Voiture électrique d’occasion : à quoi faut-il faire attention ?

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Le marché des voitures électriques d’occasion n’est guère riant. Beaucoup d’acheteurs se méfient. Ont-ils raison ?

Seul 1,7% des voitures d’occasion vendues l’année dernière étaient électrique, selon Traxio la fédération du secteur automobile. Il faut dire que l’offre est encore limitée et que les prix restent prohibitifs. Si on peut déjà trouver une petite voiture citadine âgée de 5 ans à 10.000 euros, le prix moyen d’une voiture électrique d’occasion serait tout de même beaucoup plus élevé. Selon les chercheurs d’une étude du marché de l’électrique d’occasion, en Flandre il atteindrait même les 50.000 euros. Un prix tiré vers le haut par le fait que, dans ce marché, le nombre de modèles exclusif reste important. Ainsi, toujours selon les auteurs de cette étude, seuls trois modèles du top 10 des plus vendus coûtent moins de 30 000 euros.

Cinq points d’attention:

– Pour quel usage ?

– Capacité de la batterie ?

– Quel le type de connecteur pour la recharge ?

– Une recharge rapide est-elle possible ?

– Quel est le montant de l’assurance ?

Un prix important pour trop de doutes

Si le prix est un frein important, la confiance en est autre. Il existe pour beaucoup d’acheteurs encore trop d’incertitude autour de la durée de vie des batteries. La batterie est l’élément le plus couteux des voitures électriques puisque le pack de batteries peut atteindre 50 % du prix de vente, soit plusieurs dizaines de milliers d’euros. La prudence est d’autant plus compréhensible que, comme tout utilisateur de smartphone ne peut l’ignorer, une batterie perd en vieillissant progressivement de sa capacité. Une étude de l’université de Munich semble pourtant prouver que ces craintes ne sont pas totalement fondées.  Ainsi, après un test de vieillissement intensif, les performances de la batterie étaient supérieures à la garantie du fabricant puisque, après 160 000 kilomètres, la batterie avait encore environ 90 % de sa capacité. Une autre étude la société de recherche britannique NimbleFins a, elle aussi, conclut qu’après 160.000 kilomètres la batterie avait encore une capacité de 90%. 

Tout dépend de l’utilisation

Ces tests en laboratoire ne tiennent néanmoins pas compte des différences d’utilisation. Et c’est là aussi le plus gros point d’interrogation quand on achète une voiture électrique d’occasion. On ne sait pas ce qu’a « subi » la batterie. 

Une batterie sera ainsi beaucoup plus vite usée si on charge ou décharge complètement à chaque fois sa batterie. Des charges rapides trop régulières peuvent aussi créer un stress sur la batterie. De grosses oscillations dans les températures ou une voiture inutilisée pendant plusieurs semaines sans être chargée peuvent tout autant affaiblir la batterie. De même que de petits trajets fréquents en ville n’ont pas le même impact que de long trajet sur autoroute.  Soit autant de choses difficiles à vérifier concrètement.

La majorité des constructeurs offrent cependant une garantie sur leurs batteries. Elle est en moyenne d’une durée de 8 ans ou jusqu’à 160.000 km.  Une batterie sous garantie est en principe remplacée quand la batterie ne se charge qu’à seulement 75%.

Bientôt un « carpass » pour batterie ?

Pour l’instant, les constructeurs automobiles refusent encore trop souvent de partager les informations sur les données liées aux cellules par peur de la concurrence. Dans ce contexte, envisager une éventuelle réparation ou même en estimer le coût est quasi impossible.

Pourtant, il est possible de savoir si une batterie est encore « en bonne santé ».  Par exemple, en faisant analyser la puissance de cette batterie par un concessionnaire de la marque ou par une société spécialisée. Quelques start-up se sont aussi lancés dans la création de tests pour déterminer l’état réel de la batterie.

L’Union européenne se penche également sur l’élaboration d’une réglementation. A terme, les voitures électriques risquent de devoir disposer d’un passeport pour la batterie. On évoque aussi l’idée d’un fonds de garantie des batteries qui pourrait prendre en charge sa réparation, voire son remplacement.

Quels éléments prendre en compte ?

Avant d’acheter une voiture électrique d’occasion, il est prudent de se demander quel usage on compte en faire. Si c’est pour faire de court trajet de manière ponctuelle, la batterie n’a pas besoin d’être à pleine capacité. Par contre, cela peut poser problème si la voiture doit faire de long trajet, car il faudra la recharger plus souvent alors que les stations de chargement sont encore trop rares. Pour vérifier le kilométrage qu’il est possible d’accomplir d’une traite, on peut demander au vendeur un essai plus long. Pour avoir une idée de l’autonomie réelle, il suffit de comparer ensuite le nombre de kilomètres parcourus et la diminution d’autonomie affichée sur l’ordinateur de bord. Ne faites, par contre, pas le test quand il fait très chaud ou très froid, car cela peut faire diminuer l’autonomie entre 17% et 41%.

Un autre point à vérifier est le type de connecteur pour la recharge. Les anciens modèles n’ont pas toujours un connecteur de type Combo universel et ne peuvent donc pas être branchés partout. De même que certains modèles ne supportent pas une recharge rapide. Pour les véhicules électriques de “première” génération, la recharge ne pourra donc se faire qu’à la maison en une dizaine d’heures ou sur une borne publique. Ce qui peut être très ennuyeux si vous comptez faire de long trajet.

Assurances et avantages fiscaux

Enfin, votre assurance risque aussi de grimper dans les tours. Les assureurs augmenteraient leurs tarifs lorsqu’il s’agit d’assurer des véhicules électriques. Reuters évoque ainsi une augmentation de la franchise de l’ordre de 27 % aux États-Unis. Cela vaut donc de la peine de poser la question à son assureur avant d’envisager tout achat.

Par contre l’achat d’une voiture électrique d’occasion bénéficie du même traitement fiscal préférentiel que les neuves. En Flandre, ces voitures sont ainsi exonérées de la taxe de mise en circulation et de la taxe annuelle de circulation. Et à Bruxelles ou en Wallonie, on applique le tarif minimum. Soit respectivement 61,5 euros pour la taxe de mise en circulation et 85,27 euros pour la taxe annuelle.

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Combien de voitures électriques circulent en Belgique ?

Depuis février 2023, il y a plus de 100 000e voitures électriques en circulation en Belgique, selon le SPF Mobilité. Et selon EV Belgium, la fédération des entreprises effectuant la transition électrique, la 200 000e voiture électrique sera immatriculée en 2023 et le seuil des 500 000 pourrait être franchi en 2025. Mais cette hausse est presque uniquement due aux voitures de sociétés. Ainsi en 2022, 87,1 % des voitures électriques étaient au nom d’entreprises et d’indépendants et à peine 12,9 % des nouveaux véhicules à batterie appartiennent à des particuliers. L’enjeu du secteur de la voiture électrique d’occasion va donc aussi être ce que vont devenir les voitures en leasing

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