UE: la fin des moteurs thermiques s’invite au sommet des 27

“Partons du principe que ce sera résolu dans les prochains jours”, a souligné le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, après l’annonce du refus de l’accord par Berlin.

Même si le sujet n’est pas officiellement au menu des États réunis à Bruxelles, la fin des moteurs thermiques dans le parc automobile européen plane sur le sommet européen qui a débuté jeudi et se poursuit vendredi.

Le coup de pied dans la fourmilière, venu de Berlin, agite les institutions et les journalistes. “Partons du principe que ce sera résolu dans les prochains jours”, a réagi à son arrivée le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui se dit “confiant”. Le ministre allemand des Transports Volker Wissing a quant à lui répété auprès de médias allemands son opposition à des “interdictions de technologies”, qui “n’ont jamais fait avancer notre pays”.

“Une direction très claire”

“On s’est donné une direction très claire vers l’élimination progressive des moteurs thermiques, on a pris la direction d’une électrification rapide et on peut vraiment mener dans ce domaine”, a indiqué de son côté le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui fait aussi référence à la confiance affichée par le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres quant à la capacité de “leadership” de l’UE contre le changement climatique. “Pour l’industrie allemande, il s’agit d’un nombre limité de véhicules. On ne va quand même pas changer notre stratégie pour ça (…) Si j’ai l’occasion de m’en entretenir avec (le chancelier allemand) Olaf Scholz, je lui dirai qu’on ne peut pas commencer à hésiter”, a ajouté le libéral.

Les négociateurs du Parlement européen et du Conseil (Etats membres) avaient atteint en octobre dernier un compromis, pour la fin de la vente de voitures et utilitaires légers neufs à moteur thermique en 2035 (sauf exceptions pour voitures de sport et de luxe). Le Parlement européen a entre-temps validé ce pré-accord, mais le dernier feu vert du Conseil de l’UE, normalement une formalité, n’a quant à lui pas eu lieu.

Le ministre allemand des Transports, Volker Wissing (FDP, libéral), a indiqué que Berlin s’opposerait à l’accord, voulant absolument confirmer de manière plus visible une porte ouverte aux “carburants de synthèse” (e-fuels) au-delà de 2035, plutôt que l’obligation de facto du “full electric”.

Une “affaire allemande”

“C’est surtout une affaire allemande, un débat interne à la politique allemande qui a atteint le niveau européen”, notait un diplomate en amont du sommet. “Ce n’est pas très bien vu” de revenir sur un accord obtenu en trilogue, confirme-t-il. Cela arrive “parfois, ce n’est pas dramatique, mais ce n’est pas comme ça qu’on doit gérer notre boutique”. Si un blocage persiste “et qu’on doit repasser par le Conseil, le Parlement, etc, je dirais: ‘bonne chance!'”, lance-t-il ironiquement.
Cette option est cependant peu probable, à en croire plusieurs intervenants.
Et la Commission européenne a entre-temps fait une proposition qui permettrait, selon les propos du Néerlandais Mark Rutte, de rassurer Berlin sans modifier le cadre de l’accord existant. “Je pense qu’on a là une piste d’atterrissage”. “Les Allemands ont un souci sur un point spécifique, celui de la gestion des ‘e-fuels’ après 2035 (…) La Commission propose une solution pour ce chapitre, mais à l’intérieur de l’accord. Je suis confiant”, indique le Premier ministre néerlandais, qui s’attend à une solution “dans les prochains jours”. Pour lui, il n’est pas encore question de parler d’un échec ou d’un affaiblissement de l’ambition. “Les États membres ont toujours le droit d’exprimer une préoccupation, peu importe le moment”, estime-t-il.

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