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Scandales et corruption: cherche Batman wallon et européen

Deux éléments ne cessent d’étonner dans les affaires du greffier wallon et des multiples graissages de pattes qui salissent le parlement européen. L’issue serait-elle de trouver un superhéro qui n’existe pas?

En marge de tout ce qui a déjà été dit, deux éléments ne cessent d’étonner dans les affaires du greffier wallon et des multiples graissages de pattes qui salissent le parlement européen.

Le premier, c’est l’absence totale de toute référence à la morale individuelle et à ces principes qui devraient conduire une vie bonne et juste.

Dire par exemple, au niveau wallon et européen, qu’il faut renforcer les règles et les contrôles pour résoudre le problème, c’est induire que sans cela, les femmes et les hommes politiques ne peuvent pas, en soi, se conformer à une éthique publique. Ils seraient en quelques sorte des handicapés moraux.

Mais c’est vrai que l’on a l’impression de se trouver face à de telles personnes. Dire “j’ignorais le coût et je ne m’en préoccupais pas” quand on loge dans un hôtel 4 étoiles au Qatar et que l’on prend un vol en classe affaires, c’est se rendre coupable soit de mensonge éhonté, soit d’une indifférence tout aussi coupable dans l’usage de l’argent public, c’est-à-dire de notre argent.

De même au niveau du contrôle, attendre des semaines avant de mettre à pied un cadre qui menace de mort ses subordonnés, c’est tout bonnement incompréhensible. On nous dit : “il y a des procédures à respecter”, mais que je sache, dans n’importe quelle entreprise privée, la personne qui fait étal de ses pulsions meurtrières rend son badge et sa voiture de fonction dans l’heure.

Le deuxième élément frappant, c’est finalement notre indifférence d’électeur face aux affaires de corruption qui émaillent la vie publique depuis des décennies.

On ne sait s’il faut s’en consoler, mais cette indifférence n’est pas neuve. Voici plus d’un siècle Lincoln Steffens, journaliste américain, qui avait multiplié les papiers sur les affaires de corruption qui minaient les villes américaines à la fin du 19e et au début du 20e siècle, avait fini par écrire un essai en 1904 pour s’étonner de l’apathie de l’électeur.

Dans son livre (The Shame of the Cities), Lincoln Steffens décrit ce qu’il appelle le boss system, sorte d’interdépendance entre les milieux économico-maffieux et les hommes politiques corrompus. Un système face auquel les électeurs se sentent soit complices, soit enclins au pardon parce que le fautif fait partie de sa communauté (qu’il s’agisse d’un groupe idéologique, géographique ou culturel), soit impuissants. Et devant de tels actes, le dégoût se retire et cède la place à l’indifférence.

Finalement, la seule solution que l’imaginaire américain avait trouvé dans les années 30 face à cette corruption locale endémique était de faire appel aux superhéros. Mais il n’y a pas de Batman wallon, ni de Batman européen.

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