Comment l’UE en est arrivée à réclamer 2,1 milliards d’euros de plus à Londres

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Le Premier ministre britannique David Cameron a accusé vendredi la Commission européenne de tenter d’extorquer jusqu’à 2,1 milliards d’euros à Londres via une révision “brutale” de ses calculs pour le budget européen 2014. La Commission invoque pour sa part l’application de règles budgétaires admises par tous.

La Commission européenne procède régulièrement à des rectifications financières au fil de la mise en oeuvre du budget de l’UE, établi pour 2014 à quelque 135 milliards d’euros. La révision présentée à la mi-octobre marque toutefois un saut qualitatif et quantitatif: elle réévalue les contributions nationales, calculées sur la base du PIB et de la population, en remontant jusqu’en 1995. Il s’agit ainsi de prendre acte d’un nouveau système de comptabilité convenu en 2010 par les Etats pour rendre le système plus juste en harmonisant les calculs des richesses nationales. Sont désormais pris en compte une série d’investissements, ainsi que les ressources dégagées par la prostitution et le trafic de drogue.

Sortie grandie de l’exercice, l’économie britannique se voit logiquement taxée davantage. Le chiffre de 2,1 milliards d’euros avancé par la Commission n’est toutefois encore qu’une estimation. Selon la Commission, le calcul s’est fait sur la base des chiffres fournis par les Etats et en fonction des règles qu’ils ont adoptées et avalisées eux-mêmes.

Alors que Londres a affiché sa surprise, la Haye a reconnu s’attendre à une révision, mais en a contesté l’ampleur, laissant entendre qu’il y avait d’autres modus operandi que celui retenu par Bruxelles.

“La Grande-Bretagne a non seulement accepté” les nouvelles règles “mais en a été l’un des avocats les plus acharnés”, selon Iain Begg, expert en gouvernance européenne à la London school of Economics.

Selon les propositions de la Commission qui ont fuité dans les médias, les Pays-bas sont les plus mis à contribution après la Grande-Bretagne, avec une rallonge de 647 milliards d’euros. Autres contributeurs nets au budget de l’UE, la France et l’Allemagne tirent au contraire leur épingle du jeu, avec des rabais respectifs de un milliard et de 780 millions d’euros. Mais la révision n’épargne pas des bénéficiaires nets du budget européen: la Grèce se voit ainsi réclamer près de 90 millions d’euros.

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