Conflit chez Delhaize: à quoi sert un médiateur social ?

Delhaize
© Getty Images

Alors que le conflit social chez Delhaize s’enlise, un médiateur social s’invite enfin à la table. A ce moment du conflit, quelle est son utilité ?

Ce mardi, c’est encore 20 magasins sur les 128 en gestion propre que compte Delhaize en Belgique qui n’ont pas ouvert leurs portes. Ces fermetures s’inscrivent dans le cadre du conflit social né de l’annonce par la direction, début mars, de son intention de franchiser les 128 magasins en gestion propre du groupe.

Les syndicats espèrent toujours faire revenir la direction sur sa décision alors que la position de cette dernière sur la franchisation semble inflexible. Après sept semaines de conflit, et pour la première fois, la réunion entre la direction de Delhaize et les syndicats a débuté en présence d’un médiateur social au SPF Emploi.

A quoi sert un médiateur social ?

On fait appel à un médiateur, aussi parfois appelé conciliateur social, quand on se trouve dans un contexte ou la communication est brisée. En servant d’interface entre personnes impliquées dans un conflit, le médiateur crée une espace d’écoute qui permet de renouer le dialogue. Concrètement il est là pour calmer la situation, chercher des alternatives et trouver des solutions au conflit.

Le médiateur est objectif, neutre et doit tenir compte des différents avis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, chez Delhaize, les avis autour de la table sont diamétralement opposés. Les syndicats demandent un retrait du plan de franchisation tel qu’il est annoncé aujourd’hui. De son côté, la direction n’ouvrirait aucune porte. Un véritable dialogue de sourds qui donne l’impression que chaque réunion est une réunion pour rien.

Dix-sept fonctionnaires assurent la fonction de conciliateur

Certains s’étonnent d’ailleurs que cette première réunion de conciliation ait été prévue si tard. Car plus le conflit dure, plus il se durcit. La situation s’envenime et la recherche d’une solution devient plus complexe. Ce délai est d’autant plus surprenant que le conciliateur, Matthias Jacxsens, le président de la commission paritaire de la grande distribution, a été désigné depuis le 28 mars. C’est le ministre de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne qui l’a nommé à ce poste après une demande publique de la direction.

Monsieur Jacxsens fait partie des dix-sept fonctionnaires au SPF Emploi, Travail et Concertation sociale qui assurent cette fonction. Ils sont mis gratuitement à disposition par l’état. Ils président aussi les 160 commissions paritaires qu’il y a en Belgique. Quand le dialogue social coince au sein d’une entreprise, une des parties peut faire appel au bureau de conciliation de son secteur. Celui-ci se compose en principe du président de la commission paritaire et de représentants syndicaux et patronaux. C’est ce même bureau qui formulera ensuite ce qu’on appelle une proposition de conciliation acceptée à l’unanimité. Si le bureau de conciliation n’arrive pas à un avis unanime, il termine ses travaux par un procès-verbal de carence.

Pas contraignant

A ce moment-là, un préavis de grève ou de lock-out peut être notifié, précise encore le site du SPF. Dans certains cas, le président du bureau de conciliation peut également faire lui-même une recommandation qu’on appelle décision-consensus parce que personne ne s’y oppose expressément.

Cette recommandation du bureau n’est pas contraignante. Les parties peuvent l’accepter, mais aussi la refuser. Mais, en pratique, il semble qu’elle est le plus souvent suivie par les parties en conflit. Et si elle ne l’est pas dans un premier temps, rien n’empêche que la solution proposée puisse servir de cadre à des discussions futures.

La gestion du temps est un facteur clé d’une bonne conciliation

Dans une conciliation on n’impose jamais rien. Et dans la plupart des conflits on trouve tout de même un terrain d’entente. Même parfois des semaines plus tard, alors que le conciliateur n’intervient plus. Le temps peut donc parfois aussi être un allié.

Ce qui peut laisser penser que le délai entre la nomination du conciliateur et sa première réunion avait pour but de permettre de temporiser. Soit de faire un tour de chauffe chez chacune de partie. De quoi déminer la situation pour la prochaine réunion et de déterminer la faisabilité de certaines pistes.

Normalement, au cours de la réunion de conciliation, la partie qui a introduit la demande, la direction de Delhaize dans le cas qui nous occupe, reçoit la parole la première. Ensuite, la partie adverse a l’occasion d’expliquer son point de vue. Les membres du bureau de conciliation peuvent poser des questions complémentaires avant de se retirer pour délibérer. L’objectif est d’arriver à un point de vue commun, précise encore le SPF. Dans cette optique, réaliser des démarches en amont a donc du sens.

Comme le note l’Echo « Carrefour, Brink’s, AB InBev, ArcelorMittal, Caterpillar, Delhaize déjà, NLMK Clabecq, Proximus ou Brussels Airlines, sont quelques-uns des dossiers emblématiques de ces dernières années où un conciliateur a été appelé à la rescousse ».  A ceci près qu’avec le conflit qui secoue Delhaize c’est en réalité l’avenir de tout le secteur de la distribution qui se joue. Car si l’on arrive à une solution, elle risque bien de faire jurisprudence pour les autres acteurs du secteur.

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