A quoi sert Coup de boost du Forem?

Léa et Tony Deux jeunes dont l’horizon s’est éclairci grâce au programme Coup de boost. © Forem/PG
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le Forem et Actiris ont développé des programmes spécifiques pour raccrocher les jeunes au marché du travail et, plus globalement, à la société. Exemple avec Léa et Tony, qui racontent le Coup de boost dont ils ont bénéficié.

Léa, 24 ans, n’aimait pas “les gens”. Tony, même âge, vivait au rythme du gaming nocturne. “J’ai passé deux ans quasiment à ne rien faire”, confie-t-il. Il avait pourtant décroché un diplôme professionnel dans la vente mais il s’est toujours demandé pourquoi il avait choisi cette filière qui ne lui correspond guère. Léa avait, elle, décroché de son parcours scolaire depuis trois ans. Ils sont ainsi devenus des Neets, ces jeunes qui ne sont ni au travail ni en formation. Ils n’étaient cependant pas totalement hors des radars puisqu’une conseillère du Forem s’occupait d’eux et leur a suggéré d’intégrer le programme Coup de boost.

Ils ont accepté, peut-être en traînant un peu les pieds, mais très vite Léa et Tony ont accroché à ce mix de réunions collectives et d’entretiens individuels. “Cela m’a aidée à m’ouvrir aux gens”, raconte une Léa pleine d’entrain et dont on a peine à croire aujourd’hui qu’elle se recroquevillait sur elle-même (et sur son bébé! ). Lors d’une visite à ConstruForm, elle a été séduite par le métier de carreleuse et s’est mise à rêver de mosaïques. “Avant Coup de boost, je n’aurais jamais osé aller vers les métiers du bâtiment”, dit-elle. Les réticences liées notamment au cliché de ce monde très masculin ont été levées après une rencontre avec une jeune femme en formation à ce métier de carreleuse. Comme quoi, s’ouvrir aux gens est indispensable pour trouver sa voie.

Tony se dirige lui vers un service citoyen dans les métiers de l’aide à la personne. “J’ai compris que je voulais travailler dans le social”, explique ce garçon qui, il y a peu, ne vivait que pour son écran d’ordinateur. “Le groupe que nous formions à Coup de boost a été une chance incroyable, poursuit Tony. Nous nous sommes beaucoup entraidés et encouragés.”

Quand on essuie refus sur refus, il faut être costaud pour résister

partenaire du projet. C’est essentiel pour ces jeunes qui sont souvent plongés dans une forme d’isolement social.” Ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls dans cette situation, que leurs difficultés ne résultent pas d’une malchance ou d’une fatalité qui s’abat sur eux personnellement mais d’un contexte plus large. “Quand on essuie refus sur refus ou que personne ne répond à vos lettres de candidature, il faut être costaud pour résister, ajoute Maxime Fivez, coordinateur Coup de boost pour le Forem. Ces dernières années, on a beaucoup développé le coaching individuel, le sur- mesure. On avait peut-être un peu oublié combien cette dimension collective pouvait être porteuse.”

Indispensables interactions

Les trajets de Tony et Léa doivent beaucoup aux interactions avec les autres. Au Forem, on est parfaitement conscient de l’importance cruciale du travail collectif pour ce public particulier que constituent les Neets. “Nous prévoyons deux réunions collectives par semaine, précise Angélique Widart, coordinatrice de Coup de boost pour Reso, une ASBL d’insertion de la CSC,

Le programme Reboot4You développé notamment par le SPF Défense reprend cette idée en couplant la formation à une forme de vie de caserne, ce qui est une autre manière de recréer progressivement un tissu social autour de ces jeunes un peu perdus.

Parallèlement, il y a évidemment un travail individuel pour rendre à ces jeunes une certaine confiance en eux-mêmes après un parcours scolaire chaotique et leur permettre de se projeter à nouveau dans l’avenir, de trouver la ou les voies professionnelles qui leur correspondent. “Si la formation retenue est payante ou implique des frais de déplacement, il y a des possibilités d’intervention, dit Angélique Widart. Nous voulons lever un maximum de freins pour aider ces jeunes. Nous jouons en quelque sorte le rôle de guichet unique, pour trouver les aides dont ils pourraient bénéficier.”

Cette méthode semble efficace puisque Coup de boost et son équivalent bruxellois chapeauté par Actiris affichent 65% de retours vers l’emploi, la formation ou les études, ce qui est un résultat remarquable avec un public a priori très difficile.

Toucher leur cible

L’un des grandes difficultés de tels programmes est de toucher leur cible, à savoir des jeunes qui ont vogué d’échec en échec et ne croient plus trop aux bouées de sauvetage. Les organismes publics travaillent dès lors avec des maisons de jeunes, des syndicats ou autres associations. “Notre meilleure publicité reste le bouche à oreille, estime Maxime Fivez. Des jeunes que nous avons armés pour rebondir en parlent et d’autres se décident à nous rejoindre, toujours sur base volontaire.”

Ces jeunes sont motivés, les employeurs sont les premier étonnés de notre public

Et même quand il n’y a pas de retour à l’emploi ou à la formation, il y a au moins le retissage, certes fragile, d’un lien de confiance envers les institutions. Il n’y a pas une formule “clé sur porte”, les accompagnateurs s’adaptent aux besoins du groupe pour parler tantôt des solutions de logement, tantôt des allocations, des droits et obligations de jeunes, etc. “Il y a tout un travail de sensibilisation aux grands enjeux sociétaux, précise Angélique Widart. On y parle de démocratie, de sécurité sociale, de diversité.” Tout cela dans l’espoir de raccrocher ces jeunes un peu perdus à la société. Et ce n’est qu’ensuite qu’ils feront éventuellement des pas vers un emploi ou une formation qualifiante.

Parcours de six mois

Le parcours du Coup de boost s’étale sur six mois (avec une possibilité de prolongation de trois mois). Il inclut des visites d’entreprise ou de centres de formation. “Les employeurs sont les premiers étonnés de notre public, confie Angélique Widart. Ils rencontrent des jeunes motivés, qui ont appris quelques codes de l’entreprise, qui ont développé des soft skills. Bien sûr, ils ont des freins à l’emploi mais nous avons dépassé les stéréotypes envers ce public. Nous sommes un peu les garants de ces jeunes vis-à-vis de l’entreprise. Cela facilite grandement ce qui est souvent la première expérience professionnelle, l’employeur n’a pas sur ses épaules tout le poids de l’accompagnement de ces jeunes.”

Il arrive même que les jeunes reviennent chez Coup de boost bien des mois plus tard, juste pour se replacer dans des conditions optimales avant un entretien d’embauche. “J’ai été bien préparée pour l’entretien en vue de ma formation de carreleuse, confirme Léa, la désormais ex-Neets dont nous parlions en ouverture de cet article. Sans cela, je ne suis pas certaine que j’aurais pu répondre correctement. J’ai appris à gérer mon stress.”

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