Voyage en “caricaturie” dédié à Léopold II

Il est des cadeaux qui vous marquent pour la vie. Lorsque son arrière-grand-mère offre en cadeau au petit Eric Van den Abeele un lot de cartes postales caricaturant le roi Léopold II, elle est loin de se douter qu’elle lui inocule en même temps le virus de la collectionnite. Quelques décennies plus tard, il se retrouve en effet à la tête d’une impressionnante collection qui lui a permis de proposer sous forme de livre un voyage en “caricaturie” dédié à Léopold II.
TONY COENJAERTS
Hors normes dans quasi tous les domaines, Léopold II est sujet en or pour les dessinateurs de son époque. Les publicitaires le transforment en vecteur plutôt débonnaire et bon enfant de leurs produits. Les journaux populaires croquent ce souverain, un des premiers à posséder une automobile que, bien entendu, il ne conduit jamais officiellement à toute vitesse. BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR
Pour les caricaturistes de l’époque, la cause était entendue, et la liaison possible entre Cleo de Mérode et Léopold II a enfanté des milliers de caricatures dont les Belges n’ont pas vu grand-chose. Elles ont quasi toutes été publiées à l’étranger, notamment dans L’Assiette au Beurre, le Charlie Hebdo de l’époque. “La presse belge s’est systématiquement tenue à l’écart des sarcasmes parisiens. Pour protéger la royauté ? Epargner la reine Marie-Henriette ? Préserver l’Etat belge ? Un peu des trois probablement”, estime Eric Van den Abeele.
“Ne vous occupez pas de ce qui se passe derrière la porte, et si vous avez des remords, soyez sans inquiétude : je vous donnerai assez de caoutchouc pour vous faire une conscience élastique”, caricature en 1908 L’Assiette au Beurre dans un numéro d’une rare virulence. “Chaque numéro comportait 16 pages dédiées à un sujet. Dans le cas présent, Le Cimetière libre du Congo s’ouvre sur une antilogie a priori absurde. Léopold II prend sur le gibet la place du peuple congolais martyr de la récolte du caoutchouc et le petit africain, la place du bourreau”, décrit Eric Van den Abeele.
Le caoutchouc a certes fait la fortune de notre souverain et lui a notamment permis de devenir grand propriétaire foncier à la Côte d’Azur et d’y édifier diverses constructions parmi lesquelles la villa Léopolda qui deviendra un siècle plus tard “la maison la plus chère du monde”.
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