” Les entreprises familiales qui ont déjà pris en compte la gouvernance en retirent les bénéfices “

© Artur Eranosian

Trois quarts des entreprises belges sont contrôlées par une famille. Et à l’instar des autres acteurs de l’économie, ces entreprises familiales sont confrontées à de nombreux défis. Pour assurer leur croissance et leur développement futurs, une bonne gouvernance apparaît comme particulièrement importante. ” Les entreprises familiales qui ont déjà pris en compte la gouvernance dans leurs structures en retirent les bénéfices tant au niveau familial que pour leur entreprise “, estime Lutgart Van den Berghe du centre de connaissances Guberna.

Le monde dans lequel évoluent les entreprises se développe à un rythme effréné. Les défis sont multiples et souvent complexes. Prof. Dr. Lutgart Van den Berghe, directrice exécutive de Guberna, le centre de connaissances de la bonne gouvernance: ” D’une part, les entreprises sont confrontées à la globalisation et à la nécessité de prendre en compte la numérisation. Elles doivent s’adapter à de nouveaux besoins et à de nouveaux concurrents. D’autre part, les entreprises familiales doivent faire face à des défis spécifiques, sachant que de nombreuses entreprises belges seront confrontées à un changement de propriétaire suite au départ à la retraite de la génération du baby-boom.”

Les défis imposent une plus grande ouverture

Afin de relever ces défis, les entreprises familiales sont tenues de faire preuve d’une plus grande ouverture. ” Les entreprises familiales ont longtemps été renfermées et centrées sur elles-mêmes. Mais désormais, les défis imposent une grande ouverture d’esprit et de nouvelles compétences. Un regard extérieur sur les activités peut dès lors se révéler très enrichissant. Ainsi, recruter des externes tant dans le management qu’au sein du conseil d’administration peut apporter du sang neuf “, dixit Van den Berghe.

Cette ère nouvelle impose aux entreprises familiales de revoir leur organisation et leurs structures. ” Dans un premier temps, il est nécessaire de dégager une vision cohérente de propriétaire : quel est l’objectif recherché par les actionnaires ? Comment envisagent-ils la mission de l’entreprise et quelle est leur stratégie à long terme ? Il s’agit là d’une première étape. Si la famille propriétaire s’accorde sur ces points, une structure peut être mise en place pour faire fonctionner correctement l’entreprise et la faire progresser. “

Prof. Dr. Lutgart Van den Berghe, directrice exécutive de Guberna.
Prof. Dr. Lutgart Van den Berghe, directrice exécutive de Guberna.© Artur Eranosian

Lutgart Van den Berghe : ” Une bonne structure est celle qui permet de prendre les bonnes décisions par les bonnes personnes au bon endroit. Dans une entreprise familiale, cela implique de définir les rôles entre la gestion courante de l’entreprise et la mission plus stratégique du conseil d’administration. La question est dès lors de savoir qui dispose des compétences nécessaires pour assurer la direction opérationnelle de l’entreprise et qui, au sein du conseil d’administration, réfléchit sur le long terme. Il faut donc disposer à plusieurs niveaux des profils adéquats. “

Les externes facilitent l’objectivisation

Pour les entreprises familiales, il peut s’agir là d’un processus très lourd sur le plan émotionnel. En effet, tant des intérêts familiaux que professionnels entrent en jeu. ” C’est précisément la raison pour laquelle il est important d’impliquer des externes. Ceux-ci aideront à aborder les dossiers sous un angle critique et à objectiver les décisions “, poursuit Lutgart Van den Berghe. ” Nous constatons d’ailleurs chez Guberna qu’un nombre croissant d’entreprises familiales s’intéressent à cette problématique. Nous recevons en effet toujours plus de questions à ce sujet. “

Il est important d’impliquer des externes. Ceux-ci aideront à aborder les dossiers sous un angle critique et à objectiver les décisions.

La réalité montre que le nombre d’externes dans les conseils d’administration d’entreprises familiales est en augmentation et que certaines familles désignent même un président externe. ” Nous avons déjà fait pas mal de chemin. Plusieurs grandes entreprises familiales font désormais office de modèle. Je songe notamment à La Lorraine Bakery Group, Reynaers Aluminium, Cosucra ou au Groupe Eloy “, explique toujours Lutgart Van den Berghe. ” Il s’agit d’une évolution qu’il ne faut pas sous-estimer dans la mesure où les dirigeants d’entreprises familiales observent volontiers ce que font leurs collègues et s’en s’inspirent. “

Besoin de sensibilisation

Il n’empêche que Guberna constate la nécessité d’une plus grande sensibilisation autour de la gouvernance. ” Il est incontestable que les entreprises non-cotées en Bourse de notre pays s’intéressent davantage à la bonne gouvernance depuis une dizaine d’années. D’ailleurs, la Belgique a été en son temps le premier pays d’Europe à avoir promulgué des recommandations à ce sujet dans le cadre du Code Buysse. Cela étant, force est également de reconnaître qu’il existe encore de très nombreuses sociétés familiales qui ne connaissent que trop peu ce thème important et la manière de dégager de la valeur ajoutée d’une gouvernance structurée et de qualité “, conclut Lutgart Van den Berghe.

Regardez ici la vidéo avec Lutgart Van den Berghe:

Guberna collabore au Forum Family Business Governance que BNP Paribas Fortis organisera le 25 octobre à Bruxelles. Plus d’infos : www.bnpparibasfortis.be/familygovernance

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