Mes bitcoins ont perdu de leur éclat, mais ils sont en sécurité

Le 26 janvier dernier, la bourse d'échange Coincheck, basée au Japon, a perdu 426 millions d'euros, une somme record, suite à une intrusion non autorisée dans ses systèmes. © BELGA IMAGE

Après une chute mémorable, qui a fait fondre mon portefeuille virtuel, le cours du bitcoin traverse un épisode relativement stable. Je suspends mes investissements et range mes précieux deniers à l’abri des hackers.

Difficile de décrocher les yeux de ce fichu cours du bitcoin. Accessible directement depuis mon smartphone, il m’obsède. Toutes les trois minutes, je réactualise mon application, espérant secrètement percevoir le début d’une nouvelle embellie. J’y crois parfois. Je déchante souvent.

Durant la semaine écoulée, si les hoquets de la monnaie virtuelle n’ont pas inversé la tendance morose de ce début d’année, le cours n’a non plus connu de chute monumentale : il s’est stabilisé aux alentours des 9.000 euros. C’est toujours ça de pris. Mais ça ne m’arrange pas. Mes deux premiers investissements se sont faits aux environs de 11.000 et 10.000 euros. Pas la peine de dessiner un graphique compliqué : mon portefeuille est en perte sèche. Le rouge domine. Et ce ne sont pas mes placements en ether et en litecoin, deux autres célèbres cryptomonnaies, qui rattrapent la sauce. Quand le bitcoin tousse, les autres monnaies semblent s’enrhumer.

Je regrette déjà mon achat impulsif de la semaine dernière, lorsque j’ai dépensé 1.300 euros en quelques secondes depuis mon canapé. Le bilan de cette opération – je pensais acheter en plein dip (creux) – est peu glorieux. Sur la messagerie Slack, où je côtoie la communauté des aficionados du bitcoin, le jugement ne tarde pas à tomber : ” C’était typiquement le moment pour ne pas investir “, lâche un membre du groupe.

Les appels à la patience et au conservatisme se multiplient. Le maître mot : HODL. Cet acronyme étrange est issu d’une faute de frappe, devenue célèbre, commise dans le verbe anglais hold (tenir). Il est utilisé par les investisseurs en monnaies virtuelles qui entendent conserver leurs positions coûte que coûte. C’est une sorte de défi de matamore lancé aux plus sceptiques, qui enterrent chaque semaine le bitcoin. Pour réussir mon challenge, il faut qu’il tienne encore deux mois et demi. Je vais donc HODL.

Le plus gros cybercasse de l’histoire des monnaies virtuelles

Mes investissements sont mis sur pause, en attendant un hypothétique retournement de situation. Très bien. Mais sont-ils pour autant à l’abri ? Je n’ai qu’une confiance modérée dans ces plateformes en ligne qui servent de réceptacle à mes placements. Pour l’instant, je ne me suis servi que de Coinbase, un outil pratique pour les débutants dans mon genre. J’y ai placé la moitié de mon capital de départ, soit l’équivalent de 2.500 euros : 1.800 euros convertis en monnaies virtuelles et 700 euros non convertis, que je garde au chaud pour mes prochaines opérations. Et si la plateforme était victime d’un crash informatique ? Pire : si elle était hackée ? Je pourrais perdre tous mes bitcoins. Ce genre de mésaventure est déjà arrivée à de nombreux investisseurs au cours de la brève histoire des cryptomonnaies. Le scandale le plus retentissant concerne la plateforme japonaise Mtgox, qui a fait faillite en 2014. Son dirigeant de l’époque, le Français Mark Karpelès, aussi surnommé ” le loup de bitcoin street “, est actuellement jugé pour détournement de fonds. On lui reproche la disparition de… 650.000 bitcoins ! En décembre dernier, la plateforme sud-coréenne Youbit faisait faillite suite à deux cyberattaques massives, qui l’ont flouée de la moitié de ses actifs.

Et si c’était le moment d’acheter du NEM ? Je me rends vite compte que je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée.

