Les investisseurs familiaux doivent-ils aussi miser sur la durabilité ?

Le développement durable est en vogue, y compris dans le secteur du private equity. Avec le temps, les critères ESG prendront sans doute une importance aussi grande que les résultats financiers. Les investisseurs familiaux doivent-ils aussi revoir leur stratégie ? Le point avec Vanessa Marquette et Nicolas Bertrand, associés du cabinet d’avocats Loyens & Loeff.

“Ces dernières années, les investisseurs familiaux font face à une situation de plus en plus complexe. “, lance Nicolas Bertrand, associé chez Loyens & Loeff. ” Les marchés financiers sont plus imprévisibles que jamais – offrant même des taux d’intérêt négatifs sur certains produits – et la fiscalité applicable aux investissements traditionnels s’est alourdie. Il suffit de penser à la taxe sur les comptes-titres,la contribution de solidarité – ou à la taxe sur les opérations de bourse, qui peuvent entamer les rendements de manière significative.” Il n’est dès lors pas surprenant de constater que de plus en plus d’investisseurs se tournent vers des investissements alternatifs de type private equity/venture capital pour faire fructifier le patrimoine familial.

Mais au-delà de ces évolutions, un autre mouvement est en cours, initié par de grands fonds d’investissement tels que Blackrock et Amundi. Ceux-ci optent de plus en plus souvent pour des investissements durables. “Cette tendance, apparue dès 2015, s’est surtout amplifiée depuis 2019, explique Vanessa Marquette, associée chez Loyens & Loeff. Le message du Nouvel An du CEO de Blackrock, Larry Fink, a probablement joué un rôle décisif à cet égard. Dans une lettre ouverte aux CEO, il a appelé les entreprises à miser davantage sur la durabilité et a annoncé que Blackrock investirait désormais davantage dans des entreprises durables.” Une décision logique au vu des études tendant à démontrer, sur le long terme, une meilleur rentabilité des entreprises qui investissent massivement dans la durabilité.

Nicolas Bertrand
Nicolas Bertrand

Critères ESG

Ces derniers temps, il est beaucoup question des critères ESG (c’est-à-dire Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui permettent d’évaluer le rôle du développement durable dans la stratégie d’une entreprise. Vanessa Marquette commente : ” Les entreprises obtenant de bons scores en matière d’ESG sur-performent sur le plan financier lorsque leur stratégie ESG se concentre sur des éléments qui impactent directement leurs activités, ce qui en accroît l’efficacité. De même, le souci de l’humain se traduit en règle générale par une plus forte attraction à l’égard des talents et par une fidélisation accrue du personnel”

Tout cela est très bien, mais en quoi cela concerne-t-il les investisseurs familiaux ? Les critères ESG entrent-ils également en ligne de compte dans le cadre de la stratégie d’investissement d’un patrimoine familial ? ” Absolument, répond Nicolas Bertrand. Il y a un véritable alignement entre les critères ESG et les valeurs portées par les investisseurs familiaux. Lorsqu’ils se tournent vers des investissements de type private equity/venture capital durables (de type impact investing), les investisseurs familiaux souhaitent soutenir des projets qui font sens et qui contribuent à un monde meilleur, tout en visant un rendement attrayant.”

” Qui plus est, la durabilité va encore gagner en importance dans les années à venir, à mesure que les objectifs de développement durable des Nations unies, l’accord de Paris sur le changement climatique et surtout le Green Deal européen se refléteront dans des législations destinées à privilégier les investissements durables “, ajoute Vanessa Marquette.

Vanessa Marquette
Vanessa Marquette

Greenwashing

L’associée de Loyens & Loeff reconnaît toutefois que, pour l’instant, les arbres cachent souvent la forêt. ” De nombreuses entreprises et de nombreux produits financiers sont labellisés ” durables ” mais en l’absence de critères objectifs et communs de durabilité, ces déclarations sont difficiles à vérifier. Pour lutter contre le greenwashing, le Parlement européen a adopté cet été le règlement “taxonomie”. Celui-ci détermine, secteur par secteur, quels sont les paramètres qui permettent d’affirmer qu’une activité est vraiment durable. Le règlement entrera en vigueur progressivement d’ici 2023. Il imposera des obligations de transparence qui aideront les investisseurs à évaluer la durabilité de leurs investissements, particulièrement sur le plan environnemental “.

Pour de tels investissements, le choix de la structure juridique et fiscale adéquate s’avère également crucial. La fiscalité applicable aux investissements dans des fonds de type private equity/venture capital est en principe plus attrayante que pour les investissements traditionnels, mais c’est bien souvent le type de véhicule d’investissement (pricaf privée, société en commandite spéciale à Luxembourg,…) qui déterminera la fiscalité applicable en pratique. Les fonds d’investissement ne répondront par ailleurs pas toujours aux souhaits des investisseurs familiaux, en raison de leur durée limitée. “Pour certains, investir de manière durable, c’est également investir à long terme, ce qui implique souvent la mise en place de véhicules dédiés.” Il est évident qu’opter pour de tels investissements implique la prise de toute une série de décisions. Mais cela ne doit nullement vous empêcher de franchir le pas…

Envie d’en savoir plus ?

Contactez Vanessa Marquette sur vanessa.marquette@loyensloeff.com ou Nicolas Bertrand sur nicolas.bertrand@loyensloeff.com ou visitez le site www.loyensloeff.be.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content