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Retour aux affaires…

Les élections étant derrière nous, nul doute que les dossiers économiques vont commencer à s’accumuler sur les bureaux des futurs ministres, et ce avant même que l’obstacle communautaire ne soit contourné ou résolu.

Les élections étant derrière nous, nul doute que les dossiers économiques vont commencer à s’accumuler sur les bureaux des futurs ministres, et ce avant même que l’obstacle communautaire ne soit contourné ou résolu. Outre l’assainissement budgétaire, pour lequel la Belgique a pris une longueur de retard par rapport à ses partenaires européens, les diverses problématiques liées au marché du travail devraient aussi refaire surface. D’autant plus que l’on a assisté durant cette crise à des phénomènes très particuliers.

En effet, dans l’extrême tension de la fin de campagne électorale, les derniers chiffres de comptabilité nationale sont presque passés inaperçus. Pourtant, ils recèlent quantité d’informations intéressantes, notamment sur l’emploi. La révision des chiffres publiés précédemment montre que durant la crise, 42.000 emplois nets ont été perdus par l’économie belge, soit un nombre largement inférieur à toutes les attentes. Par comparaison, en utilisant le lien historique entre l’activité économique et l’emploi en Belgique, l’économie aurait dû »perdre » pas moins de 90.000 emplois, compte tenu du choc sur l’activité. On doit se réjouir que l’hémorragie ait été contenue. Mais il faut aussi se demander pourquoi les pertes d’emplois ont été limitées, et quelles en sont les conséquences.

Rétention d’emplois

Deux raisons principales permettent d’expliquer la rupture du lien entre activité et emploi. D’une part, les mesures de chômage temporaire et économique, étendues aux employés, ont pleinement joué durant la crise. Alors qu’en temps normal, quelques 40.000 équivalents temps plein (ETP) sont en chômage temporaire dans notre pays, ils étaient plus de 70.000 en moyenne en 2009. Ceci a permis aux entreprises de supporter le choc en limitant les licenciements. Au cours des derniers mois, même si le nombre de chômeurs temporaires est en baisse de 15 % environ sur un an, il n’en demeure pas moins encore 60.000 ETP. Cette mesure est donc toujours nécessaire pour bon nombre d’entreprises, et « sauve » des emplois.

Mais les mesures existantes ou nouvelles de protection sociale n’expliquent pas tout. On peut également considérer que bon nombre d’entreprises ont préféré garder leur main-d’oeuvre qualifiée, malgré la faiblesse de l’activité, en attendant des jours meilleurs. Et ce n’est pas étonnant quand on sait que le manque de disponibilité d’une main-d’oeuvre qualifiée est déjà considéré par les entrepreneurs comme la principale « menace » qui pèse sur leur activité… juste après les différents coûts qu’ils ont à supporter, et notamment les coûts salariaux.

Perspectives moins encourageantes

Tant mieux donc pour les travailleurs qui ont gardé leur emploi ! Il ne faut pourtant pas se réjouir trop vite non plus, car le maintien de l’emploi n’est pas sans conséquence. En effet, puisque l’activité a davantage reculé que l’emploi, la richesse créée par chaque travailleur (la productivité donc…) a fortement diminué en Belgique. Malgré une légère augmentation récente, elle se situe aujourd’hui dans le secteur privé environ 3 % sous son niveau d’avant-crise. Or, la productivité est un élément crucial de la compétitivité des entreprises. Bien sûr, la productivité a également diminué chez nos concurrents, mais pas nécessairement dans la même mesure.

Par ailleurs, si 40.000 emplois ont été supprimés, le nombre de demandeurs d’emplois a quant à lui grimpé de près de 70.000 unités en deux ans. Car aux emplois perdus s’ajoutent les nouveaux entrants sur le marché du travail. Et les personnes qui – suite à la crise – ont décidé de quitter le marché du travail n’apparaissent même pas dans ces statistiques. Au cours des prochains trimestres, il est fort probable que les entreprises tentent de retrouver des gains de productivité, en employant mieux la main-d’oeuvre à leur disposition tout en limitant les nouveaux engagements. Le risque d’une reprise sans création d’emploi – et, dès lors, de nouvelles augmentations du nombre de chômeurs – est donc grand.

On ne peut donc pas se contenter de se réjouir du comportement du marché du travail durant la crise, car certaines mauvaises nouvelles sont peut-être à venir. Voilà pourquoi l’emploi doit être LA priorité du nouveau gouvernement fédéral, en y ajoutant évidemment l’évolution des coûts salariaux. Mais puisque tout est aujourd’hui devenu communautaire, j’ajouterais ceci : les quelques paragraphes ci-dessus ont montré l’importance de la qualification de la main-d’oeuvre. Celle-ci, via l’enseignement, dépend aussi des Communautés. Alors j’espère, pour un meilleur fonctionnement du marché du travail en Belgique, que là-bas du côté de la rue de la Loi ou ailleurs, ils travaillent ensemble ou qu’ils transfèrent des compétences… Mais qu’ils avancent !

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