie trouvaille. Le bracelet est une sous-partie d’une offre de service complète qui se compose d’une application pour le faire fonctionner, d’un abonnement gsm pour les connexions et d’un service de réception d’alerte 24/7 en option. L’abonnement fonctionne dans tous les pays d’Europe sans coûts supplémentaires.

Fonctionnalités simples

Des prototypes d’ingénieurie sont actuellement en test auprès de Zorgbedrijf Antwerpen, une filiale indépendante du CPAS d’Anvers qui fournit des soins à domicile aux séniors d’Anvers.

Embracelet rend hommage à la devise de Steve Jobs, comme quoi la simplicité est la sophistication suprême. Toucher l’écran une fois donne l’heure, le toucher deux fois donne le niveau de batterie et d’autres infos sur l’appareil, appuyer pendant 2 secondes déclenche l’alarme. L’alarme continue d’appeler l’un après l’autre les numéros des connexions pré-établies (personnel soignant ou connaissances) jusqu’à ce que quelqu’un décroche et donne alors la position GPS à l’application du smartphone. Embracelet vous permet aussi de parler et d’écouter.

L’électronique interne est simple. Selon Johan De Geyter, il y a un module gps/gsm, un accéléromètre (qui peut détecter une chute), un capteur de lumière et un capteur de température. Ce dernier sert à mesurer la température de l’environnement, pas celle de la personne qui porte le barcelet.

Batterie longue durée

L’Embracelet est étanche. Les accidents surviennent souvent dans les salles de bain et le bracelet n’est alors en principe pas affecté. D’après les entrepreneurs, la batterie a une durée de veille de 14 jours et peut être chargée en une heure à l’aide d’un cable USB standard. Le fait qu’un certain nombre de fonctionnalités ne travaillent que lorsque l’alarme est déclenchée est un des secrets derrière la longue durée de veille de la batterie, confirme De Geyter.

Les prix ne sont pas dissuasifs. Un Embracelet coûte 399 euros, ce qui n’est pas plus cher qu’un bon smartphone. Les frais d’activation s’élèvent à 49 euros, l’abonnement-service (pour entre autres la location de la carte sim machine-to-machine intégrée) est de 9,5 euros par mois et le service de réception d’alerte 24/7 optionnel coûte 12 euros par mois. Une formule de location existe aussi et revient à 29 euros par mois pour l’appareil, avec une garantie de 200 euros (que l’on peut récupérer intégralement en rendant l’appareil), les autres prix restant les mêmes.

Uest ne révèle pas le nom de son fournisseur de service gsm machine-to-machine (M2M), mais nie qu’il s’agit d’Orange. Le M2m est une spécialité de Mobistar.

Production à grande échelle à partir de septembre

Après à peine une semaine, les cent premiers Embracelet étaient réservés. Ces clients recevront les premiers exemplaires en juillet. A partir de septembre, la vente à grande échelle démarre. Selon De Geyter, la production se fait en partie à Taiwan, en partie ‘ailleurs’. “La première version des prototypes de production sera finalisée cette semaine”, dit-il.

La concurrence entre les wearables devient très féroce. La plateforme commerciale AliBaba répertorie 1398 modèles dans cette catégorie pour un prix moyen de 25 dollars. Une instruction de recherche avec ‘smart medical alert device seniors’ sur Google fournit 136.000 hits. Après la Belgique, Uest veut rapidement s’étendre à la Hollande, la France, l’Allemagne et l’Angleterre. “Le reste de l’Europe et les autres continents suivront plus tard”, dit Uest dans une communication.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content