MUR DE TRUMP : DES CIMENTIERS LAISSENT BÉTON
Qui va construire le mur de Donald Trump, le fameux mur entre les Etats-Unis et le Mexique ? La construction de ce mur – qui doit être “esthétiquement plaisant” selon l’appel d’offre – est un beau contrat en soi puisque l’ouvrage aura 2.500 km de long et une hauteur de neuf mètres. Les entreprises intéressées ont eu jusqu’au 29 mars pour se faire connaître. A en croire le Wall Street Journal, les candidats se bousculaient au portillon. Pourtant, cette construction peut se révéler un piège et certains cimentiers sont en train de faire marche arrière. Car si le contrat est juteux, il est potentiellement dangereux en termes d’image : répondre – ou non – à l’appel d’offres pourrait être perçu comme une adhésion implicite à la politique de Donald Trump.
La société française (devenue suisse) LafargeHolcim a déjà été prise à partie. Son PDG a eu en effet le malheur de déclarer qu’elle est le premier cimentier aux Etats-Unis et qu’elle est là pour soutenir la construction et le développement des Etats-Unis. Le Figaro relate qu’à peine ce patron avait terminé sa déclaration qu’il a été aussitôt l’objet d’une polémique politique, notamment sur ses pratiques en Syrie. Le PDG de LafargeHolcim a eu beau dire qu’il ne faisait pas de politique mais du business, c’était trop tard : la politique l’a rattrapé.
D’autres cimentiers européens, comme Vinci, ont flairé le danger et ont déclaré qu’ils préféraient ne pas toucher au mur. Par peur de choquer une majorité de leurs salariés… et aussi sans doute d’autres clients, sensibles à la rhétorique de Donald Trump.
D’où cette question : une entreprise comme LafargeHolcim, qui emploie 10.000 salariés aux Etats-Unis, devait-elle boycotter l’appel d’offres, alors que le gouvernement à l’origine de cet appel a été élu démocratiquement ? Techniquement, la réponse est non. Moralement, c’est un autre débat. Peut-on imaginer qu’une entreprise de ciment ne puisse vivre que de la construction d’écoles et de musées, comme le dit Le Figaro ? La seule certitude, c’est que des entreprises qui pensaient être hors de la politique finissent par comprendre que la politique peut aussi les rattraper.
AMID FALJAOUI
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