Marcourt à Mittal: « nous utiliserons tous les moyens pour vous faire plier »

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Le ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, a lancé mercredi un appel solennel au groupe ArcelorMittal qui a annoncé la semaine passée sa volonté de fermer 7 des 12 lignes de la phase à froid à Liège.

Au cours d’un débat au parlement wallon, il a demandé aux dirigeants du géant de l’acier de respecter les engagements qu’ils ont pris lorsqu’ils ont rencontré les responsables politiques wallons ou fédéraux. Le ministre a visé tant les investissements dans les lignes stratégiques de la phase à froid que l’assainissement du site, la pénalité de 20 millions d’euros due pour la non-réfection des hauts fourneaux ou encore la dette sociale. « Prouvez-le », a-t-il répété avant d’adresser une mise en garde au groupe sidérurgique: « Si c’est votre volonté d’assumer votre responsabilité sociale, offrez les outils à quelqu’un qui peut réussir là où vous avez échoué, sinon sachez que nous utiliserons tous les moyens pour vous faire plier ».

Les leviers dont dispose la Région wallonne à l’égard d’ArcelorMittal ont été au coeur du débat parlementaire. Certains ont pris clairement position en faveur d’un portage public dans l’attente d’un repreneur, que ce soit la chef de groupe PS, Isabelle Simonis, privilégiant une opération par le biais de la Sogepa, ou Véronica Cremasco (Ecolo).

« Nous sommes déterminés et le gouvernement ne négligera aucune piste, pas même un portage temporaire », a déclaré pour sa part M. Marcourt.

Le vote d’une loi au parlement fédéral permettant de contraindre à la cession d’un outil que son propriétaire veut fermer est également revenu sur la table après les réticences exprimées dans certains partis flamands.

Michel de Lamotte (cdH) a rappelé la solidarité que la Wallonie a témoignée envers la Flandre quand la fermeture de Ford Genk a été annoncée. « J’ose espérer que les travailleurs d’ArcelorMittal à Liège pourront bénéficier de la même attention des divers niveaux de pouvoir et de la même volonté de ceux-ci d’étudier toutes les pistes possibles », a-t-il ajouté.

Le scepticisme était néanmoins de mise dans l’opposition: la solidarité en Belgique se traduit par une solidarité de la Wallonie vers la Flandre, et jamais l’inverse, a affirmé Christine Defraigne (MR).

« Vous n’obtiendrez jamais une majorité politique pour voter une nationalisation au fédéral », a prédit Bernard Wesphael (MDG) qui a appelé le gouvernement wallon à se saisir des moyens classiques d’expropriation pour cause d’utilité publique afin d’évincer ArcelorMittal de Liège. Le député a en outre reproché à l’exécutif de ne pas avoir anticipé une réflexion sur la possibilité de nationaliser un outil.

L’idée de portage public n’a été rejetée par personne mais, au-delà de sa portée politique, elle a suscité beaucoup d’interrogations, en particulier dans les rangs du MR et cdH, sur sa faisabilité juridique et financière.

« Les batailles juridiques vont être longues », a averti Mme Defraigne.

Les condamnations du groupe Mittal ont été unanimes au même titre que les rappels, qui faisaient parfois figure d’incantations, du caractère structurant de la sidérurgie en Wallonie et de l’avenir qu’il fallait lui assurer. Au-delà des mots, les représentants politiques wallons ont cependant semblé démunis devant le « coup de massue » que leur a asséné le sidérurgiste.

« Le gouvernement doit dire la vérité, toute la vérité », a demandé la députée MR.

Le ministre-président Rudy Demotte a annoncé mardi la création d’une task force qui étudiera toutes les pistes permettant de sauver l’outil liégeois. Elle doit être assistée d’un consultant qui ne semble manifestement pas facile à trouver. Selon M. Marcourt, ArcelorMittal exerce des pressions sur les candidats potentiels afin qu’ils refusent les offres wallonnes.

Le gouvernement a pris contact par ailleurs avec le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui avait préconisé une nationalisation du site lorrain de Florange, également propriété d’ArcelorMittal. Celui-ci a transmis les pistes qu’il avait dégagées pour ce faire à ses collèges belges, a indiqué M. Marcourt.

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