Face aux tensions économiques et climatiques, l’économie sociale et solidaire s’affiche en artisan de la paix

#EU Green Deal ou le Pacte vert européen © iStock

Crise énergétique, climatique et alimentaire: face aux multiples défis auxquels font face les pays européens, plusieurs acteurs de l’économie sociale et solidaire lancent un appel aux dirigeants de l’Union. Pour eux, ce système économique alternatif est la clé pour maintenir la paix sur le continent.

En ce mois d’octobre marqué par le prolongement de la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la crise alimentaire et l’inflation, le Groupe SOS a publié un appel à destination des responsables européens. Un appel signé par 33 acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) issus de 16 pays européens, dont les Belges EVPA, Bantani Education, et Pour la Solidarité.

Créé en 1984, le Groupe SOS est un groupe associatif à but non lucratif, sans actionnaire, et se présentant comme le “leader de l’entrepreneuriat social en Europe“. Il regroupe 650 associations, entreprises sociales et établissements, qui “combattent, agissent et innovent au profit des personnes en situation de vulnérabilité, des générations futures et des territoires“.

Pour convaincre les leaders européens, le groupe des 33 titille la corde sensible de l’histoire européenne en affirmant que l’économie sociale et solidaire est “le futur de l’Europe“, mais aussi “ses racines“. En cherchant dans les traités européens qui régissent aujourd’hui le fonctionnement de l’Union européenne, ils pointent ainsi que celui de Rome (1957) mentionne comme objectif le “progrès économique et social“. Celui de Lisbonne (2007) fait de “l’économie sociale de marché une référence“. Et enfin, le fameux Pacte vert européen, ou Green Deal, s’appuie évidemment sur l’ESS.

“L’économie de la paix”

Pour le Groupe SOS, l’économie sociale et solidaire est “une économie de la paix, de la redistribution des richesses et de la prise en compte de tous les impacts sociaux et environnementaux“. Et pour que l’ESS devienne le “moteur qui fera de l’Europe la plus grande puissance économique sociale et écologique“, le Groupe souhaite que l’Union européenne se dote “d’une politique ambitieuse en matière d’économie sociale et solidaire“.

Selon eux, performance économique et intérêt généralne peuvent plus être opposés” et doivent plutôt se rejoindre sous la bannière de l’économie sociale et solidaire, avec des acteurs économiques qui privilégient “leur impact social et environnemental plutôt que leur bénéfice financier“.

Les signataires argumentent que l’économie sociale et solidaire “représente déjà plus de 13 millions de salariés à travers l’Europe, répartis dans près de 3 millions de structures“, et draine “25% des créations d’entreprise du continent“. Pour eux, “ce n’est que le début, et le monde nous regarde“. Allant jusqu’à parler de “génie européen“, le groupe affirme que l’ESS inspire les grandes organisations internationales.

Epargne solidaire et mesure de l’impact social et environnemental des entreprises

Pour pousser les Etats membres à amplifier cette dynamique, les signataires de l’appel ont dégagé trois points clés:

  • reconnaître l’économie sociale et solidaire dans les droits nationaux, européen et internationaux. Selon eux, le développement de l’économie sociale est pour l’instant entravé par l’absence d’un cadre juridique européen clairement défini, qui génère des législations différentes dans chaque pays. A l’instar des standards comptables et financiers tournés vers les dividendes, ils appellent à définir des référentiels de mesure d’impact social et environnemental communs.
  • renforcer et abonder les outils de financement des organisations de l’ESS. Le Groupe avance que les modes de financement actuels sont en “inadéquation” avec les spécificités des organisations de l’ESS. D’un côté, les statuts freinent l’accès aux fonds propres et aux emprunts; et de l’autre, les projets financés sur fonds européens requièrent d’importantes ressources administratives avec de longs délais. Ils souhaitent voir se développer “d’ambitieux dispositifs d’épargne solidaire“.
  • généraliser les dispositifs d’insertion dans les 27 pays de l’UE. Le dispositif d’entreprises sociales d’insertion a selon eux un “effet levier sans équivalent“, et pourtant absent dans de nombreux pays européens. Ils appellent donc tous les Etats-membres à adopter des politiques ambitieuses d’inclusion par l’emploi, notamment pour l’insertion des plus vulnérables.

L’idée est également que l’UE suive le mouvement mondial, notamment porté par les Nations Unies à travers le projet de résolution sur l’économie sociale et solidaire. En août dernier, Collen Vixen Kelapile, président du conseil économique et social des Nations Unies, a déclaré “les organisations et entreprises de l’ESS […] sont actives dans la plupart des secteurs économiques et contribuent de manière significative aux 17 objectifs de développement durable dans différents contextes“, ajoutant qu’il souhaiterait une résolution de l’assemblée générale de l’ONU pour permettre aux états de partager leurs expériences et connaissances sur l’ESS. Avec l’ambition de promouvoir l’économie sociale et solidaire dans l’Agenda 2030 de l’organisation.

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