Après 15 ans, un plan alcool voit le jour en Belgique

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Alcool © Getty

La Conférence interministérielle de la Santé a donné son accord, mercredi, au Plan alcool interfédéral. Septante-cinq mesures pour lutter contre la consommation abusive et nocive d’alcool seront lancées, a annoncé le cabinet du ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit).

Ce plan décrit les actions à mener en 2023, 2024 et 2025, C’est le premier plan alcool interfédéral du pays. Il vise à sensibiliser aux dangers liés à une consommation excessive d’alcool, comme le cancer; mieux détecter les excès et faciliter la redirection rapide vers des soins ad hoc; renforcer la prévention et la promotion de la santé; améliorer l’accès aux soins; et réduire les accidents de la route.

Plus de publicité à la radio et à la télévision

Plusieurs des 75 actions convenues concernent directement la publicité notamment à l’égard des mineurs. On devrait prochainement voir apparaître un cadre légal interdisant la publicité pour l’alcool à la radio et à la télévision avant et après les programmes destinés principalement aux mineurs, une réglementation limitant la publicité sur internet et sur les réseaux sociaux pour les contenus destinés aux mineurs.

Le secteur des médias a déjà rédigé une convention à ce sujet qui prévoit d’interdire toute publicité pour une boisson contenant de l’alcool durant une période qui court à partir de 5 minutes avant jusqu’à 5 minutes après une émission qui vise principalement un public mineur d’âge, ainsi que toute publicité pour une boisson contenant de l’alcool dans les journaux et périodiques qui visent principalement un public mineur d’âge, et lors de la diffusion dans une salle de cinéma d’un film qui vise principalement un public mineur d’âge. Idem pour les supports digitaux qui visent principalement un public mineur d’âge.  

Marketing limité

Lorsque le marketing est autorisé, chaque message devra contenir une communication sur la santé, rédigée par le SPF Santé publique et fondée sur des données scientifiques probantes. Le slogan “Notre savoir-faire se déguste avec sagesse”, créé par l’industrie de l’alcool, va donc disparaître, selon le cabinet du ministre de la Santé. Il ne sera plus possible, dans le cadre d’une campagne de promotion pour un produit non alcoolisé, de proposer ou de donner gratuitement des boissons alcoolisées.  Seuls la bière et le vin seront vendus aux 16-18 ans. Le plan prévoit d’interdire la vente d’alcool la nuit dans les magasins le long des autoroutes, entre 22h00 et 07h00, et en permanence dans les distributeurs automatiques ainsi que dans les magasins des hôpitaux.

Le gouvernement fédéral veut par ailleurs élaborer un trajet de soins alcool, spécifiquement pour le groupe cible des adolescents et des jeunes adultes, en coopération avec les partenaires du réseau Soins de santé mentale.  Le gouvernement fédéral veut ainsi proposer aux jeunes qui arrivent par les urgences – en raison d’une intoxication à l’alcool et/ou à la suite d’un accident sous influence – un trajet de soins auquel les parents sont également associés.

Registre des lobies

Les équipes mobiles au sein des soins de santé mentale se concentreront également sur les personnes ayant des problèmes d’alcool. Des formations sont proposées aux soignants de ces équipes. Les entités fédérées proposeront aussi des formations supplémentaires aux prestataires de soins qui s’occupent d’enfants ou de membres de la famille de personnes ayant des problèmes d’alcool. Le ministre Vandenbroucke souhaite développer les projets “Trajet de soins alcool dans les hôpitaux généraux” pour qu’un plus grand nombre d’hôpitaux puissent bénéficier d’un soutien financier à cet effet.

Un registre transversal de transparence ou registre des lobbies sera mis en place au sein du gouvernement fédéral. Ce registre mentionnera tous les contacts avec, entre autres, l’industrie de l’alcool. L’idée d’un plan alcool interfédéral est née en 2008. Quinze ans plus tard, les ministres fédéraux et régionaux se sont donc entendus sur un plan pour lutter ensemble contre la consommation nocive de l’alcool en Belgique.

Les brasseurs saluent malgré quelques nuances

Selon leur association professionnelle Les Brasseurs Belges, ce plan est équilibré. Ils regrettent toutefois ne pas avoir été associés à l’élaboration du plan et écartent l’idée d’imposer un prix minimum à la bière. Ils ne sont pas partisans d’une augmentation des taxes ou accises sur la bière. Pour le directeur de l’asbl Les Brasseurs Belges Krishan Maudgal, il ne faut pas sous-estimer, en marge du débat sur la santé et l’alcool, le caractère fédérateur, la valeur sociale et le rôle rassembleur de la bière, des qualités qui ont été reconnues par l’accession de la culture de la bière en Belgique au titre de patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2016. Quant à la Fédération Belge des Distributeurs en boissons, elle ne compte pas réagir au plan interfédéral.

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