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Les leçons de JP Morgan et de ses 2 milliards partis en fumée
La banque américaine JP Morgan vient de perdre 2 milliards de dollars en six semaines. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe car le patron de JP Morgan, Jamie Dimon, est devenu célèbre aux Etats-Unis…
La banque américaine JP Morgan vient de perdre 2 milliards de dollars en six semaines. C’était le titre d’un des articles économiques du Soir.be. J’aurais pu trouver ce titre n’importe où, tant la bourde de la première banque américaine a fait jaser la presse économique. La raison de cette perte de 2 milliards viendrait d’un dossier de courtage qui aurait mal tourné à cause de certaines positions risquées prises par un trader sur des produits dérivés.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe car le patron de JP Morgan, Jamie Dimon, est devenu célèbre aux Etats-Unis. En partie parce que sa banque a mieux surmonté la crise que les autres banques, et parce que ce patron tient des propos très virils et s’est montré très virulent contre les parlementaires qui voulaient, et veulent encore, mieux réglementer l’activité bancaire aux Etats-Unis. Dans un diner privé à Dallas, il a même traité d'”infantiles” les propos tenus par des parlementaires américains qui estimaient qu’il fallait réduire la taille des banques car elles étaient devenues trop grandes pour faire faillite, et que donc en conséquence, les contribuables devraient à chaque fois payer les dérapages de ces banques et de leurs patrons mégalos.
Ce n’est pas tout : quand les premiers articles sont arrivés sur le sujet des pertes de sa banque, Jamie Dimon a commencé par tout nier en bloc. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’il a reconnu les faits. En fin renard, cependant, il a devancé les critiques et prévenu ses troupes que leur banque allait être critiquée et que des voix s’élèveraient pour dire que c’est la preuve supplémentaire qu’il faut davantage réglementer l’activité bancaire pour éviter ce genre de dérapage, et surtout éviter que ce soit à chaque fois le contribuable qui éponge les pertes des banques. Sûr de lui comme d’habitude, le PDG de la banque JP Morgan a immédiatement annoncé que, même si sa banque avait été davantage réglementée, cette perte aurait eu lieu de toute façon.
Oui, sauf que le New York Times a démontré que c’est faux. Michael Greenberg, professeur de droit et l’un des meilleurs spécialistes des produits dérivés, conteste la thèse du patron de JP Morgan et dit clairement que, si la législation voulue par les parlementaires avait été adoptée, les pertes de JP Morgan n’auraient pas été aussi grandes !
Le lobbying acharné des banques, qui sont aussi les plus gros contributeurs des candidats à l’élection américaine, a permis de bloquer les aspects les plus durs de la nouvelle réglementation. Une réglementation voulue par Paul Volker, l’ancien président de la banque centrale américaine. Un retraité très écouté qui a pour habitude de dire que la plus grande invention des banquiers, c’est… le distributeur de billets. Sous-entendu : les banquiers auraient dû en rester là.
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