Quand Paul Magnette tend le bâton pour se faire battre

Paul Magnette, président du PS © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du PS s’exprime dans la presse flamande, alors qu’il est critiqué: “Les Flamands doivent toujours travailler dur, les Wallons préfèrent profiter de la vie. Est-ce si mal?”. Malin?

C’était une sortie de Bart De Wever, président de la N-VA, qui avait fait sursauter du côté francophone, mi-janvier: “Ce sont des sots qui travaillent, et ces sots, ce sont les Flamands”. Le leader nationaliste revient depuis quelques semaines avec son leitmotiv du confédéralisme.Et il vient d’asséner un “non catégorique” à la candidature de Paul Magnette, président du PS, candidat Premier ministre. Mais ce dernier n’en rate décidément pas une.

Depuis qu’il a réaffirmé qu’il prendrait ses responsabilités si le PS était premier parti d’une coalition – ce qui est réaliste -, le président socialiste francophone se fait remonter les bretelles en Flandre. Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), lui a suggéré de s’occuper de l’emploi wallon, le PS disposant de tous les leviers pour se faire. Mais Paul Magnette persiste à donner de lui une image susceptible d’irriter en Flandre – ou on ne lui passe rien, aussi, il faut en convenir…

Les Wallons profitent de la vie”

Dans un entretien à Dag Allemaal, relayé par la presse quotidienne, Paul Magnette répond à Bart De Wever: “Les Flamands doivent toujours travailler dur, les Wallons préfèrent profiter de la vie. Est-ce si mal?

La considération vient d’une réflexion plus large sur la Flandre: “Jusque dans les années 1960, la situation était inversée et la Flandre pauvre bénéficiait de la solidarité belge. J’ai l’impression que les Flamands en veulent parfois trop. Je le comprends d’une certaine manière: pendant des siècles, il y a eu de la pauvreté, et il est apparemment dans les gènes des Flamands de travailler aussi dur que possible.”

Si l’analyse est valable, s’il est certainement positif de profiter de la vie, est-ce vraiment adéquat de l’exprimer de la sorte en Flandre, à l’heure où l’on reproche le manque d’activité en Wallonie? Comme s’il s’agissait de donner le bâton pour se faire battre.

Paul Magnette a précisé: “Rendre la chute d’une blague pour une déclaration politique, où est-on?! Confirmation qu’il n’y a pas de place pour le second degré en politique. Et encore moins quand on fait exprès de ne pas comprendre.”

On ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment, dans cette nouvelle séquence politique, que les partis puissants des deux communautés du pays – N-VA et PS – se cherchent à nouveau l’un l’autre alors que les élections approchent, pour se renforcer dans leur propre camp.

Le confédéralisme de la N-VA? Paul Magnette ne veut pas en entendre parler: “Le confédéralisme signifie la fin de la Belgique, dit-il. Si vous divisez la sécurité sociale, il ne vous restera pas de pays. Alors pourquoi la N-VA veut-elle encore garder la Belgique ? Simple: parce que les nationalistes flamands veulent Bruxelles.”

Pourtant, les circonstances imposeront plus que probablement à Bart De Wever et à Paul Magnette de se parler après mai 2024.

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