Le Brexit est “une occasion à saisir”, selon les partis politiques belges

Charles Michel © BELGA

Après la victoire du Brexit avec 51,9% des voix, les réactions politiques pleuvent en Belgique. Le Premier ministre Charles Michel veut, lui, “rebondir” après cette “claque pour le projet européen”. Il suggère notamment l’organisation très rapide d’un conclave sur le futur de l’Union européenne.

“Brexit : la catastrophe bienvenue”, ce titre en forme d’oxymore du site français Mediapart résume bien la tonalité des réactions politiques en Belgique. Personne ne se réjouit du départ d’un des pays les plus puissants, mais tous veulent y voir une occasion pour l’Europe de rebondir.

Les coprésidents d’Ecolo Zakia Khattabi et Patrick Dupriez parlent de “réinitialiser le projet européen”, d’oser un ‘ctrl+alt+delete’ pour mettre fin aux bugs incessants et rendre le projet européen à nouveau “capable de produire un avenir désirable et des solutions crédibles au service des fondamentaux européens de solidarité”.

On repartirait pratiquement de zéro. Mais pour faire quoi ? “La Commission européenne doit prendre la mesure de la situation et accepter de se remettre en question, répond le cdH. Qui peut croire qu’on réenchantera l’Europe à coups de règlements draconiens, de mesures tatillonnes ou en favorisant le dumping social entre ressortissants européens ?” Le parti humaniste ne veut pas que l’Europe se cantonne dans “des considérations strictement mercantiles”. “Elle ne peut être réduite à une monnaie commune, ou à un vaste marché”, dit le parti de Benoît Lutgen.

Le parti socialiste abonde en ce sens. “Ce serait une erreur de faire mine de relancer le projet européen en le limitant à un grand marché dérégulé ou en renforçant encore l’austérité, précise son président, Elio Di Rupo. On ne refondera pas l’Europe sur la base de ce qui la mène à sa perte.” “We want our Europe back”, ajoute-t-il, avec une belle ironie en allusion au fameux “we want our money back” de Margareth Thatcher, à l’époque déjà en froid avec le projet européen.

Elio Di Rupo attend de la nouvelle Europe qu’elle fasse preuve “d’énergie pour taxer la spéculation, instaurer une gestion commune de la dette, stopper la compétition fiscale et sociale entre États, instaurer un socle commun ambitieux de droits sociaux, réguler le commerce international, mettre en place des mécanismes de solidarité, assurer le contrôle démocratique des institutions européennes.”

Ce ne sont sans doute pas exactement les mêmes pistes que Charles Michel a en tête quand il demande la tenue, dès le mois prochain, d’un conclave des chefs d’État et de gouvernement (sans la Grande-Bretagne évidemment), afin de définir “des orientations d’avenir claires pour l’Europe”. “Il n’y a pas de doute, commente-t-il, les résultats de ce referendum, représentent une claque pour le projet européen. Il faut garder la tête froide, rebondir et prendre des initiatives.”

Les partis de la coalition fédérale ne s’étendent guère plus loin quant au futur de l’Union européenne. Ils préfèrent sans doute temporiser, eux qui ont perdu, avec la Grande-Bretagne, un allié politique de poids en faveur de la dérégulation et d’une maîtrise des interventions publiques. N’oublions pas qu’au Parlement européen, les députés N-VA font partie du groupe dominé par les conservateurs britanniques.

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