Georges Ugeux : “c’est un drame”

© Belga

Sur son blog, l’ancien vice-président de la Bourse de New York aujourd’hui banquier d’affaires, Georges Ugeux, disait que s’il avait voté Hillary Clinton, c’était surtout parce que ” en aucun cas, je ne pourrais envisager de soutenir un candidat qui me révulse sur le plan moral, social et politique “. Aujourd’hui que la victoire de Donald Trump est acquise, on sent Georges Ugeux très préoccupé.

Comme la plupart d’entre nous, vous ne vous attendiez pas à un tel résultat ?

Non, je dois être honnête. C’est un drame. Je suis à la fois profondément déçu et extraordinairement inquiet.

Comment expliquer la victoire de Trump ?

Je ne comprends pas. C’est sans doute la conséquence d’un certain blocage des électeurs devant le politique. Ils n’ont pas voté pour Trump, mais pour ce qu’il représente, une opposition face à la politique traditionnelle et à une Hillary Clinton apparaissant comme membre d’une dynastie. Hillary Clinton a commis plusieurs erreurs. Une des plus importantes a été de s’adresser à 80% aux femmes, alors que le vote des femmes lui était acquis. Mais qui devait-elle convaincre ? Les maris, les fils, … Et elle ne l’a pas fait. Trump a pu séduire de son côté tous les “laissés-pour-compte”… Mais avec un président républicain et un congrès républicain, ils se rendront compte de l’écart qu’il y a entre l’idéologie républicaine et leurs aspirations. Obama avait réussi à apporter une couverture de soin de santé à 22 millions d’Américains. Ce système risque d’être démantelé.

Les déclarations matamoresques de Donald Trump font peur, mais ne s’agissait-il pas d’une posture politique ? Ne va-t-il pas faire une courbe rentrante pour réconcilier le pays ?

Je crois qu’il en est incapable, à moins d’être aidé par un bon psychiatre. Il a essayé plusieurs fois, il n’a jamais tenu plus de 48 heures.

Mais il ne va pas gouverner tout seul. Il va y avoir une équipe autour de lui qui peut servir de modérateur…

Je ne crois pas, quand on voit qu’il s’entoure de personnes comme Rudi Giuliani (l’ancien maire de New York) ou Chris Christie (gouverneur du New Jersey). En outre, lors de la campagne beaucoup de gens lui avaient dit de changer de comportement. Il ne l’a pas fait, et il se trouve aujourd’hui conforté puisqu’il remporte la victoire. Une chose m’avait frappé au pan économique, il s’était entouré d’une équipe dans laquelle on ne retrouvait pas un seul économiste…

Personne n’avait attendu cette issue, pas même Wall Street qui s’apprête à faire le grand plongeon. Il va falloir réunir le pays…

Et l’on parle de la première puissance mondiale. Quelle va désormais être la place des Etats-Unis dans le monde ? Nous avions pris l’habitude de critiquer l’Oncle Sam, mais de continuer à faire appel à lui en Irak ou ailleurs. Aujourd’hui, nous ne savons plus quel type d’Oncle Sam nous aurons.

Partner Content