L’homme qui dépeuplait les collines

Tentaculaire. C’est le mot qui nous reste après la lecture du deuxième roman d’Alain Lallemand (son précédent Et dans la jungle, Dieu dansait vient de paraître au Livre de Poche). Ce journaliste au Soir, qui a couvert durant 30 ans conflits et scandales financiers internationaux, a notamment fait partie de ce consortium de journalistes ayant mis au jour les Panama Papers, une investigation qui valut un prix Pulitzer au collectif. Nul doute que l’auteur s’est inspiré de ses expériences pour construire un roman drainant tant les convoitises d’hommes d’affaires et d’Etat sur les ressources minérales de l’Est du Congo que le trafic d’orphelins présumés issus de ces mêmes collines creusées sans scrupules. Son récit fonctionne en étoile, dans la foulée de plusieurs personnages permettant l’incarnation des différents angles : un journaliste belge membre d’une équipe de reporters chargés de décortiquer des dizaines de milliers de documents révélant sans doute les dessous d’une corruption à grande échelle, des intermédiaires financiers issus de l’ancien bloc soviétique, un jeune Congolais avec un énorme diamant dans la poche. Mené à vive allure, ce thriller global donne parfois le tournis, mais ne brade jamais son souci de réalisme : L’homme qui dépeuplait les collines est aussi précis que ne l’est l’enquête journalistique la plus bétonnée. De quoi nous ouvrir les yeux sur un capitalisme destructeur, usant de ficelles néocolonialistes, et oubliant de ce fait l’intérêt des populations locales.

Alain Lallemand, ” L’homme qui dépeuplait les collines “, éditions JC Lattès, 350 pages, 20,90 euros.

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