Thierry Bodson (FGTB): “Le nombre de personnes impactées par la crise augmente de mois en mois”

Thierry Bodson, président de la FGTB, mobilise en front commun. © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du syndicat socialiste reconnait que “la marmite bout” en ce jour de grève nationale et s’indigne de l’impossibilité d’augmenter les salaires, hors indexation.

Alors que le pays est fortement perturbé en ce jour de grève nationale, Thierry Bodson, président de la FGTB, acquiesce lorsque Trends Tendances lui demande si “la marmite bout”. “En effet, la marmite bout. Nous avons l’impression que le nombre de personnes impactées par l’augmentation du coûte de la vie augmente de mois en mois. Les contrats fixes pour l’énergie ont été remplacés par lescontrats variables, tous les produits de première nécessité augmentent et le peu de réserves que certains avaient s’épuisent. De plus en plus de personnes sont à bout.”

La preuve que cela bout? Le président de la FGTB souligne que les manifestations syndicales ont toujours eu plus de succès qu’attendu, ces derniers mois. “Le 21 septembre dernier, nous avions transformé notre mobilisation en manifestation parce que nous étions dépassés par les événements. Il y a un désir d’action, qui n’est pas simple à conrétiser parce que, pour les travailleurs, perdre une partie de son salaire en cette période de crise est problématique.”

Inquiet, à un moment donné, de l’apparition d’un mouvement de type Gilets jaunes, Thierry Bodson constate que, pour l’instant, la grogne reste canalisée: “On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, mais on ne peut pas dire que les démarches parallèles prennent, pour le moment. Même les vendredis de la colère du PTB ne prennent pas. J’ai la faiblesse de croire que les travailleurs ont confiance dans notre action.”

Salaires bloqués: “Inacceptable!”

Le risque d’une modération salariale absolue envenime toutefois le climat. Un rapport du Conseil central de l’économie balise la discussion en affirmant qu’il n’yaura pas de marge pour la négociaiton salariale en raison du déficit de compétitivité avec les pays voisins. Après un échec de la concertation sociale, le sujet a été renvoyé à la table du gouvernement. “Il est inacceptable d’avoir des salaires bloqués, hors indexation, pour une longue durée, clame Thierry Bodson. Si on ne touche pas à la loi de 96 (qui encadre la modération salariale en veillant à limiter les écarts avec les pays voisins – Ndlr), cela pourrait même être davantage: on risque des blocages jusqu’en 2028. Ce serait d’autant plus de nature à susciter la colère que, par ailleurs, on sait que certains dans la majorité ou à la FEB voudraient chipoter au mécanisme de l’indexation des salaires.”

Le président du syndicat socialiste s’inquiète de l’action de la Fédération des entreprises de Belgique à ce sujet: “Je me méfie de Pieter Timmermans.” Il souligne que cette volonté de toucher à l’indexation est un faux débat: “Les salaires ne représentent qu’une part réduite de l’ensemble des charges, entre 10% et autour de 26-27% dans les services.” Si des mesures antisociales sont prises, alors, dit-il, des mouvements plus radicaux ne sont pas à exclure.

“L’intérêt d’organisation interprofessionnelles comme les nôtres, conclut Thierry Bodson, c’est d’avoir des revendications pour l’ensemble du monde du travail., éviter le corporatisme et mettre en place une véritable solidarité. Nous voulons éviter d’invoquer des solutions simples: des réductions de charges sociales peuvent sembler intéressantes, au même titre que certaines mesures fiscales, mais nous sommes là pour rappeler qu’il y a un autre enjeu majeur qui se cache derrière cela : le financement de la sécurité sociale.”

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