Le mea culpa indirect de WhatsApp et Spotify

Amid Faljaoui, Rédacteur en chef de Trends-Tendances

Bonne nouvelle : WhatsApp et Spotify, deux applications très utilisées dans le monde entier, ont décidé d’être éthiquement plus responsables. Spotify, le site de streaming musical a décidé de donner aux utilisateurs la possibilité de bloquer un artiste. Exactement comme vous pouvez bloquer, sur votre téléphone, un correspondant que vous ne voulez plus entendre. Cette nouvelle fonctionnalité, bien qu’elle soit encore en phase de test pour le moment répond à une demande du public, selon Le Figaro. Cette demande a démarré après la polémique déclenchée par R. Kelly, le célèbre chanteur de R&B accusé d’abus sexuels sur des mineures d’âge.

WhatsApp, l’une des applications les plus utilisées au monde, a décidé de lutter contre les rumeurs, les fausses informations et les arnaques.

Quasi au même moment, WhatsApp, l’une des applications les plus utilisées au monde, a décidé, de son côté, de lutter contre les rumeurs, les fausses informations et les arnaques. Pour tenter de freiner la propagation de ces fake news et autres théories du complot, il ne sera bientôt plus possible de transférer un message à plus de cinq destinataires (au lieu de 20 aujourd’hui). La raison de cette limitation est à chercher en Inde. Avec plus de 200 millions d’utilisateurs, le sous-continent indien est le premier marché de WhatsApp. Or, ce pays connaît un très grave problème de désinformation en ligne directement lié à l’usage de WhatsApp. La police locale a recensé plus d’une vingtaine de lynchages de personnes victimes de propagations de fausses rumeurs et notamment des supposés vols d’enfants. Au Brésil aussi, l’élection présidentielle a été entachée de rumeurs et fausses informations propagées par WhatsApp.

La question qui vient toutefois à l’esprit est la suivante : pourquoi ne pas simplement censurer le contenu de ces messages s’ils sont faux ou mensongers ? Parce que ce n’est techniquement pas possible comme le rappellent mes confrères du Figaro : WhatsApp est une messagerie privée et même la direction n’a pas accès au contenu des échanges entre les utilisateurs. Tout est crypté de bout en bout. Seule solution : limiter le transfert des messages à cinq destinataires maximum. Bonne nouvelle, direz-vous ? Oui, mais avec un bémol, car le mieux est parfois l’ennemi du bien. Et cet adage est sans doute un bon résumé pour qualifier la toute nouvelle initiative de Facebook…

En effet, le premier réseau social mondial propose désormais à ses utilisateurs de défendre une cause qui leur est chère via une… pétition. Pareille fonctionnalité n’existe pour le moment qu’aux Etats-Unis, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne débarque en Europe. Vu de Sirius, cette fonctionnalité semble positive. C’est en tout cas ce qu’essaie de nous vendre Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. Après tout, n’est-ce pas une manière pacifique et démocratique d’interpeller les pouvoirs publics sur des sujets précis ? N’est-ce pas en droite ligne dans l’esprit actuel selon lequel les citoyens ont le pouvoir de changer les choses en défendant les causes qui leur tiennent à coeur ? Alors pourquoi s’inquiéter de cette nouvelle arme de communication numérique qu’est la pétition ? Mais parce que le diable se niche dans les détails.

D’abord, parce que la direction de Facebook n’est pas mue uniquement pas l’intérêt collectif. L’esprit de lucre n’est jamais loin. Rédiger une pétition et l’animer prend du temps, et cette nouvelle fonctionnalité va permettre d’augmenter le temps passé sur le réseau social. Bingo pour les annonceurs ! Et, cerise sur le gâteau, Facebook se rachète une image plus positive à bon compte.

L’autre raison qui inquiète mes confrères du quotidien suisse Le Temps, c’est que cette pétition est aussi une arme à double tranchant. D’abord, parce que si tout le monde se met à lancer des pétitions pour tout et n’importe quoi, ces pétitions perdront de leur intérêt. C’est le remake citoyen du ” trop d’infos tue l’info “. De plus, comme ces pétitions ne seront pas modérées, qui nous prouve que ces pétitions ne seront pas, elles aussi, manipulées par des puissances étrangères comme la Russie ou la Chine par exemple ? Poser la question, c’est y répondre…

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