Pétrole: la Chine et l’Inde sont devenus les principaux clients de Moscou

Le président chinois Xi Jinping
Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping. © Belga

Un an après l’invasion russe de l’Ukraine, les flux mondiaux de pétrole comptent désormais avec l’Inde, qui s’approvisionne en brut bon marché en provenance de Russie avant de le raffiner et l’exporter vers l’ouest.

New Delhi a résisté aux pressions occidentales visant à assécher les sources de revenus de Moscou et a, au contraire, renforcé ses liens commerciaux avec son vieil allié, parvenant à faire des économies substantielles et, en parallèle, à maintenir l’inflation du pays sous contrôle. 

Russie, premier fournisseur de brut à l’Inde

L’Inde est le troisième consommateur mondial de pétrole brut, après les Etats-Unis et la Chine, et importe 85% de ses besoins. Ses fournisseurs traditionnels se trouvaient au Moyen-Orient, mais aujourd’hui la Russie a pris la première place. La Chine et l’Inde sont devenus les principaux clients de Moscou.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’Inde a importé en mars un nombre record de 1,62 million de barils de pétrole russe par jour, soit 40% de ses importations contre 70.000 baril/jour, soit 1% avant la guerre. 

Mercredi, le géant russe de l’énergie Rosneft a annoncé un accord visant à “augmenter considérablement” les livraisons au groupe pétrolier publique Indian Oil Company, à la suite d’une visite en Inde du PDG Igor Setchine. 

Rosneft n’a pas précisé le montant du contrat signé, ni les volumes décidés dans le cadre de cet accord.

Le carburant moins cher pour les Indiens

L’Inde a économisé 3,6 milliards de dollars en important du pétrole brut russe à prix réduit au cours des 10 mois qui ont suivi le début de la guerre en Ukraine, avait déclaré un député indien en décembre. 

Selon les traceurs de fret d’énergie, l’Inde importe du pétrole brut russe de l’Oural à un prix bien inférieur aux 60 dollars par baril, un prix plafond fixé par les pays du G7 en décembre. 

“En tant que troisième pays consommateur de pétrole et de gaz, pays consommateur dont les niveaux de revenus ne sont pas très élevés, nous avons l’obligation fondamentale de veiller à ce que les Indiens aient le meilleur accès possible aux conditions les plus avantageuses des marchés internationaux”, avait expliqué le ministre indien des Affaires étrangères, S. Jaishankar, à Moscou en novembre. 

L’Inde, quatrième raffineur au monde

L’Inde compte 23 raffineries de pétrole, dont plus de la moitié sont réparties le long de son vaste littoral, traitant 249 millions de tonnes de pétrole par an, faisant du pays le quatrième raffineur au monde. 

Reliance Industries, appartenant au magnat Mukesh Ambani, plus grosse fortune d’Asie, détient la plus grande raffinerie du monde dans l’Etat occidental du Gujarat, où les achats de pétrole russe à prix réduit se sont intensifiés depuis l’an dernier. 

Près de la moitié du pétrole importé par Reliance et Nayara, deuxième raffineur indien et détenu à 49% par Rosneft, est d’origine russe d’après les données de Vortexa, cabinet d’analystes du marché de l’énergie.

Cap à l’ouest

Une grande partie du pétrole raffiné en Inde est destinée au marché local, mais le pétrole russe bon marché a permis au géant asiatique de devenir aussi un important fournisseur d’essence et de diesel aux pays occidentaux, Europe en tête. 

Les exportations indiennes de produits pétroliers vers l’Union européenne ont augmenté de 20,4 % en glissement annuel entre avril et janvier, pour atteindre 11,6 millions de tonnes, selon le quotidien Indian Express, qui précise que les raffineurs indiens bénéficient de “marges robustes”. 

Cette pratique, malgré les sanctions qui frappent Moscou, n’est pas contraire aux règles de l’Union européenne, car les produits raffinés ne sont pas déclarés comme étant d’origine russe. 

Difficile de “vivre sans pétrole russe”

Elle permet également à l’Union européenne d’éviter les problèmes d’approvisionnement alors que les consommateurs souffrent déjà de l’inflation.

“Le monde aura beaucoup de mal à vivre sans pétrole russe”, a déclaré à l’AFP David Wech, économiste en chef au sein de Vortexa, estimant que cela entraînerait une “profonde récession”. 

Et malgré le rôle de l’Inde, les gains d’exportation de la Russie sont largement amputés par les coûts supplémentaires et les difficultés logistiques engendrés pour expédier le brut par tanker à l’autre bout du monde. 

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