Une fracture De Croo – Magnette et un fossé Nord-Sud en vue de 2024

Raoul Hedebouw, président du PTB, lors du 1er mai
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La Flandre à droite et la Wallonie à gauche, avec Vooruit et le MR en guise de passerelles : le paysage en vue des élections est clair après le 1er mai. Avec le PTB et le Vlaams Belang pour bloquer le tout.

Le 1er mai est généralement un rendez-vous qui ne fait pas dans la dentelle : positionnement, slogans, attaques personnelles… La cuvée 2023 n’a pas dérogé à la règle, à un an d’élections fédérales et régionales qui s’annoncent explosives.

On a ainsi assisté à un front politique de centre-droit (auquel s’est ajouté Vooruit, le parti socialiste flamand) pour une limitation des allocations de chômage dans le temps et à un slogan commun entre le PS et le PTB : « taxer les riches ! ». De quoi clarifier certaines choses et baliser le bras de fer à venir.

Des socialistes divisés et une fracture De Croo – Magnette

En proposant d’imposer un « job de base » aux chômeurs après deux ans, Conner Rousseau, président de Vooruit, a malmené la famille socialiste, à en juger par les réactions outrées de « camarades » du PS, singulièrement à Bruxelles. Dans son discours du 1er mai, le président socialiste Paul Magnette a préféré s’en prendre au Premier ministre Alexander De Croo, accusé de « diviser » les Belges alors qu’il devrait adopter une attitude au-dessus de la mêlée.

Expliation du changement de cible de Paul Magnette: la fracture entre Vooruit et PS est réelle sur le fond, mais les deux partis risquent d’avoir besoin l’un de l’autre pour peser dans une future coalition. A fortiori, ce qui est très probable, s’ils visent le poste de Premier ministre.

En attaquant De Croo, Magnette épargne son parti-frère et confirme ce que l’on sait depuis un moment : le bourgmestre de Charleroi regrette d’avoir cédé le Seize au libéral flamand, alors qu’il aurait pu le revendiquer en 2000. Cette fois, il ne raterait plus l’occasion. Ironie du sort : c’est… Conner Rousseau qui pourrait le priver de ce poste.

Une rivalité PS – PTB très à gauche et une fracture Nord-Sud irrémédiable

« Tax the rich ! » Avec sa veste de costume ornée de ce slogan, Raoul Hedebouw, président du PTB, a pimenté le 1er mai de ses accents populistes, comme de coutume. Il était frappant de voir, toutefois, que le PS s’est pratiquement aligné sur ce même leitmotiv.

A force de basculer à gauche pour tenter d’empêcher l’inexorable montée du PTB, le PS pourrait inciter les électeurs à… profiter l’original à la copie. En outre, avec un Ecolo très à gauche également, le paysage francophone risque de trancher très nettement avec une Flandre droitière, où l’extrême droite du Vlaams Belang risque d’avoir le vent en poupe.

Résultat ? Une Belgique qui pourrait se trouver durablement bloquée, alors que les enjeux socio-économiques imposent tout le contraire.

Une coalition de centre-droit ou… tous ensemble ?

Une nouvelle fois, le PTB a réitéré le fait qu’il ne viserait pas une participation aux majorités fédérale et régionale, en 2024, mais davantage une prise de participation communale après le scrutin local d’octobre. Cela clarifie le jeu à gauche : difficile, dans ce cas, pour le PS d’espérer la majorité… le plus à gauche possible.

Pour le MR et les partis de droite flamand, le positionnement de Vooruit est une bonne nouvelle. Sur le travail, Georges-Louis Bouchez évoque des positions qui lui ressemblent. De quoi raviver le rêve d’une coalition de centre-droit avec la N-VA et sans le PS ? C’est évident.

Mais la fracture politique et socio-économique à laquelle on assiste et la montée des extrêmes pourraient rendre indispensable la participation de tous les partis démocrates au pouvoir, dans un an. Et imposer une éventuelle réforme de l’Etat pour tenir davantage compte de ces sensibilités très différentes.

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