Le Plan Marshall devient numérique et circulaire

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Le gouvernement wallon a présenté ce jeudi les nouvelles orientations du Plan Marshall, afin d’intensifier “la logique d’innovation”. Désormais baptisé “Plan Marshall 4.0”, il bénéficiera d’un budget de 2,5 milliards sur cinq ans.

“Tous les économistes nous annoncent une croissance faible pour les vingt prochaines années, mais cette croissance peut être durable si elle est bien ciblée.” Le ministre-président wallon Paul Magnette (PS) entend donc procéder à un “recentrage” des moyens dévolus au Plan Marshall, le dispositif emblématique de l’action du gouvernement régional depuis 2005. Que signifie donc ce recentrage ?

  • Un Plan Marshall plus que jamais concentré sur l’innovation. Comment ? Par la mise en avant des technologies numériques et de l’économie circulaire, axes transversaux qui s’ajoutent aux six pôles de compétitivité. Nouveauté : le secteur de la santé (qui pèse 60.000 emplois en Wallonie) est inclus dans le Plan.
  • Des projets de recherche plus proches du marché. Les projets des pôles de compétitivité devront être plus attentifs à “la valorisation industrielle”, à la capacité à mettre rapidement sur le marché les produits qui découleront de la recherche subsidiée. Cela pourrait se concrétiser par une modulation des aides et un allègement des charges administratives.
  • L’accompagnement de la croissance des PME. Le ministre de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS) entend “renforcer la place des PME dans l’action des pôles de compétitivité”. “Nous devons soutenir les PME structurantes, dit-il, celles qui ont un fort potentiel de croissance et peuvent en entraîner d’autres dans le mouvement.” Cela peut passer par des aides au management, par un financement plus adéquat, par un accompagnement vers une introduction en bourse…
  • L’accent sur l’efficacité énergétique. Le renvoi des écologistes dans l’opposition n’a pas gommé tous les éléments “verts” du Plan Marshall. Ainsi l’Alliance Emploi-Environnement est maintenue, en tout cas dans son volet d’isolation des bâtiments. Des dispositions spécifiques seront élaborées pour les zones d’activité économiques qui pourraient presque devenir “autarciques” en matière d’énergie, pour reprendre le terme de Maxime Prevot (cdH), ministre des Travaux publics.

Un budget de 2,5 milliards

Qui dit recentrage, dit éviction de certaines politiques jusqu’ici financées dans le cadre du Plan Marshall. Les ministres wallons ne sont guère diserts à ce propos. Tout au plus, lâchent-ils que la construction de 6.000 logements sociaux ou la création de places en crèche (plan Cigogne) ne seront plus repris dans le Plan Marshall. “Cela ne signifie pas que ces politiques sont abandonnées ou considérées comme secondaires”, précise immédiatement Maxime Prevot.

Le Plan Marshall 4.0 disposera d’un budget équivalent à celui de ses prédécesseurs, soit 2,5 milliards d’euros sur la législature. Les mesures seront maintenant débattues avec les partenaires sociaux et la Fédération Wallonie-Bruxelles (pour le volet formation, avec un accent sur les filières d’alternance). Sur cette base, un plan précis et budgétairement ventilé sera présenté au printemps prochain.

Dites désormais Plan Marshall 4.0

Le Plan Marshall 2.Vert cèdera donc le relais l’an prochain au Plan Marshall 4.0. “Nous passons directement du 2 au 4 pour bien montrer l’urgence et la volonté d’accélérer”, explique Paul Magnette. La dénomination se réfère aussi au programme Industrie 4.0 initié par l’Allemagne et qui anticipe une économie de produits et de services interconnectés. D’où notamment un accent mis sur le numérique et l’économie circulaire.

Dans son numéro du 16 octobre, Trends-Tendances répertoriait les 5 grands freins à la réindustrialisation de la Wallonie. Les adaptations présentées ce jeudi y répondent, notamment avec une attention accrue aux suites commerciales des projets de recherche et un encadrement de la croissance des PME. En revanche, rien n’est annoncé en matière de gouvernance, de cette lancinante guerre des bassins qui n’en finit pas de brider les actions. Il est vrai que, officiellement, la guerre des bassins n’existe pas et que, depuis 2005, le Plan Marshall a mis fin au saupoudrage politique des moyens…

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