Manager de l’Année 2017 – Portrait 1/10: Bernard Gustin, le sauveur de Brussels Airlines

© Christophe Ketels/Belgaimage

Il a rebâti une compagnie aérienne belge viable, en croissance. Malgré la concurrence féroce de Ryanair, qui pèse plus lourd en Belgique que dans les pays voisins, et des crises comme les attentats de 2016. Portrait. Sera-t-il le Manager de l’Année 2017 ? Vous pouvez voter ici à partir du 20 novembre.

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Bernard Gustin, 49 ans, a prouvé qu’il est possible pour une compagnie aérienne belge de résister à la déferlante du low cost. Et aussi de défier la déprime qui a frappé la Belgique après la faillite de la Sabena en 2001, où il semblait impossible, à tout jamais, de disposer d’un transporteur basé dans le pays. Depuis 2015, la compagnie est rentable et continue à grandir. Brussels Airlines va ajouter un million de passagers par an à son trafic en reprenant les transports de clients de Thomas Cook, un des principaux voyagistes du marché, pour atteindre les 10 millions de passagers l’an prochain contre 7,5 millions en 2015.

Rien ne semble démonter cet ancien consultant d’Arthur D. Little. Bernard Gustin dirige la compagnie aérienne depuis 2012, mais l’a toujours accompagnée. ” J’ai réalisé le business plan lors de sa création, en 2001, quand j’étais dans le métier de conseil “, se souvient-il. Il avait accepté de faire le travail pro bono lorsque deux pointures du monde des affaires, Etienne Davignon et Maurice Lippens, ont lancé l’idée de trouver un successeur à la Sabena en cherchant des actionnaires dans les grandes entreprises du pays et les acteurs publics. Après un bon démarrage, l’initiative souffre de la crise financière et de la hausse du prix du baril. Bernard Gustin monte à bord en 2008 comme co-CEO, aux côtés de Michel Meyfroidt.

Un bon manager ne gère pas sur des coups, mais sur une vision stratégique de long terme, en restant flexible.”

Lorsqu’il devient CEO en 2012, il opte pour une restructuration par le haut. Au lieu de réduire la voilure, il construit un plan, Beyond 2012-2013, visant à la fois à augmenter la productivité et la taille de la compagnie, en ajoutant des vols longs-courriers. Il convainc Lufthansa, qui avait acquis 45 % du capital en 2009, de soutenir le plan et de le financer par un crédit de 100 millions d’euros. ” Aucune banque ne voulait nous prêter de l’argent “, se souvient-il. Avec ce plan, ” tout le monde restait à bord, il n’y a pas eu de départs forcés “. Les gains de productivité ont permis de proposer des tickets à petit prix, de tenir la tête hors de l’eau et de croître face à la pression de Ryanair – qui a débarqué à Zaventem en 2014 et qui contrôle plus de 25 % du marché belge – et, aussi, à traverser la crise des attentats de 2016, qui a dévasté l’aéroport.

Malgré ces vents contraires, les vols se sont multipliés et la fréquentation s’est envolée. Aujourd’hui, la compagnie occupe 3.500 personnes. Si Lufthansa possède désormais 100 % de la compagnie aérienne, Bernard Gustin est parvenu à garder une certaine autonomie et une identité belge, renforcée par les avions personnalisés, dont le dernier né représentera les Schtroumpfs.

Pourquoi le jury l’a-t-il choisi ?

Pour le redressement de Brussels Airlines, mais pas seulement. “Les qualités de manager et de leader de Bernard Gustin peuvent être analysées au travers de sa gestion de la crise Ebola (Brussels Airlines a été la seule compagnie à poursuivre la desserte des pays touchés, Ndlr), sa gestion des attentats, et sa négociation dernièrement avec Lufthansa”, a noté un membre du jury.

Le fait marquant de 2017

Le lancement de la ligne vers Mumbai (Inde) et l’accord avec Thomas Cook, qui cesse son activité de transport aérien en Belgique et fera voyager 1 million de personnes par an sur Brussels Airlines. “Cela va mieux répartir les segments dans notre activité, celui du loisir et celui des affaires, celui des vols point à point et ceux des correspondances”, explique Bernard Gustin.

La réalisation dont il est le plus fier ?

“Avoir pu développer un plan, en 2012, pour réduire les coûts et cela sans plan social, en misant sur une croissance de la compagnie”, avance le CEO. Cette approche a amélioré la structure des coûts. Elle a surtout eu un impact sur le personnel, “et a apporté une certaine fierté, un lien d’appartenance à la compagnie”.

Le défi qui l’attend en 2018

“L’arrivée des premiers nouveaux longs-courriers”, lance Bernard Gustin. La compagnie a pris la décision de remplacer les sept Airbus 330 longs-courriers, par des modèles plus récents, plus homogènes, avec un nouvel aménagement. Et surtout conserver “l’agilité d’une PME”.

Un bon manager de l’année, selon lui

“D’abord, il n’est pas de l’année… Il ne gère pas sur des coups, mais sur une vision stratégique de long terme, en restant flexible, estime le CEO. Il pratique un management d’équipe sans se prendre trop au sérieux. Pour moi, c’est une responsabilité comme une autre, ni plus haute ni plus basse que les autres fonctions, qu’un pilote ou le responsable d’un comptoir d’enregistrement.”

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