“Il faut s’attaquer à l’économie parallèle dans l’horeca”

Illustration. © PG
Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Dans une lettre à la Fédération Horeca Bruxelles, Christian Bouchat, le secrétaire Régional de la FGTB Horeca Bruxelles, propose une forme de DLU pour assainir le secteur.

1. Pourquoi envoyez-vous cette lettre aujourd’hui?

Parce qu’il y a eu le covid, que le secteur a été aidé. Les brigands, les voleurs, les délinquants ont été aidés comme les autres, et cela suffit! Quarante pour cent des entreprises fonctionnent avec des fonds propres insuffisants. Elles ne vont pas voir leur banquier, elles fonctionnent avec du net, elles paient au prix du camion, elles ont des dettes phénoménales. Le secteur, plutôt que de s’être amendé pendant la période que nous avons vécue, agit pire qu’avant. Nous sommes dans un pays démocratique, l’Etat a le devoir de permettre une concurrence loyale entre les acteurs économiques. En Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, un travailleur du secteur horeca n’est pas un travailleur qui n’est déclaré qu’en partie et payé au noir. Chez nous, c’est catastrophique. Il faut s’attaquer au système de l’économie parallèle.

2. Vous écrivez avoir l’intention de citer en faillite les établissements fonctionnant “en parallèle”. Est-ce à vous de le faire? Et que faites-vous de l’emploi ?

Normalement, vous avez raison, ce ne serait pas à nous de le faire. Notre rôle devrait être beaucoup plus tempéré. C’est à l’Etat de poursuivre les entreprises qui ne déposent pas leurs comptes dans les temps, qui ont des fonds propres insuffisants, etc. Mais les services de dépistage des tribunaux de l’entreprise ne fonctionnent pas. Par ailleurs, nous perdons très souvent notre temps devant le tribunal du travail avec des procès qui durent parfois trois-quatre ans, impliquant des entreprises qui ne disposent pas de fonds suffisants. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer à citer des établissements en faillite. Concernant l’emploi, croyez-moi, à partir du moment où la demande existe, il y aura de l’offre. Les restaurants qui ferment rouvriront très rapidement, exploités par d’autres. Il y en aura peut-être un peu moins, mais cela ne signifie pas moins de travailleurs.

3. Vous dites toutefois qu’il faut aider les établissements qui accepteraient de rentrer dans les clous grâce à une forme de DLU. Comment voyez vous-cela?

Le chemin le plus simple pour passer d’une économie informelle à une économie formelle consiste à passer par une faillite bien organisée qui fait que l’Etat prend en charge la totalité des frais. Mais tout le monde ne dispose ni du temps ni des compétences nécessaires pour faire ce genre de chose. Je prône du coup un accord avec l’Etat belge qui ferait en sorte que ceux qui décident de passer à une économie formelle ne doivent pas payer des millions parce que l’on découvre qu’ils ont travaillé en partie au noir pendant 10 ans. Il s’agit de leur permettre de payer un certain montant afin d’être tranquilles par rapport à leur fraude. Aux Pays-Bas, c’est ce qui a été fait. On a donné au secteur un délai très court pour pouvoir se mettre en ordre, sans que le fisc ne regarde ce qu’il s’était passé avant.

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