Ludivine de Magnanville (Horeca Bruxelles): “Les restaurateurs n’ont plus rien, les caisses sont vides”

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Dans notre Trends Talk, la présidente de la Fédération met en avant la situation précaire du secteur après trois années de Covid, d’explosion de l’énergie et d’inflation.

Ludivine de Magnanville, présidente de la Fédération Horeca Bruxelles, est l’invitée de notre Trends Talk hebdomadaire, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Issue du collectif des « révolutionnaires » de la période Covid, elle a rejoint les rangs des « légitimes » pour peser davantage, avant d’être élue à sa tête en janvier 2022. Premier femme à diriger l’institution, âgée de 35 ans « à peine », elle a connu des débuts difficiles avec de nombreuses désaffections, avant que le travail paye. « Depuis, nous avons triplé le nombre d’adhérents », se réjouit-elle.

Ludivine de Magnanville évoque une situation qui reste difficile en raison de trois années d’impact négatif : après le Covid sont arrivées l’explosion de la facture d’énergie et l’inflation. « Beaucoup de gens arrivent en disant qu’ils n’ont plus rien, souligne-t-elle. Les caisses sont vides. »

“Notre travail a une valeur”

Les bars et restaurants ont pourtant repris et ne désemplissent pas : c’est l’image que perçoit. Cela ne signifie pas qu’ils sont prospères. « Ce n’est pas pour autant que l’on fait du chiffre d’affaires, souligne Ludivine de Magnanville. Cela doit bien être expliqué aux clients et aux personnes qui nous dirigent : ce n’est pas parce que l’on doit s’y reprendre trois ou quatre fois pour réserver un restaurant un vendredi soir que le restaurateur gagne sa vie. Parce que tout augmente, il y a l’inflation, mais aussi l’indexation des salaires. Nous n’avons jamais été contre parce que si vous êtes indexé, vous ne perdez pas votre pouvoir d’achat et vous continuez à venir manger chez nous. Mais beaucoup de restaurateurs hésitent encore, en retour, à augmenter leur prix. »

Dans le secteur, tout est question d’un subtil équilibre, entre le fait de rentrer de ses frais et de ne pas faire fuir le client. « Il faut pouvoir expliquer au client que notre travail a un coût, a une valeur, que nous employons des gens et que nous achetons des marchandises : nous ne pouvons pas vendre à perte. » Quand les clients demandent un « geste » ou « le petit verre du patron » à la fin du repas, peut-être ne comprennent-ils pas que la situation des restaurateurs est loin d’être aisée…

Des chefs, à l’instar de Maxime Maziers cette semaine, décident de jeter l’éponge. La café Monk est contraint d’arrêter faute d’un bail renouvelé « Certains se demandent si cela vaut encore la peine d’avoir un établissement plein sans pouvoir se payer, reconnaît la présidente. Nous sommes las de trois ans où nous avons été un des secteurs les plus impactés. On ne doit pas toujours s’apitoyer sur son sort, mais ce sont des faits. De telles fermetures, cela arrivera toujours. Quand une entreprise s’en va, une autre arrive. Mais il ne faut pas oublier que derrière cela, il y a des humains. »

“Le pays le plus taxé”

La pénurie de personnel, dans l’Horeca, est-il un autre souci de l’heure ? « Moi, je ne parle pas de pénurie, je parle de manque d’engagements. Il faut quand même savoir que 43% ou 46% des entreprises songent à licencier parce que le personnel, dans ce contexte, coûte trop cher. Je suis ravie de voir qu’il a été dit à haute voix dans la presse des derniers jours que nous sommes le pays le plus taxé au niveau du travail. C’est une réalité. » Une réforme fiscale s’impose, d’urgence, soutient-elle.

Ludivine de Magnanville évoque encore longuement, dans notre Trends Talk, les atouts de Bruxelles en matière de diversité culinaire ou l’important combat des femmes, via un concours de cheffes ou le mouvement « Balance ton bar 

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