Les dépenses folles des partis sur les réseaux sociaux (infographie)

Bart De Wever
Bart De Wever

Ces dernières années, certains partis politiques belges ont dépensé sans compter sur les réseaux sociaux. Dans le top 3 on retrouve la N-VA, le Vlaams Belang et le PVDA/PTB.

En 2022, les partis politiques belges ont dépensé près de 5 millions d’euros (4.999.583) en publicité sur Facebook et Instagram selon les chiffres du collectif Adlens.

72% de cette somme a été dépensé par la N-VA, le Vlaams Belang et le PTB/PVDA (pages francophone et néerlandophone). Et 58% du montant total ont été dépensés par la N-VA (1,7 million) et le Vlaams Belang (1,1 million). Des budgets dignes de multinationales. Avec 336.781 euros dépensés en 2022, L’Open VLD arrive en quatrième position. En Belgique, 64 centimes d’euro par habitant a ainsi été versé en moyenne en 2022 à Meta pour des publicités payantes. Notre pays se place ainsi en sixième position sur 37 pays européens.

Selon De Morgen, les dix premiers annonceurs dans notre pays sont des partis politiques. Une année où il n’y avait aucune élection, rappelons-le. Selon la RTBF, les partis belges seraient même « les plus grands dépensiers en Europe ».

Investir sur les réseaux sociaux, une passion surtout flamande

Pour certains partis situés aux extrêmes de l’échiquier politique, c’est là un moyen de contourner le marché publicitaire plus classique ou encore les émissions télévisuelles auquel ils n’ont pas facilement accès. Cela expliquerait pourquoi un parti d’extrême gauche donne des milliers d’euros à une entreprise comme Meta.

Néanmoins, investir en masse sur les réseaux sociaux est surtout un sport des politiques flamands. Ainsi si l’on regarde les dix publicités en ligne les plus chères de ces quatre dernières années, huit sont de la N-VA et deux du Vlaams Belang. Tous les partis francophones ne sont ainsi derrière que 10% des montants. Et si le parti qui a augmenté le plus son budget est le PS, avec une hausse de 70%, l’investissement reste dérisoire par rapport à d’autres. Puisque même comme cela il reste en bas du classement et leurs investissements sont cinq fois moindres que le MR.

Ce parti reste en effet l’un des partis francophones qui dépensent le plus et ou 88% du budget est consacré aux pages personnelles. Ainsi si Georges-Louis Bouchez a diminué de près de moitié ses dépenses Facebook en 2022, et se retrouve en 13e position, l’ensemble des dix premières publicités du MR consiste à le promouvoir. Soit en annonçant quand Bouchez passera à la télévision ou pour encourager à le suivre. Et ainsi augmenter sa “base” en ligne.

Un contenu qui peut parfois surprendre

Si beaucoup de posts sont axés sur les chefs de parti, surtout sur Bart De Wever( N-VA) et Tom Van Grieken (Vlaams Belang), le contenu de certains messages sponsorisés peut surprendre.

Par exemple la N-VA a dépensé pour mettre en avant une seule publicité en ligne sur la maltraitance des animaux près de 230 000 euros.

Une somme qui semble un peu exorbitante alors que le sujet ne semble pas vraiment être le cœur de cible de ce parti. Mais, selon De Morgen, Vooruit, Groen et Vlaams Belang consacrent eux aussi argent et efforts à la publicité sur le bien-être des animaux. Un sujet qui plaît particulièrement sur les réseaux et qui n’est guère clivant. Et puis, et cela n’a évidemment rien d’innocent, cela permet de récolter un maximum de données et même des numéros de téléphone, pas toujours de façon très transparente. Il n’empêche que la somme est tout de même un peu folle lorsqu’on sait qu’un tract (impression et distribution) pour toute la Flandre coûte, selon De Morgen, que 200.000 euros.

Merci les contribuables

Les 5 millions dépensé viennent en grande partie des électeurs puisque les partis sont financés à 75% par l’argent du contribuable. Chaque parti reçoit ainsi une somme d’argent, en fonction de son nombre d’élus à la Chambre et au Sénat. En 2023, les partis qui ont au moins un élu à la Chambre recevront un montant fixe de 206.048,72€ plus 2,5€ par vote favorable lors des dernières élections législatives. A cela s’ajoute celle du Sénat soit 175.000€ plus 3,5€ par vote.

Ces 5 millions ne sont quoi qu’il en soit qu’une petite partie des 93 millions d’euros qu’ils brassent chaque année, dont 75 millions d’argent public, selon la RTBF. Un argent qui n’est d’ailleurs pas que dépensé sur les réseaux sociaux puisque la N-VA investit aussi dans l’immobilier. Ce qui fait dire à Vincent Laborderie, politologue à UCLouvain, que certains partis sont quasiment devenus des entreprises.

Pas de limites ou presque

Aujourd’hui, il n’existe pas vraiment de limite à l’utilisation de cette dotation, hormis la période de prudence (les 4 mois avant les élections). Pendant cette période les partis ne sont autorisés à dépenser qu’un million d’euros pour leurs campagnes. Mais rien ne les empêche de dépenser sans compter sur les réseaux sociaux avant.

Rappelons aussi que lors de la campagne de 2014, toute propagande sur les réseaux sociaux était interdite. Elle ne sera autorisée qu’à partir de 2019. Les règles pourraient à nouveau bientôt changer puisqu’une éventuelle limitation des budgets et du ciblage pour la propagande sur les réseaux sociaux est à l’étude. En attendant, les partis vont plus que probablement dépenser encore plus en 2023 puisque l’inflation augmente la dotation, mais aussi les tarifs des réseaux sociaux. Et puis c’est une année préélectorale.

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