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La Belgique battue par le Brésil
Il y a deux ans, la prime d’assurance contre la faillite de l’Etat brésilien était encore trois à quatre fois supérieure à celle de notre pays. Or la semaine passée, nous avons, pour la première fois dans l’histoire, dépassé le niveau du pays sud-américain.
Il y a deux ans, la prime d’assurance contre la faillite de l’Etat brésilien était encore trois à quatre fois supérieure à celle de notre pays. Or la semaine passée, nous avons, pour la première fois dans l’histoire, dépassé le niveau du pays sud-américain.
Le Brésil dispose d’atouts formidables. Avec une dette de 60 % et un déficit de 3 % du PIB, il remplit les critères de Maastricht. En outre, son économie est très verte : l’éthanol et la force hydraulique fournissent la plus grande partie de son énergie alors que le pays possède plus de réserves pétrolières que l’Europe tout entière. Sans le Brésil, nous ne pourrions même pas commencer la journée car c’est aussi le plus grand producteur mondial de cet autre or noir : le café. De plus, sa population est jeune et en croissance et il organisera la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques en 2016.
Face à tous ces atouts macro-économiques, la Belgique d’aujourd’hui n’a pas grand-chose à faire valoir. Il n’est donc pas étonnant que les investisseurs jugent la qualité du Brésil supérieure à celle de notre pays.
La population belge n’est pas inquiète mais les investisseurs, oui
Tandis que la qualité du Brésil s’améliore, la qualité de la dette belge se dégrade. Une étude récente de l’OCDE a montré que le sauvetage des banques belges a requis une garantie d’une valeur égale à 26 % du PIB (*). Or, la transparence de ce cautionnement qui nous pend au-dessus de la tête est très faible. Peut-être parce que si elle était plus grande, un certain nombre d’habitants du royaume s’en inquiéteraient « inutilement ».
Mais si la population n’est pas inquiète, les investisseurs, eux, le sont, comme le montre la hausse de la prime des CDS – credit default swaps, c’est-à-dire l’assurance qui permet de se couvrir contre la faillite d’un Etat – relatifs à la dette belge. Les méchants spéculateurs seront certainement montrés du doigt comme si eux seuls se faisaient du souci à propos des 25 milliards d’euros (ou sont-ce déjà 28 milliards d’euros ?) – et de la politique de l’autruche autour de cela – d’économies indispensables.
Tandis qu’en Allemagne, on diminue les allocations familiales et qu’en France, on compte retarder l’âge de la retraite – dans ces pays, on veut vivre selon ses moyens – en Belgique, on fait croire à la population que personne ne sera appauvri par les efforts budgétaires.
Eviter la défaite contre le Mexique
Pourtant, un jour ou l’autre, quelqu’un devra admettre que nous sommes déjà en train de nous appauvrir depuis des années. Les emplois qualitatifs disparaissent dans le secteur manufacturier et ont aussi été perdus suite à la crise bancaire. La Belgique n’a ni réserves naturelles, ni réserves pour les pensions. Nous voulons laisser les frais de santé croître de 4,5 % au-dessus du taux de l’inflation alors que la croissance économique s’élèvera à un tiers de ce pourcentage dans les prochaines années !
Lorsqu’on aligne tous ces éléments, il est surprenant que la prime d’assurance de la Belgique ne soit pas beaucoup plus élevée que celle du Brésil. « Mieux » encore : si à la fin de l’année, la prime d’assurance belge reste inférieure à celle du Mexique, ce sera un grand succès.
(*)OECD Journal : Financial Market Trends, Volume 2010, Issue 1 © OECD 2010.
Réactions : trends@econopolis.be
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