Quel avenir pour Bibi?

Benyamin devant l'actuel Premier ministre Naftali Bennett, le 13 juin 2021, à la Knesset, juste avant la formation du nouveau gouvernement. © Getty Images

La rivalité entre l’ancien Premier et son successeur relègue au second plan la politique israélienne, même si la réussite de la campagne de vaccination contre le covid est à mettre au crédit du nouveau gouvernement.

“Ne baissez pas les bras”, avait lancé Benyamin Netanyahou à ses partisans pendant l’été 2021. Le Premier ministre au plus long mandat de l’histoire d’Israël était sur le point de céder le pouvoir à un gouvernement dirigé par Naftali Bennett. M. Netanyahou, surnommé Bibi, reprochait à M. Bennett, son ancien bras droit également nationaliste, de s’être allié avec l’extrême gauche et un parti arabe pour l’évincer du pouvoir. Il avait juré de faire tomber ce nouveau gouvernement. “Avec l’aide de Dieu, il tombera plus vite que ce que vous croyez”, affirmait M. Netanyahou.

Peut-être que Dieu est trop occupé, est parti en voyage ou fait une petite sieste parce que le gouvernement de M. Bennett a fait preuve d’une résilience inattendue. Il s’est certes appuyé sur certaines des réussites de M. Netanyahou, en renforçant ses liens avec les Etats arabes qui ont normalisé leur relation avec Israël en 2020, et il a organisé de main de maître la campagne de vaccination contre le Covid-19 ( voir graphique). En raison de sa diversité idéologique, le gouvernement a mis de côté tout problème conflictuel, comme la question palestinienne, et s’est concentré sur des questions plus terre à terre. L’adoption d’un budget – voilà deux ans qu’Israël ne s’y était pas attelé – permettra sans doute à M. Bennett de rester au pouvoir en 2022.

La grande question consiste à savoir si M. Netanyahou restera à la Knesset.

Ile privée

La grande question consiste à savoir si M. Netanyahou restera à la Knesset, le Parlement israélien, encore longtemps. Il est à la tête de l’opposition, président du parti le plus important (le Likoud) et avide de faire son grand retour. Il s’adresse aux dirigeants du monde et aux Israéliens influents comme s’il était toujours Premier ministre. Mais si une grande partie de la population le soutient, la plupart des Israéliens ne réclament pas son retour. En effet, avec l’installation réussie du nouveau gouvernement, M. Netanyahou ne semble plus indispensable. Combien de temps se contentera-t-il de ce rôle au second plan?

Un autre détail semble également tenir M. Netanyahou à l’écart de toute ambition politique: l’argent. En tant que membre de la Knesset, il ne peut pas accepter de revenus extérieurs. Or, lorsqu’il était Premier ministre, lui et sa famille menaient grand train et de nombreux scandales ont entaché son mandat. Quand M. Netanyahou a quitté ses fonctions, le gouvernement lui a même demandé de rendre les dizaines de cadeaux offerts par des dirigeants du monde entier mais qu’il a nié avoir gardés. M. Netanyahou est également soupçonné d’avoir accepté des cadeaux de riches relations.

S’il devait quitter la Knesset, M. Netanyahou ne serait plus dans le collimateur du gouvernement. Il pourrait, par exemple, partir en vacances sur une île privée à Hawaï, propriété quasi intégrale du milliardaire américain Larry Ellison, sans devoir justifier la note (c’est ce qui s’est passé au moins de septembre). Il pourrait gagner des millions de dollars en donnant des conférences, en proposant des services d’expertise et en siégeant à des conseils d’administration d’entreprises (M. Ellison lui aurait offert, dit-on, un poste lucratif au conseil de son entreprise, Oracle). Il pourrait également lever des fonds pour sa défense en justice dont le coût ne cesse d’augmenter: il est effectivement confronté à trois procès pour fraude, abus de confiance et corruption lorsqu’il était Premier ministre. Il nie en bloc.

Mainmise sur le Likoud

Mais M. Netanyahou pourrait essayer de rester en politique tout en gagnant un peu plus d’argent. Il a une telle mainmise sur le Likoud qu’il pourrait quitter la Knesset tout en restant à la tête du parti, et espérer être réélu aux prochaines élections.

Le gouvernement pourrait certes tenter d’empêcher toute tentative de retour en fermant enfin la boucle qui permet à une personne inculpée d’être quand même élue au poste de Premier ministre. Cela pourrait toutefois se retourner contre lui. L’opposition à M. Netanyahou est en effet l’un des seuls éléments qui unit les partis de la coalition. S’il ne représente plus un danger de reprendre le pouvoir, les chances de division augmenteraient.

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