Mais ces affaires ont été éclipsées vendredi dernier, lorsque la plateforme japonaise Coincheck a reconnu s’être fait subtiliser 500 millions de NEM, des actifs numériques qui n’ont rien à voir avec la gastronomie asiatique. Ce butin équivaut à 426 millions d’euros, ce qui en fait le plus gros piratage de l’histoire des cryptomonnaies ! Les dirigeants de Coincheck se sont engagés à rembourser leurs clients. Ce serait une première : lors des attaques précédentes, les investisseurs ont pu faire une croix sur leurs devises numériques.

Dès l’annonce de ce casse, le cours de plusieurs monnaies virtuelles plonge. Dont celui du NEM, qui est copieusement secoué. Un investisseur en cryptomonnaies avec lequel je suis récemment entré en contact me suggère alors un plan diabolique : et si c’était le moment d’en acheter, justement, du NEM ? Je me rends vite compte que je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée sournoise, qui consiste finalement à profiter de la cyberattaque et de la chute du cours pour acquérir à vil prix la monnaie virtuelle ciblée par les pirates. Le cours du NEM est en effet en train de reprendre du poil de la bête, ce qui pourrait être le signe d’une nouvelle fièvre acheteuse autour de cette devise. Il ne faut plus tarder. Mais je ne veux pas non plus mettre trop de billes dans cette opération. J’achète 226 NEM pour un peu moins de 200 euros.

Mes bitcoins ont perdu de leur éclat, mais ils sont en sécurité

Une clé USB pour sécuriser mes placements

Ces cyberattaques à répétition ont fini par m’alarmer. Je me renseigne sur les possibilités de sécuriser mes bitcoins. Mon choix se porte sur un système de clé physique. Contrairement à ce que je pensais au départ, ce type d’outil, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une clé USB, ne stocke pas les bitcoins. Par contre, il sécurise l’adresse numérique où sont envoyés les bitcoins.

Pour 95 euros, je me procure un Nano S, développé par la société française Ledger, qui a le vent en poupe, puisqu’elle vient de lever 61 millions d’euros. Au moment de configurer ce matériel de poche, je suis confronté à une première surprise : le système de chiffrement repose sur une série de 24 mots de passe, que je dois retranscrire à la main sur une minuscule feuille cartonnée. Ils me serviront à retrouver mes bitcoins si jamais j’égare ma clé. Paradoxalement, la sécurité de mes actifs virtuels repose donc sur un morceau de papier, que je dois cacher dans un endroit secret, à l’abri des hackers.

Reste à mettre mes devises numériques en lieu sûr. Je procède au déplacement de mes bitcoins depuis la plateforme Coinbase, où ils sont stockés, vers une adresse composée d’une suite complexe de chiffres et de lettres. Anxieux, je constate que ce transfert de fonds est loin de se faire instantanément. J’angoisse à l’idée de ne jamais revoir mes précieux deniers numériques. Quelques dizaines de minutes plus tard, la transaction est validée. Moyennant 4 euros de frais de transaction (ça recommence…), j’ai pu sécuriser mes devises. Je me rends compte le lendemain que j’ai choisi le transfert ” rapide “, qui est aussi le plus cher. Je modifie mes paramètres et opte pour le transfert ” lent “. La prochaine fois, je paniquerai moins si mes bitcoins n’arrivent pas en un claquement de doigts.

Mon portefeuille étant sécurisé, je peux réfléchir à la suite des opérations. Ma première impression après deux semaines sur la planète crypto, c’est que je ne parviendrai pas à doubler ma mise en pariant uniquement sur le bitcoin. Mon seul espoir serait un formidable retournement de tendance endéans les deux prochains mois, mais je ne crois pas trop à ce scénario. Il va donc falloir changer mon fusil d’épaule. Je vais me diriger vers des monnaies virtuelles moins traditionnelles, mais qui jouent encore beaucoup plus aux montagnes russes que le bitcoin. Pour m’en procurer, je dois m’inscrire sur des plateformes d’échange comme Kraken, Binance ou Cryptopia. Un nouveau monde à découvrir.

Mes bitcoins ont perdu de leur éclat, mais ils sont en sécurité
© PG/PHILIPPE GODEFROID

BITCOIN CHALLENGE

Mon capital de départ : 5.000 euros. Mon objectif : investir dans les monnaies virtuelles. Mon challenge : doubler ma mise en trois mois. Une expérience à suivre en temps réel sur trends.be/bitcoinchallenge et sur mon compte Twitter @gilquoistiaux

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