La Wallonie débloque un demi-milliard pour aider les entreprises

Elio Di Rupo lors de la présentation du nouveau plan de relance wallon, le 28 mars.
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Des mesures de soutien sont également prévues pour les particuliers, à travers notamment la hausse des primes sur les travaux visant à améliorer l’efficacité énergétique des logements.

Le gouvernement wallon a bouclé ce vendredi son conclave budgétaire. L’exercice était rendu particulièrement délicat avec d’une part des demandes d’aides urgentes pour faire face à l’explosion des coûts énergétiques ; et d’autre par la volonté politique de limiter le recours à l’emprunt, afin que la dette régionale, observée avec une circonspection croissante sur les marchés, demeure soutenable. Les besoins d’emprunt seraient de 2,5 milliards en 2023, un montant conforme aux recommandations du conseil régional du trésor. Cela atteste d’un net ralentissement par rapport aux emprunts de 2022 (3,5 milliards), de 2021 (3,7 milliards) et de 2020 (5,3 milliards).

Globalement, le déficit de la Wallonie est ramené de quatre à trois milliards d’euros. Le dépassement provient surtout de dépenses jugées exceptionnelles par le gouvernement (plan de relance, inondations, ukraine ou urgences énergétiques). Le déficit structurel ne serait “que” de 111 millions, ce qui est mieux que l’objectif initial et devrait permettre d’arriver à l’équilibre structurel en 2024.

La facture d’énergie des ménages

Ce cadre budgétaire n’empêche les actions pour répondre à la crise énergétique. Le ministre-président Elio Di Rupo (PS) cite le chiffre de trois milliards d’euros mobilisés à cette fin, sans trop de précision sur ce que ce montant recouvre. Il englobe en tout cas une mesure, importante, mais qui ne passe pas par le budget wallon : les gestionnaires de réseau de distribution (ORES, RESA…) devront répercuter directement sur la facture des ménages une partie des bonis (le gouvernement ne parle pas de “surprofits”) de ces dernières années et qui étaient “inutilement conservés” dans leurs réserves. Une contribution similaire sera exigée auprès des grandes producteurs d’énergie renouvelable, qui ont aussi bénéficié de l’envolée des prix. Ces dispositions allègeront clairement la facture des particuliers.

Autre mesure qui ne coûte rien à la Région : la modulation de l’indexation des loyers selon la performance énergétique des bâtiments. Moins le logement est isolé, moins le loyer sera indexé. Les trois quarts du parc locatif wallon sont concernés par cette limitation ou suppression de l’index.

Des aides directes aux entreprises

Les entreprises bénéficieront, elles, d’aides estimées à 505 millions d’euros. Une enveloppe de 175 millions est dévolue à des aides directes aux entreprises dont la facture énergétique trimestrielle a doublé par rapport à la période correspondante l’an dernier. Le montant de l’aide est augmenté pour les secteurs les plus énergivores (production d’aluminium, de verre, de pâte à papier, d’engrais, d’hydrogène et de produits chimiques). En plus de ces aides directes, le gouvernement wallon a prévu des moyens pour l’octroi de garanties et de prêts à taux réduits (voire nuls) pour les entreprises. “Nous saluons le geste du gouvernement mais il ne sera guère suffisant”, a commenté l’Union des classes moyennes.

Le salaire des ministres raboté

La Wallonie aurait-elle pu faire plus, tout en restant dans les clous budgétaires ? Du côté du gouvernement, on insiste sur le respect de la trajectoire de réduction de la dette. On va même plus loin que l’effort annoncé de 150 millions par an, avec 250 millions cette année (ce qui fait 400 millions sur deux exercices). Ces économies sont atteintes en reprenant quelques pistes du “budget base zéro” (arrêt du dispositif Impulsion, réforme des chèques-entreprises…), en rabotant de 8% les indemnités ministérielles (ce qui revient, de facto, à une non-indexation), en comprimant les dépenses de l’administration et des cabinets etc. Du côté des recettes, on table sur “une gestion dynamique des participations financières de la région”, ce qui signifie sans doute que le gouvernement attend une hausse des dividendes provenant des entreprises participées. Le gouvernement a par ailleurs décidé de mobiliser 703 millions sur les réserves accumulées ces dernières années par les organismes d’intérêt public (de l’Aviq au Forem en passant par la SRIW et une trentaine d’autres institutions). Il faut savoir que les deux tiers des dépenses régionales passent par ces OIP.

Enfin, le gouvernement wallon a raboté le plan de relance pour réorienter des moyens vers la politique énergétique. Certains projets seront donc reportés (beaucoup connaissaient de toute façon un retard administratif) voire abandonnés. Les 42 projets prioritaires définis avec les partenaires sociaux ne sont pas concernés par ces économies, leur mise en route est bien confirmée par le gouvernement.

Ces économies ont permis de dégager un espace suffisant pour permettre l’indexation des salaires APE et des allocations familiales.

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