Surprise: le gouvernement veut prolonger trois autres réacteurs nucléaires

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Le gouvernement réuni en comité restreint (kern) a décidé de solliciter à nouveau Engie pour que les réacteurs nucléaires de Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 restent ouverts quelques années supplémentaires.

Le Premier ministre, Alexander De Croo, et la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, ont reçu la mission de prendre contact avec Engie, exploitant des centrales nucléaires, afin de préparer un dossier en matière de sécurité qui serait ensuite présente à l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN).

Rappelons qu’en mars dernier, la Vivaldi a décidé de prolonger de dix ans les deux réacteurs les plus récents du parc nucléaire belge, c’est-à-dire ceux de Doel 4 et Tihange 3. Un accord de principe a été conclu sur le sujet avec Engie le 9 janvier. La décision prise ce vendredi est en quelque sorte la formalisation des décisions prises au mois de décembre par l’exécutif fédéral, faisait-on remarquer de source bien informée.

Des solutions pour sortir d’une éventuelle impasse

Concrètement, comme Doel 4 et Tihange 3 ne seront prêts pour 10 ans de service supplémentaire qu’en novembre 2026 au plus tôt, des problèmes risquent de se poser en hiver 2025-2026. Ces derniers seront en effet fermés pour maintenance et les autres réacteurs nucléaires seront quant à eux déjà arrêtés en raison de la loi sur la sortie du nucléaire. Pour sortir de cette impasse, le Kern aimerait voir s’il est possible de prolonger de deux ans Doel 1 et 2 ainsi que Tihange 1.

Il s’agirait d’adapter la consommation de combustible, de manière à faire fonctionner les réacteurs plus longtemps, mais également de voir comment utiliser du combustible supplémentaire. C’est-ce qu’on appelle dans le jargon une “modulation du combustible”, soit une extension ou un ravitaillement des unités non-LTO ( pour “long terme operation”, soit le terme technique pour prolongation). Un sujet qui est depuis quelques temps dans une relative impasse. L’exploitant du réseau Elia fait pression pour mettre en oeuvre ce système afin d’assurer la production d’électricité pendant l’hiver 2025-2026, alors que l’exploitant Engie n’y est pas favorable. La position d’Engie n’a d’ailleurs pas changé sur ce sujet. Elle ne souhaite pas une prolongation aussi courte pour des raisons juridiques, techniques et de sécurité.

Une prolongation qui ne va pas de soi

D’autant plus que la prolongation à vie de Doel 1 et 2 et de Tihange 1 n’a rien d’une évidence, car la procédure est relativement complexe. Les premiers sont comme des jumeaux siamois qui partagent même un équipement et tous les trois ne répondent pas aux dernières exigences de sécurité.

Ensuite une prolongation de la durée de vie pour seulement deux ans est une hérésie économique. Enfin la réglementation actuelle exige que les centrales soient soumises à des examens de sécurité tous les dix ans, ce qui devrait être fait en 2025 pour ces centrales. C’est surtout pour Doel 1 que le timing est très serré puisque la centrale doit être fermée dans deux ans et 12 jours, selon le calendrier de fermeture officiel.

L’analyse demandée par le Kern doit être réalisée d’ici la fin mars afin que le gouvernement puisse se prononcer sur la sécurité d’approvisionnement du pays pour les hivers 25-26 et 26-27. En cas de pic de consommation, la Belgique pourrait souffrir d’un déficit de 900 MW à 1,2 GW, selon le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité Elia.

Le MR ne cache pas sa satisfaction

Dans la majorité, le MR n’a pas caché sa satisfaction. “Nous avons toujours dit que le nucléaire constituait notre option privilégiée pour garantir la sécurité d’approvisionnement du pays”, a-t-on indiqué au cabinet du vice-Premier ministre David Clarinval. Le président Georges-Louis Bouchez évoque quant à lui une “obligation de résultat”. “Le MR le réclamait depuis deux ans, le gouvernement s’engage enfin dans la prolongation de cinq réacteurs nucléaires. Après déjà deux en début d’année, ce sont trois autres unités qui s’ajoutent. Il y a une obligation de résultat pour garantir la sécurité d’approvisionnement”, a-t-il souligné sur Twitter. Le CD&V a également salué la décision. “Comme il le faut. La sécurité d’approvisionnement est essentielle. Le futur est au renouvelable et au nucléaire”, a affirmé le président Sammy Mahdi.

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