L’île longue

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Les Iraniens et les Arabes appellent Qeshm  » l’île longue « . S’étendant au bout du golfe Persique, ses rivages sont reconnaissables à leur sable noir. C’est sur ce bout de terre, à 1.400 kilomètres au sud de Téhéran que l’on retrouve la narratrice – une Occidentale jamais nommée -, Tala et la petite Bijan. Dans un pays où la parole des femmes est comptée ( » Rien ne sort à la légère de bouches qui savent si peu communiquer « ), les trois héroïnes, de langues différentes, remontent ensemble le passé de la matriarche Pegah. Du silence de celle qui vient de décéder et de celui des derniers témoins de l’époque naîtra le souvenir de vers interdits. Leur quête est celle de la parole des poétesses rendues muettes par le régime islamique. Pourtant ce sont juste des mots exquis qui demandent d’être librement dits.  » Il n’y a pas d’heure dite au dire.  » Au fil de ce voyage envoûtant et mystérieux, le trio noue une relation intime tout en reconstituant un puzzle politique et historique, au plus profond de la condition et du devenir de chacune. Après Une dose de douleur, un premier roman remarqué, Victoire de Changy se lance dans une fiction sensorielle où son écriture, parfois en démonstration, freine la lecture. Sans doute pour mieux s’attarder sur l’essentiel : le sens de l’épure de l’auteure bruxelloise ne se charge au final que de l’essentiel sur ces personnages en recherche de vérité. Le lecteur se retrouve à leurs côtés, les yeux tournés vers les ressacs assourdissant les cris de celles qui n’en profiteront jamais.

Victoire de Changy,  » L’île longue « , éditions Autrement, 200 pages, 17 euros.

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