Que se passe-t-il chez bpost ?

Bpost
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Une grève est en cours chez bpost depuis lundi 22h et devrait se prolonger jusque mardi soir. Elle a une incidence sur tous les services de bpost, soit les bureaux de poste, le Contact Center, la collecte, le traitement, la distribution du courrier et des colis. Le point sur les raisons du malaise.

Pourquoi cette grève ?

Une transformation organisationnelle nécessaire selon la direction

Selon la porte-parole de bpost, l’appel à la grève est lié à la transformation de l’entreprise postale en une société internationale d’e-commerce, un processus qui nécessite un changement d’organisation. Cette transformation a été retardée par plusieurs changements de CEO, mais a été accélérée avec la désignation de Jos Donvil comme CEO de bpost Belgium. ” Jos Donvil, CEO de bpost Belgium, et son équipe prennent maintenant les mesures nécessaires pour accélérer la transformation organisationnelle afin d’assurer à bpost un avenir durable en Belgique », précise encore la porte-parole.

En raison de l’inflation, bpost a dû faire face à pas moins de six indexations salariales. Le coût des salaires a augmenté de 80 millions. La hausse des coûts de l’énergie et du carburant a également augmenté la facture de 10 millions. Pour faire face à ces coûts, bpost a encore réduit son personnel en remplaçant le moins possible les personnes qui partaient ou prenaient leur retraite. bpost est également aux prises avec un taux d’absentéisme de plus de 10 %.

Cela n’empêche pas l’entreprise de rester fidèle à sa stratégie qui consiste à poursuivre sa croissance en tant qu’acteur international du commerce électronique et fournisseur de services logistiques. bpost serait donc sur le point d’acquérir à nouveau des entreprises, “pour gagner en envergure”.

Toujours selon la direction de bpost, l’organisation doit cependant impérativement s’adapter à la baisse des volumes de courrier. L’entreprise a été plus agressive sur la recherche de nouveaux clients ce qui a permis de maintenir le volume de colis à un niveau raisonnablement stable, malgré la baisse des achats en ligne.

Et puis, il y a la question de la concession pour la distribution des journaux et des magazines qui pèse comme une épée de Damoclès. Celle-ci qui pourrait changer de mains puisque Pierre-Yves Dermagne (PS) choisira un nouveau fournisseur dans le courant de l’année et rien ne garantit que ce soit pour bpost. Deux scénarios seraient envisagés par bpost, selon L’Echo « soit le gouvernement lance un nouvel appel d’offres, avec un subside annuel revu à la baisse à 125 millions, soit il renonce purement et simplement à prolonger la concession presse ». Or, rien que pour cette année, celle-ci devrait tout de même rapporter entre 240 et 260 millions à bpost.

L’arrivée d’Amazon

La baisse du nombre de colis est aussi due à l’ouverture par Amazon d’un propre centre réseau de livraison de colis à Anvers. Selon le président national du syndicat SLFP Poste, Luc Tegethoff, le volume de paquets à délivrer par bpost a diminué “essentiellement en Wallonie et à Bruxelles”, ce qui pourrait être synonyme de disparition d’équivalents temps plein “sans licenciements secs” toutefois, explique le syndicaliste.  Selon Stéphane Daussaint, responsable bpost pour la CSC, l’impact de l’arrivée d’Amazon se ferait surtout ressentir « sur l’activité de distribution, surtout à Bruxelles et en Wallonie. Cela touche jusqu’à 10% de l’emploi selon les régions”, dit-il à L’Echo.

Le rouleau compresseur

Selon Tegethoff, les syndicats veulent envoyer un signal en faisant grève et augmenter la pression pour revoir le processus de réorganisation. Il renvoie vers les négociations en cours de conventions collectives de travail et aux “réorganisations ici et là”. Des négociations seraient ainsi toujours en cours avec Amazon, ce qui mènerait à une nouvelle augmentation des volumes. “Nous voulons suivre la direction, mais pas au prix de perte d’emplois”, prévient encore Tegethoff.

La CSC dénonce elle “la relance du rouleau compresseur” de la part de la direction. “La réorganisation voulue par la direction n’est plus du tout en phase avec l’époque actuelle. Elle entraîne une disparité dans la charge de travail entre les facteurs” précise encore Stéphane Daussaint à la RTBF. “Nous ne demandons pas qu’il n’y ait pas de réorganisation, mais à tout le moins sa suspension, le temps d’y voir clair dans l’évolution des volumes dans les mois à venir”, nuance-t-il dans l’Echo.

Selon Geert Cools, du syndicat socialiste ACOD Post (CGSP Poste), “nous avons une réunion avec la direction vendredi”. “Nous voulons des réponses notamment sur le calendrier, la planification et l’impact des réorganisations prévues des bureaux de poste.”

Quelles conséquences pour les services de bpost ?

Les syndicats de bpost appellent à respecter une grève de 24 heures démarrant ce lundi à 22h00. Elle a une incidence sur tous les services de bpost, soit aussi bien les bureaux de poste que le Contact Center ou encore la collecte, le traitement, la distribution du courrier et des colis.

L’action a surtout des conséquences à Bruxelles et en Wallonie. La majorité des centres de tri wallons sont également bloqués par des piquets de grève et aucun courrier n’a pu en sortir. “Les centres de Mons, Mouscron, Tournai, Nivelles et Braine-l’Alleud, notamment, sont concernés par le mouvement. Nous avons uniquement laissé sortir les journaux”‘, confirme Pascale Martin, secrétaire permanente Wallonie à la SLFP Poste.

“Certains bureaux de poste seront également fermés pour la journée, mais il est encore trop tôt pour connaître l’ampleur de ces fermetures.” A Bruxelles, le centre de tri Bruxelles X, à Neder-Over-Heembeek, est également bloqué. “Plus de 80% du personnel y est en grève”, confirme Danny Vanhee, secrétaire permanent Bruxelles/Brabant flamand à la SLFP Poste. Le blocage de l’infrastructure bruxelloise pourrait également avoir un impact sur la distribution du courrier en Flandre. 

Il n’est toutefois pas exclu que quelques Bruxellois et Wallons reçoivent du courrier mardi. “Il y a des facteurs qui travaillent, mais ils ont très peu de produits à distribuer, il reste peut-être du courrier non-distribué lundi”, explique le syndicaliste. En Wallonie et à Bruxelles, environ 75% des tournées de distribution des journaux ont eu lieu mardi ainsi que 50% des tournées ordinaires, estime pour sa part bpost.  Au nord du pays, certains travailleurs des centres d’Anvers et Gand participent également au mouvement, mais son ampleur est moindre qu’en Wallonie et à Bruxelles, selon les syndicats. Bpost estime que 90% des travailleurs flamands ne participent pas à la grève.

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