Bill Gates: “L’ère de l’IA a commencé”

Bill Gates © Getty

Comme le téléphone portable et l’internet, l’intelligence artificielle va révolutionner le monde, estime Bill Gates. Dans un long texte, il explique sa vision. Résumé en 5 points.

Bill Gates, qui a assisté à un nombre infini de réunions, estime que seulement deux de ces réunions étaient réellement révolutionnaires. Et l’une d’elle concernait l’IA.

La première c’était en 1980. Quand Charles Simonyi lui montre « une interface utilisateur graphique, le précurseur de tous les systèmes d’exploitation modernes, y compris Windows ». La seconde remonte seulement à l’année dernière. Lorsque l’équipe d’OpenAI est parvenu, en quelques mois, à créer une intelligence artificielle capable de réussir un examen de biologie de niveau avancé. Soit une Intelligence Artificielle (IA) capable de réfléchir de manière critique et de répondre de façon correcte à des questions ouvertes.

La démonstration de ChatGPT fut tout simplement stupéfiante. «Je savais que je venais d’assister à l’avancée technologique la plus importante depuis l’interface utilisateur graphique » dit Bill Gates. Il reconnait toutefois que toute nouvelle technologie aussi perturbatrice ne peut que mettre les gens mal à l’aise. « Elle soulève des questions difficiles sur la main-d’œuvre, le système juridique, la protection de la vie privée, les préjugés, etc. On ne peut nier que l’IA changera effectivement la façon dont les gens travaillent, apprennent, voyagent, se soignent et communiquent entre eux. Des secteurs entiers se réorienteront autour d’elle. »

1) Définition de l’intelligence artificielle selon Bill Gates

« Le développement de l’IA a été le grand rêve de l’industrie informatique. Aujourd’hui les IA sophistiquées sont une réalité et s’améliorent rapidement », explique Bill Gates.  Il distingue cependant deux formes d’intelligence artificielle. « Techniquement, le terme “intelligence artificielle” fait référence à un modèle créé pour résoudre un problème spécifique ou fournir un service particulier. L’intelligence artificielle est le moteur d’outils tels que ChatGPT. Elle apprend à améliorer le chat, mais ne peut pas apprendre d’autres tâches. En revanche, l’expression “intelligence artificielle générale” (IAG) désigne un logiciel capable d’apprendre n’importe quelle tâche ou n’importe quel sujet. L’IAG n’existe pas encore. Le secteur informatique est en plein débat sur la manière de la créer, et même sur la possibilité de la créer. »

2) L’IA comme un copilote pour améliorer la productivité

« Bien que les humains soient encore meilleurs que l’IA pour beaucoup de choses, il y a de nombreux emplois où ces capacités ne sont pas beaucoup utilisées», précise-t-il. Il cite le domaine de la vente (numérique ou par téléphone), du service ou encore du traitement de documents (bancaires, comptable ou d’assurance). Dans ces domaines l’IA pourrait être particulièrement utile. Microsoft décrit cela comme un copilote, un assistant personnel numérique, “qui serait totalement intégré dans des produits comme Office. L’IA améliorera votre travail. Par exemple, en vous aidant à rédiger des courriels. Mais aussi à gérer votre boîte mail à votre demande et dans n’importe quelle langue ou presque”. (…) Cela améliorera votre travail sur les tâches que vous voulez faire et vous libérera de celles que vous ne voulez pas faire. »

3) Une aide pour les choses que les logiciels ne pourront jamais faire

« Bien sûr, de sérieuses questions se posent quant au type de soutien et formation dont les gens auront besoin. Les gouvernements doivent aider les travailleurs à s’adapter à d’autres rôles. Mais la demande de personnes qui aident les autres ne disparaîtra jamais. L’essor de l’IA permettra aux personnes de faire des choses que les logiciels ne pourront jamais faire. Comme enseigner, s’occuper des patients et aider les personnes âgées, par exemple», poursuit Bill Gates.

