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‘En Belgique, il n’est plus possible d’avoir un gouvernement qui dépense moins que ce qu’il gagne’

Anton van Zantbeek, avocat chez Rivus, dénonce la politique budgétaire des pouvoirs publics belges. “Nos politiciens, en parfaites autruches, ne ressentent pas l’urgence”, estime-t-il.

La procrastination, ce comportement de toujours remettre à plus tard, est le triste résumé de la discipline budgétaire belge. L’ambition de parvenir à l’équilibre budgétaire en 2018 a été abandonnée. Cet équilibre est maintenant prévu pour fin 2019.

Pourtant, une politique budgétaire orthodoxe était l’un des axes prioritaires du gouvernement Michel. Il allait se différencier en cela du gouvernement Di Rupo. Mais qu’observons-nous ? On fait du neuf avec de l’ancien. Centre gauche ou centre droit, cela n’a pas d’importance. En Belgique, il n’est plus possible d’avoir un gouvernement qui dépense moins que ce qu’il collecte auprès de ses citoyens.

Afin de garder un déficit quelque peu décent, quelques milliards devront à nouveau être trouvés cette année. Et la complainte pour une fiscalité “équitable” résonne par conséquent à nouveau. Mais le passé a démontré que des impôts “équitables” sont plutôt le prétexte à une augmentation des impôts. Aujourd’hui résonne aussi l’appel pour un impôt sur la plus-value, un impôt sur la fortune, une taxe sur le rendement du patrimoine, etc. Mais il n’y a plus de latitude pour davantage d’impôt. La Belgique décroche déjà, dans tous les domaines, la palme de la taxation de ses citoyens. Tant le travail que le capital croulent sous une pression fiscale colossale. Les entrepreneurs saignent tout autant que les investisseurs et les employés. Cela est dû à une part démesurée – 55% – affectée aux services publics dans l’économie belge. Aux Pays-Bas, c’est 46%. En Suisse, à peine 34%.

Il n’y a plus de latitude pour davantage d’impôt. La Belgique décroche déjà la palme dans tous les domaines

Pour ce prix, on pourrait penser qu’on a un État modèle. Mais ce n’est pas le cas. Les pouvoirs publics échouent dans bien des domaines. Nous ne consacrons que 1% du PNB à la défense, pour laquelle nous nous sommes engagés pour le double. Pour l’aide au développement, avec 0,5%, nous sommes également bien en dessous de la barre de 0,7%. Il y a aussi l’état abominable de nos infrastructures, avec comme point d’orgue l’effondrement des tunnels bruxellois. Ou le dramatique arriéré judiciaire, le secteur des soins de santé sous-payé, etc. À cela s’ajoute une dette publique de 450 milliards d’euros et le fait que nous devons payer de plus en plus de pensions avec de moins en moins de moyens.

Au final, cela donne un tableau catastrophique. Nos politiciens, en parfaites autruches, ne ressentent pas l’urgence. Ils se comportent comme l’orchestre sur le Titanic. Mais il est urgent de se retrousser les manches. Si nous voulons garantir un avenir à nos enfants, il faudra intervenir courageusement et résolument au niveau budgétaire. Cela signifie moins de dépenses, afin d’enregistrer des excédents. Ensuite, il faut résister au réflexe politique de distribuer des cadeaux à son propre électorat. Les excédents doivent soit aller vers la réduction de la dette soit vers une épargne pour les pensions. Une politique peu sexy, c’est certain. Mais c’est la seule option viable.

La diminution des dépenses est en réalité simple. Pas avec une énième opération rape à fromage qui conduit à ce que toutes les tâches de l’État pâtissent de la nécessité d’économiser. Le gouvernement doit au contraire faire des choix en misant uniquement sur ses tâches essentielles. Qui sont la sécurité, la sécurité sociale, les soins de santé, les infrastructures, l’enseignement, etc. Toutes les autres fonctions doivent radicalement être cédées. Ce sont par exemple les médias, les subventions, la culture, les transports publics, le sport, etc. Le trou qui naîtra de ce fait sera notamment comblé par le secteur privé.

Mais pour une telle politique courageuse, vous avez besoin de personnes courageuses. Ce type d’hommes et de femmes semble faire défaut dans la politique actuelle. Notre paysage politique excelle en débrouille et bouts de ficelle. Être encore là après les élections suivantes est visiblement plus important qu’une bonne politique. Et si le trou dans le budget devient trop grand, nous augmentons les impôts. Cette logique perfide nous a amenés là où nous en sommes à présent. Chacun paie des impôts indécemment élevés. La spirale négative des augmentations d’impôt successives doit s’arrêter. Il faut intervenir avec fermeté au niveau des fonctions de l’État et des coûts. Cela exige du courage. Mais aux grands maux, les grands remèdes.

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