Crise du lait: 10 ans après, plusieurs centaines de tracteurs attendus à Ciney

© BELGA

Ils n’étaient qu’une poignée ce mardi mais ils seront beaucoup plus nombreux lundi prochain, à Ciney, pour commémorer les 10 ans de la grande crise qui a frappé de plein fouet les producteurs laitiers. Le 16 septembre 2009, plusieurs centaines d’entre eux avaient déversé dans un champ, dans un geste de colère et de détresse, trois millions de litres de lait.

Le groupement d’éleveurs Mig, soutenu par le syndicat agricole Fugea, a appelé mardi au rassemblement de “1.000 tracteurs”, lundi prochain 16 septembre 2019, dans le même champ de Ciney, pour se souvenir, mais aussi pour rappeler que la crise touche de nombreuses filières agricoles et, surtout, pour demander un nouveau modèle d’agriculture.

“Nous voulions commémorer l’évènement et nous retrouver dans le même champ, à la même heure, 10 ans après. A l’époque, nous étions payés 18 centimes de litre, aujourd’hui nous sommes à 30-32 centimes. Cela couvre tout juste les coûts de production mais cela ne donne pas de revenus aux agriculteurs”, a expliqué Guy Franck, président du Mig, au cours d’un point-presse organisé à quelques mètres d’une stèle érigée le long de la N97 à Ciney, en souvenir de l’action d’épandage de 2009. La nouvelle action prévue lundi prochain, à laquelle devraient participer plusieurs centaines d’agriculteurs, ne concernera cette fois pas que les producteurs laitiers.

“Aujourd’hui, le lait est moins en crise que d’autres filières”, reconnaît Guy Franck. “C’est pourquoi on a voulu étendre l’évènement à toutes les filières”, comme l’élevage bovin, particulièrement en difficulté ces dernières années et mis sous pression par les accords de libre-échange signés par l’Union européenne (Ceta, Mercosur…). “Qu’en sera-t-il des agriculteurs dans 10 ans? “, interroge encore le responsable du Mig, alors qu’au cours des 30 dernières années, la Belgique a perdu les deux tiers de ses agriculteurs et que leur moyenne d’âge est aujourd’hui particulièrement élevée.

“Quand les agriculteurs expriment leur colère, ce n’est pas pour devenir riche ou avoir une grande ferme mais parce qu’ils sont dans la misère”, abonde Erwin Schöpges, l’homme au chapeau qui était l’une des figures de proue des producteurs laitiers en colère il y a 10 ans.

“Je veux lancer un message aux décideurs politiques belges et européens qui ne travaillent plus depuis six mois. Arrêtez de discuter et de vous disputer et mettez les choses en place pour nous, les agriculteurs. Je veux également lancer un message à la grande distribution: l’accord de concertation chaîne conclu il y a quatre, cinq ans avec Comeos est fini pour nous car on fait de notre production un produit d’appel, de dumping.

La façon dont la grande distribution nous traite, nous, les paysans, n’est pas correcte”, prévient celui qui est désormais président de l’European Milk Board (EMB), une organisation réunissant des éleveurs laitiers dans toute l’Europe. Au-delà de la contestation, les éleveurs souhaitent fédérer tous ceux qui défendent un autre type d’agriculture, dans laquelle le producteur est décemment rémunéré. “Le 16 septembre, c’est un signal très fort que nous voulons donner”, conclut Erwin Schöpges, appelant de ses voeux “le début d’un mouvement agricole, paysan et citoyen”

Partner Content