Mais même dans ces domaines l’IA peut aussi se montrer utile. Par exemple en réduisant la paperasserie ou en complétant les dossiers à chaque visite chez le médecin. « Les IA permettront même aux patients d’effectuer un premier diagnostic de base. Ou d’obtenir des conseils sur la manière de gérer les problèmes de santé. Ou encore de décider s’ils doivent ou non se faire soigner. »

Réduire les inégalités

L’IA peut aussi réduire certaines des pires inégalités du monde en améliorant l’éducation et en particulier les mathématiques. « Même lorsque la technologie sera au point, elle améliorera – mais ne remplacera jamais – le travail que les élèves et les enseignants effectuent ensemble dans la salle de classe ». Les logiciels pilotés par l’IA promettent cependant de révolutionner la manière d’enseigner et d’apprendre. « Ils connaîtront vos centres d’intérêt et votre style d’apprentissage afin d’adapter le contenu à vos besoins. Il mesurera votre compréhension, remarquera lorsque vous vous désintéressez et comprendra à quel type de stimuli vous répondez. »

L’IA va également considérablement augmenter le rythme des percées médicales en permettant de traiter et d’analyser beaucoup plus de données.

Cette même puissance de traitement et d’analyse devrait aussi être particulièrement bénéfique pour l’agriculture, notamment pour les pays pauvres. « Des progrès seront d’autant plus importants que les conditions météorologiques extrêmes et le changement climatique exercent une pression encore plus forte sur les agriculteurs des pays à faible revenu ».

4) Risques et problèmes liés à l’IA

Les IA actuelles ne sont pas nécessairement capables de comprendre le contexte de la demande d’un humain, ce qui conduit à des résultats étranges. Les IA donnent de mauvaises réponses à des problèmes mathématiques parce qu’elles ont du mal à raisonner de manière abstraite. “Mais aucun de ces problèmes ne constitue une limite fondamentale de l’intelligence artificielle puisqu’ils seront en grande partie résolus dans moins de deux ans, voire beaucoup plus rapidement”, dit encore Bill Gates.

Un autre problème est que les IA peuvent être utilisées à mauvais escient ou qu’elles deviennent incontrôlables. Ce dernier point est surtout un risque pour les IA super intelligentes. Ultra puissante, «  elles seront, à terme capables de faire tout ce qu’un cerveau humain peut faire. Mais sans aucune limite pratique quant à la taille de sa mémoire ou à la vitesse à laquelle il fonctionne. Il s’agira d’un changement profond, car elles seront probablement capables d’établir leurs propres objectifs » (…) Mais aucune des percées de ces derniers mois ne nous a rapprochés de ce genre d’IA. L’intelligence artificielle ne contrôle toujours pas le monde physique et ne peut pas définir ses propres objectifs ».

5) Les prochaines frontières

La question d’aujourd’hui est de savoir s’il y aura une IA générale capable de faire tout ou si l’on va retrouver à plusieurs genres d’IA spécialisé et formé dans un domaine. Les deux approches feront l’objet d’une immense concurrence, dit Bill Gates. Il y aura aussi une explosion d’entreprises travaillant sur de nouvelles utilisations de l’IA ainsi que sur les moyens d’améliorer la technologie elle-même. Par exemple, des entreprises développent de nouvelles puces ou encore améliorent des logiciels et des algorithmes.

Enfin, selon lui, il y a trois principes qui devraient guider les discussions autour de l’IA.

1)     Trouver un équilibre entre les craintes et la capacité l’IA à améliorer la vie des gens.

2)     Ne pas oublier les plus pauvres. Si le monde a besoin que ses personnes les plus brillantes se concentrent sur ses plus grands problèmes, nous devrons concentrer les meilleures IA sur ses plus grands problèmes.

3)     Ce n’est que le début. Les limites de l’IA aujourd’hui auront disparu avant même que nous nous en rendions compte. Le monde doit établir les règles du jeu pour que les inconvénients de l’intelligence artificielle soient largement compensés par ses avantages.

En conclusion, l’ère de l’IA est riche en opportunités et en responsabilités.

Peut-être est il bon de rappeler Les Trois lois de la robotique, formulées en 1942, par Isaac Asimov et John W. Campbell

– Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ;

– Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ;

– Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

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