Lire la chronique d' Amid Faljaoui

Les voitures de société n’ont jamais été aimées par les politiques…

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Depuis ce mardi, nous savons que les voitures de société vont être sacrifiées sur l’autel du verdissement de notre planète. L’objectif est, en soi, très noble.

Si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de réduction des émissions de CO2 et limiter le réchauffement climatique, il est donc normal que les voitures de sociétés doivent aussi s’adapter à cette nouvelle donne. Rien à dire sur ce principe partagé par tous, mais comme toujours le diable se niche dans les détails…

En effet, pour nous inciter à verdir notre parc automobile, le gouvernement prévoit qu’à partir de la date charnière de 2026, seules les voitures sans émission carbone seront déductibles à 100%. Quant aux autres voitures thermiques, c’est simple : pour nous décourager d’en acheter, leur déductibilité fiscale sera réduite progressivement jusqu’à 0% en 2028. Là encore, rien que de très normal.

Mais c’est ici que le diable vient se nicher dans les détails : laisser les voitures électriques être déductibles à 100% aurait provoqué un manque à gagner fiscal pour l’Etat d’un milliard d’euros à l’impôt des sociétés, auquel il faut encore ajouter 2 milliards d’euros de baisse de recettes en TVA et accises. Donc, la décision a été prise de réduire la déductibilité des voitures électriques dans le temps. En clair, si la voiture électrique sera déductible à 100% en 2026, cette déductibilité ne sera plus que de 67,5% en 2031.

Je comprends le raisonnement budgétaire, mais alors il faut être clair et ne pas dire que cette chasse aux voitures de société est une chasse en faveur du verdissement de notre planète, sinon pourquoi limiter la déductibilité? C’est donc une chasse contre les voitures de société tout court sous couvert de lutte contre le climat…

Et puis, autre remarque, ce gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les impôts officiellement. En réalité, pour la classe moyenne, la taxation est en train de grimper officieusement, via ce que j’appelle les impôts occultes. On vient de le voir pour les voitures de société, on le voit également via le gel des montants déductibles fiscalement comme par exemple pour l’épargne pension. Mais on le voit aussi via les projets d’alourdissement de la fiscalité de la pension extra-légale sous prétexte qu’elle coûte de l’argent à l’Etat fédéral. Les exemples d’impôts occultes ne manquent pas : un autre exemple encore, la cotisation de solidarité minimale qui est due sur toutes les voitures de société, même celles qui n’émettent pas de CO2, va être progressivement augmentée entre 2025 et 2028.

Tout cela, alors que les améliorations des moyens de transports alternatifs à la voiture sont toujours eux dans les cartons. C’est Colbert qui disait que l’art de la taxation consistait à plumer l’oie pour obtenir le maximum de plumes avec le moins possible de cris. Avec ces impôts occultes, la Vivaldi vient d’inventer une nouvelle fiscalité : le fiscalement correct (c’est ce qu’on appelle un double salto arrière).

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